Tesla sous enquête au Canada en 2025 après un rush de 8 700 subventions

Le marché canadien de la mobilité électrique, longtemps vu comme un terrain fertile pour les innovations et les politiques écologiques, traverse une crise inédite. En janvier 2025, une série de décisions de Tesla a provoqué un séisme réglementaire, révélant des failles dans les mécanismes de subvention publique et soulevant des questions sur l’éthique des pratiques commerciales dans un secteur stratégique. Ce n’est plus seulement une affaire de chiffres ou de quotas : c’est un débat sur la confiance, la transparence et l’avenir d’une transition énergétique collective. À travers témoignages, analyses et conséquences concrètes, plongeons dans les ramifications d’un événement qui pourrait redéfinir les règles du jeu pour tous les acteurs de l’automobile au Canada.

Comment Tesla a-t-elle exploité la faille des subventions publiques ?

Le début de l’année 2025 a vu Tesla déposer près de 8 700 demandes de subventions en l’espace de trois jours, un rythme sans précédent. Cette accélération massive a vidé l’enveloppe budgétaire prévue pour plusieurs mois. Le cas le plus frappant s’est produit à Québec, où un seul concessionnaire a enregistré plus de 4 000 ventes en deux jours, réclamant 20 millions de dollars canadiens. Pour mettre cela en perspective, cela revient à vendre deux véhicules par minute, sans pause, jour et nuit.

Cette manœuvre n’était pas accidentelle. Tesla avait ajusté le prix du modèle Y de quelques centaines de dollars pour le rendre éligible aux aides publiques, une modification technique mineure mais stratégique. Ce changement a permis de soumettre des demandes rétroactives, ouvrant la porte à un traitement en masse de transactions passées. Alors que certains observateurs, comme le professeur de droit fiscal Élias Thibault de l’Université Laval, estiment que « techniquement, Tesla n’a pas violé la lettre de la loi », d’autres, comme la journaliste économique Nora Bensalem, y voient « une manipulation systémique, une course au cash avant que les règles ne changent ».

Ce qui inquiète particulièrement les autorités, c’est l’absence de dialogue préalable. Aucun représentant de Tesla n’a contacté les agences gouvernementales pour expliquer cette vague de demandes. « Ils ont joué sur le système sans prévenir », confie un fonctionnaire anonyme du ministère des Transports, « comme s’ils savaient que plus personne ne pourrait dire non une fois les dossiers déposés. »

Quelle a été la réaction du gouvernement canadien ?

La réponse du gouvernement n’a pas tardé. Fin janvier, Ottawa a suspendu tous les paiements à Tesla, représentant un total de 43,2 millions de dollars canadiens. Cette mesure, sans précédent, vise à permettre une vérification rigoureuse de la légitimité des transactions avant tout déblocage de fonds. Chrystia Freeland, ministre des Transports, a été claire : « Tant que les tarifs douaniers américains pénalisant nos exportations demeureront, Tesla ne bénéficiera d’aucun programme de subvention au Canada. »

Cette décision n’a pas seulement affecté Tesla. Elle a des répercussions en cascade sur l’ensemble du marché. Ford, par exemple, qui comptait sur des subventions similaires pour ses nouveaux modèles électriques, voit ses projets ralentis. « Nous avons perdu plusieurs mois de planification », déplore Julien Mercier, directeur des opérations chez Ford Canada. « Et surtout, nos concessionnaires partenaires attendaient ces remboursements pour relancer leurs investissements. »

Les concessionnaires indépendants, souvent plus petits et moins résilients, sont particulièrement fragilisés. Léa Dufresne, propriétaire d’un réseau de vente de véhicules électriques à Montréal, témoigne : « Nous avions misé sur l’équité des aides. Mais quand une multinationale peut absorber 80 % des fonds en trois jours, cela ne laisse rien aux autres. C’est une course que nous ne pouvons pas gagner. »

Quels sont les impacts concrets pour Tesla au Canada ?

Depuis la suspension des aides, Tesla traverse une période de turbulence. Plusieurs provinces — la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard et le Manitoba — ont retiré l’entreprise de leurs programmes d’incitation locaux. Ces décisions, coordonnées, montrent une perte de confiance progressive envers la marque américaine.

Les ventes de Tesla ont chuté de 70 % en janvier 2025, un effondrement brutal dans un marché en croissance constante. « On sentait que quelque chose clochait », raconte Thomas Lin, ingénieur à Vancouver et ancien client fidèle de Tesla. « J’ai annulé ma précommande du modèle 3 après avoir lu les articles sur les subventions. Je ne veux pas que mes impôts servent à enrichir une entreprise qui ne respecte pas les règles du jeu. »

Tesla, pour sa part, minimise les accusations. Dans un communiqué interne obtenu par des sources proches de l’entreprise, un responsable canadien affirme que « les demandes de janvier étaient le résultat d’un retard administratif accumulé depuis des mois, et non d’une stratégie agressive ». Toutefois, l’absence de communication proactive avec les autorités canadiennes a été perçue comme un manque de respect. « On ne peut pas traiter un pays comme un simple marché à exploiter », insiste Nora Bensalem. « Le Canada attend des partenariats, pas des prises de contrôle silencieuses. »

Quelles sont les conséquences pour l’industrie des véhicules électriques au Canada ?

L’affaire Tesla a mis en lumière les faiblesses structurelles des programmes de subvention. Conçus pour accélérer l’adoption des véhicules électriques, ces dispositifs se révèlent vulnérables à des stratégies d’optimisation agressive. « Ce n’était qu’une question de temps avant qu’un acteur ne pousse le système à ses limites », analyse Élias Thibault. « Tesla l’a fait, mais demain, ce pourrait être n’importe quelle autre entreprise. »

Pour autant, cette crise ouvre des opportunités. Des constructeurs comme Hyundai, Volkswagen et Polestar, qui n’ont pas cherché à exploiter les failles, voient leur crédibilité renforcée. « Nous avons toujours attendu que les dossiers soient complets avant de les soumettre », affirme Amélie Roy, responsable des politiques publiques chez Hyundai Canada. « Ce n’est pas seulement une question de respect des règles, mais de respect des citoyens. »

Le marché canadien, qui comptait sur une croissance de 25 % des ventes de véhicules électriques en 2025, pourrait ralentir temporairement. Mais la demande réelle des consommateurs reste forte. Une enquête menée par l’Institut de recherche sur les transports durables montre que 68 % des Canadiens sont toujours favorables à l’achat d’un véhicule électrique, à condition que les aides soient distribuées équitablement. « Ce que les gens rejettent, ce n’est pas la voiture électrique, c’est l’impression d’être manipulés », résume Léa Dufresne.

Quel avenir pour Tesla au Canada ?

Pour regagner sa place, Tesla devra faire bien plus que présenter des excuses. Elle devra repenser sa relation avec les institutions publiques. « Le modèle du disrupteur solitaire ne fonctionne plus », estime Julien Mercier. « Dans un domaine comme la transition énergétique, la collaboration est essentielle. »

Des voix s’élèvent pour demander une révision complète des critères d’éligibilité aux subventions. L’idée d’un plafond par entreprise, ou d’un système de quotas progressifs, gagne du terrain. « Il faut éviter que l’un prenne tout au détriment des autres », plaide Élias Thibault. « Sinon, on encourage non pas l’innovation, mais l’astuce comptable. »

Le gouvernement canadien a annoncé qu’il présentera de nouvelles directives d’ici juin 2025. En attendant, Tesla reste en suspens. Ses concessionnaires continuent de vendre, mais sans les aides publiques, la compétitivité de ses prix s’effrite. « Avant, on disait que la voiture électrique, c’était l’avenir », confie Thomas Lin. « Aujourd’hui, on se demande si c’est aussi une affaire de justice. »

A retenir

Qu’a fait Tesla pour obtenir des subventions massives ?

Tesla a ajusté le prix du modèle Y pour le rendre éligible aux aides publiques, puis a soumis près de 8 700 demandes en trois jours, dont certaines rétroactives. Cette stratégie a permis de capter la majorité des fonds disponibles en un temps record, exploitant une faille dans le système de traitement des dossiers.

Pourquoi le gouvernement canadien a-t-il suspendu les paiements à Tesla ?

Le gouvernement a suspendu 43,2 millions de dollars de paiements pour vérifier la régularité des transactions. Cette décision fait suite à des soupçons de manipulation du système de subvention et s’inscrit dans un contexte de tensions commerciales avec les États-Unis, notamment sur les tarifs douaniers.

Quels constructeurs sont touchés par cette crise ?

Bien que Tesla soit au cœur du scandale, d’autres constructeurs comme Ford sont impactés indirectement, car leurs programmes d’aide sont également gelés ou revus. Les concessionnaires indépendants, qui dépendent fortement des subventions, font face à des difficultés financières croissantes.

Les ventes de véhicules électriques au Canada sont-elles menacées ?

La demande des consommateurs reste forte, mais la crise Tesla a ralenti temporairement la dynamique du marché. La confiance dans les mécanismes d’aide publique est ébranlée, et une réforme des subventions est attendue pour garantir une répartition plus équitable.

Que doit faire Tesla pour se rétablir au Canada ?

Tesla devra entamer un dialogue transparent avec les autorités, respecter les cadres réglementaires et peut-être accepter des limitations sur les volumes de demandes. Regagner la confiance passera par des actes concrets de collaboration, et non par des stratégies d’optimisation agressive.