La terre sous nos pieds n’est pas aussi immobile qu’il y paraît. Ces derniers mois, des secousses en France aux catastrophes à l’autre bout du monde, les tremblements de terre ont fait les gros titres. Mais que se passe-t-il réellement ? Entre perception médiatique et réalité géologique, faisons le point sur ces phénomènes qui sculptent notre planète depuis des millions d’années.
Y a-t-il vraiment plus de séismes aujourd’hui qu’autrefois ?
Sophie Valloire, sismologue à l’Institut de Physique du Globe, explique : « Nous détectons mieux les séismes, pas forcément qu’ils sont plus nombreux. En 1930, un séisme de magnitude 4.5 dans les Alpes passait inaperçu. Aujourd’hui, nos réseaux captent des secousses de magnitude 1 ! » Les médias amplifient aussi cette impression. Quand un tremblement de terre fait 10 morts en Europe, il fera la une, alors qu’un séisme similaire en Papouasie sera à peine mentionné.
Le paradoxe de la surveillance moderne
Avec 50 000 stations sismiques dans le monde contre à peine 200 dans les années 1960, notre oreille collée au sol est devenue hyper-sensible. « C’est comme si on découvrait soudain que notre maison craque toute la nuit alors que ça a toujours été le cas », image Marc-Antoine Leclerc, expert en risques naturels.
Où la terre tremble-t-elle le plus ?
La ceinture de feu du Pacifique reste l’autoroute des séismes, mais d’autres zones méritent attention.
Points chauds sous-estimés
L’Himalaya, où la plaque indienne enfonce sous l’Eurasie, accumule une énergie colossale. « On redoute un méga-séisme dans cette région d’ici 50 ans », confie Ang Tsering, géophysicien népalais. En Europe, la faille nord-anatolienne en Turquie et la zone bétique en Espagne font l’objet d’une surveillance accrue.
Pourquoi notre planète tremble-t-elle ?
Au-delà des plaques tectoniques, d’autres facteurs entrent en jeu.
L’effet domino géologique
« Un gros séisme peut déstabiliser des failles voisines pendant des années », explique Élodie Mercier, spécialiste des interactions sismiques. Le tremblement de terre de 2011 au Japon a ainsi modifié les contraintes sur des failles à 500 km de distance.
L’empreinte humaine
À Strasbourg, l’injection d’eaux usées dans le sous-sol a provoqué plus de 1 000 micro-séismes entre 2020 et 2022. « Nous avons dû revoir nos protocoles », reconnaît Jérôme Kieffer, responsable du projet géothermique.
Comment survivre à un séisme ?
Les conseils qui sauvent, loin des idées reçues.
Ce qu’il faut vraiment faire
« Contrairement à la croyance populaire, ne sortez pas pendant les secousses », insiste Lucie Chambert, formatrice en sécurité civile. « Mettez-vous près d’un mur porteur, protégez votre tête, et attendez que ça passe. »
Préparer son kit d’urgence
Théo Roussel, survivant du séisme de 2019 dans les Alpes, témoigne : « Avoir une lampe, des médicaments et de l’eau a fait la différence quand nous sommes restés bloqués 18 heures. »
Les bâtiments peuvent-ils vraiment résister ?
L’exemple japonais montre que oui, mais à quel prix ?
Les secrets des constructions parasismiques
« Nos immeubles utilisent des amortisseurs géants et des structures qui oscillent sans rompre », décrit Haruto Tanaka, ingénieur tokyoïte. Mais ces technologies coûtent 15 à 20% plus cher qu’une construction standard.
A retenir
Les séismes sont-ils plus fréquents ?
Non, nous les détectons simplement mieux. La Terre produit environ 500 000 séismes détectables par an depuis des millénaires.
Peut-on les prévoir ?
Pas précisément. La science peut identifier les zones à risque, mais pas donner de date exacte.
La France est-elle à l’abri ?
Absolument pas. Les Alpes, les Pyrénées et l’Alsace présentent des risques réels, comme l’a montré le séisme de Barcelonnette en 2022.
Que faire pendant un séisme ?
Rester à l’intérieur, se protéger sous un meuble solide et s’éloigner des fenêtres. Ne pas utiliser les ascenseurs.
Conclusion
Les tremblements de terre nous rappellent brutalement que nous vivons sur une planète vivante. Plutôt que de craindre une improbable « augmentation » des séismes, l’enjeu est d’apprendre à coexister avec ces phénomènes. Comme le résume Yasmine Kheddar, survivante du séisme d’Alger : « La terre tremblera toujours. À nous de devenir plus résilients. » Entre progrès technologiques et savoir-faire ancestral, l’humanité a commencé ce long apprentissage.