Une tour imprimée en 3D pour révolutionner l’architecture durable en Suisse dès 2025

En plein cœur de la Suisse, une tour de 30 mètres vient de s’élever dans le paysage architectural, non pas par la force des grues ou des pelleteuses, mais grâce à la précision silencieuse d’une imprimante 3D. L’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH Zurich) a inauguré une structure inédite, à la fois œuvre d’art, laboratoire vivant et espace culturel. Ce projet, à la croisée de l’innovation technologique et de la responsabilité écologique, interroge autant qu’il inspire. Comment une simple tour peut-elle incarner une révolution dans la construction ? Et surtout, qu’annonce-t-elle pour l’avenir de nos villes, de notre rapport à l’environnement et à la culture ? À travers les yeux d’architectes, de citoyens et de chercheurs, plongeons dans cette aventure qui redéfinit les contours de l’architecture durable.

Comment l’impression 3D redéfinit-elle la construction moderne ?

Le béton, longtemps roi des chantiers urbains, est aujourd’hui sous le feu des critiques. Responsable d’environ 8 % des émissions mondiales de CO₂, son extraction et sa fabrication pèsent lourd sur l’équilibre climatique. C’est contre ce constat que l’ETH Zurich a choisi de se rebeller, non pas en abandonnant le béton, mais en le repensant. La tour, imprimée en 3D, utilise un système de coulage précis, couche par couche, qui réduit la quantité de matériau de près de 40 % par rapport à une construction classique. Ce n’est pas une simple économie, c’est une transformation de la logique même du bâti.

Le professeur Léonard Vauthier, chercheur en matériaux à l’ETH, explique : « L’impression 3D nous permet de ne déposer du béton que là où il est nécessaire. On passe d’un mode massif à un mode intelligent. Chaque filament est calculé, optimisé. Ce n’est plus de la construction, c’est de l’ingénierie de précision. » Ce changement de paradigme ne se limite pas à la matière. Il touche aussi au temps. Là où un bâtiment similaire aurait demandé des mois de travail, la tour de Zurich a vu ses éléments préfabriqués sortir des imprimantes en quelques semaines seulement.

Quels sont les bénéfices concrets de cette technologie ?

Une réduction drastique du gaspillage

Traditionnellement, la construction génère d’énormes quantités de déchets : surplus de matériaux, erreurs de coupe, structures surdimensionnées. Avec l’impression 3D, ces pertes sont presque éliminées. Le logiciel qui pilote l’imprimante calcule chaque trajectoire, chaque épaisseur, en fonction des contraintes physiques réelles. Résultat : un gain à la fois environnemental et économique.

Camille Reymond, architecte associée au projet, témoigne : « On a pu réaliser des formes organiques, presque vivantes, que les coffrages traditionnels n’auraient jamais permises. Et tout cela sans gaspiller une goutte de béton. C’est comme sculpter avec de la matière intelligente. »

Une liberté de conception inédite

La tour de Zurich n’est pas rectiligne. Elle ondule, s’élargit, se rétrécit, comme si elle respirait. Cette fluidité architecturale, impossible à réaliser avec des moules en bois ou en métal, devient réalité grâce à la robotique d’impression. Les architectes peuvent désormais penser l’espace en trois dimensions dynamiques, sans se soucier des contraintes industrielles du passé.

Cette liberté sert aussi la fonction. L’intérieur de la tour est conçu pour accueillir des expositions, des concerts, des conférences. Les parois intérieures intègrent des canaux pour les câbles, des niches pour l’acoustique, des supports intégrés pour les installations artistiques. Tout est pensé comme un seul organisme, imprimé d’un seul tenant.

Un processus de construction accéléré

Le temps, dans la construction, c’est de l’argent. Mais c’est aussi de la pollution. Plus un chantier dure, plus il consomme d’énergie, plus il perturbe l’environnement. L’impression 3D réduit ce temps de manière spectaculaire. Les éléments de la tour ont été fabriqués en usine, puis assemblés sur site en quelques jours. Aucun coffrage à monter, aucune armature à cintrer : la structure porteuse est imprimée avec ses renforts intégrés.

« C’est une rupture », affirme Elias Zbinden, chef de projet sur le site. « On passe d’un mode artisanal à un mode industriel ultra-précis. Et le plus beau, c’est que cette rapidité ne se fait pas au détriment de la qualité. Au contraire. »

Quel impact pour la société et la culture ?

Un lieu de rassemblement, pas seulement une structure

La tour n’est pas un monument muet. Elle est conçue pour vibrer, pour accueillir. Dès son inauguration, elle a hébergé une performance sonore immersive, où des artistes suisses ont utilisé les formes internes de la structure pour créer des jeux d’écho et de lumière. Un public varié — étudiants, habitants de Zurich, touristes — s’est pressé pour découvrir ce nouveau lieu.

« C’est rare qu’un bâtiment nous surprenne autant », confie Lila Meier, étudiante en arts visuels. « En entrant, j’ai eu l’impression de pénétrer dans une coquille vivante. L’acoustique, les courbes, la lumière… tout semble avoir été pensé pour l’émotion. »

Ce succès culturel n’est pas anodin. Il montre que l’architecture durable peut aussi être sensorielle, émotionnelle. Elle n’est pas condamnée à l’austérité. Au contraire, elle peut devenir un catalyseur de créativité.

Une pédagogie du futur

L’ETH Zurich a conçu la tour comme un outil pédagogique. Des visites guidées sont organisées pour les écoles, les universités, les professionnels du bâtiment. Des capteurs intégrés mesurent en temps réel la température, l’humidité, les contraintes structurelles. Ces données sont accessibles en ligne, permettant aux étudiants de suivre l’évolution du bâtiment comme s’il était un organisme vivant.

« On ne construit plus seulement pour abriter, on construit pour apprendre », souligne le professeur Vauthier. « Cette tour est un cours d’architecture, de physique et d’écologie en trois dimensions. »

Quels défis restent à surmonter pour généraliser cette innovation ?

Malgré ses succès, l’impression 3D en architecture n’est pas encore prête à remplacer les méthodes conventionnelles à grande échelle. Plusieurs obstacles persistent.

Le coût des équipements

Les imprimantes 3D industrielles capables de produire des éléments de construction sont encore très coûteuses. Leur amortissement nécessite des projets répétés, ce qui freine les petites entreprises ou les collectivités locales. Pour l’instant, seuls les grands instituts de recherche ou les promoteurs ambitieux peuvent se les offrir.

« Le coût initial est élevé, reconnaît Camille Reymond. Mais il faut penser au long terme. Moins de matériaux, moins de main-d’œuvre, moins de temps sur chantier : l’équation économique devient vite favorable. »

Les normes et la réglementation

Les codes du bâtiment, élaborés pour des structures en béton coulé ou en maçonnerie, ne prennent pas encore en compte les spécificités de l’impression 3D. La résistance, la durabilité, les joints entre éléments imprimés — tout cela doit être validé par des tests longs et coûteux.

« On construit l’avenir, mais on doit le faire avec des règles du passé », ironise Elias Zbinden. « C’est un peu comme conduire une Formule 1 sur une route conçue pour les chevaux. »

La perception du public

Pour certains, une maison imprimée en 3D évoque encore la science-fiction, ou pire, la précarité. L’idée que le béton imprimé serait moins solide que le béton traditionnel circule encore. Or, les tests menés sur la tour de Zurich montrent une résistance supérieure aux normes exigées.

« Il faut du temps pour que les gens fassent confiance à ce qui est nouveau », note Lila Meier. « Mais quand ils entrent dans la tour, ils changent d’avis. Ils touchent les murs, ils sentent la solidité. Et ils comprennent que c’est aussi beau que durable. »

Quel avenir pour l’architecture durable ?

La tour de Zurich n’est pas une utopie. C’est un prototype réussi, un signal envoyé au monde entier. Elle prouve que l’on peut construire autrement : plus léger, plus intelligent, plus beau. Mais elle ouvre aussi la voie à des questions plus vastes.

Et si nos villes futures étaient imprimées sur mesure, adaptées à leur climat, à leur population, à leur histoire ? Et si chaque bâtiment pouvait être unique, sans coûter plus cher ? Et si la construction devenait un processus circulaire, où les matériaux sont réutilisés, réimprimés, réinventés ?

L’ETH Zurich travaille déjà sur la suite : des logements imprimés en 3D, des ponts, des infrastructures urbaines. D’autres pays suivent : aux Pays-Bas, en France, aux Émirats arabes unis, des projets pilotes voient le jour. Chaque imprimante allumée est un pas vers un modèle de développement moins vorace, moins polluant.

« On est à un tournant », estime le professeur Vauthier. « Dans dix ans, on regardera en arrière et on se dira : c’est à ce moment-là que tout a changé. Pas parce qu’on a inventé une nouvelle machine, mais parce qu’on a changé notre façon de penser le bâti. »

A retenir

Quelle est l’innovation principale de la tour de Zurich ?

La tour, haute de 30 mètres, est entièrement construite à l’aide d’imprimantes 3D, ce qui permet de réduire significativement la quantité de béton utilisée. Cette méthode combine précision, durabilité et esthétique, tout en limitant l’impact environnemental.

Pourquoi l’impression 3D est-elle plus durable que la construction classique ?

Elle minimise le gaspillage de matériaux, optimise la consommation d’énergie pendant la construction et permet une intégration intelligente des fonctions (électricité, ventilation, structure). De plus, elle réduit les délais et les perturbations liées aux chantiers.

La tour est-elle seulement technique, ou a-t-elle une dimension culturelle ?

Elle est conçue comme un espace vivant, dédié aux événements culturels. Elle incarne une vision de l’architecture qui allie innovation technologique et ouverture au public, tout en sensibilisant aux enjeux écologiques.

Peut-on imaginer des villes entières construites en impression 3D ?

C’est une perspective réaliste à moyen terme. Les progrès techniques, les pressions écologiques et la demande de logements adaptés poussent l’industrie vers cette solution. Toutefois, des freins réglementaires, économiques et sociaux devront être levés.

Quel rôle joue l’ETH Zurich dans cette révolution ?

L’institution suisse est à la pointe de la recherche en matériaux et en robotique de construction. Elle agit à la fois comme laboratoire d’innovation, incubateur de projets et relais pédagogique, en formant les architectes et ingénieurs de demain.