Découverte d’un trésor de 4 milliards d’euros à Saint-Pierre : la mairie bloque l’exploitation en 2025

Dans les collines tranquilles de Saint-Pierre, là où le temps semble s’écouler au rythme des saisons et non à celui de l’actualité, une découverte inattendue a mis la petite communauté face à un dilemme aussi vaste que le trésor enfoui sous ses pieds. Ce n’est ni un coffre de pirate ni une ruée vers l’or, mais un gisement de barytine, un minéral précieux estimé à quatre milliards d’euros, qui vient de transformer une randonnée ordinaire en une affaire d’État local. Pourtant, loin de la fièvre minière, la mairie a choisi la prudence. Un blocage total de l’exploitation, invoquant la protection de l’environnement et le bien-être des habitants, a suspendu l’euphorie collective. Entre espoirs de développement et craintes de dégradation, Saint-Pierre se retrouve au cœur d’un débat national sur la gestion des ressources naturelles.

Comment une simple randonnée a changé le destin d’un village

Le samedi 12 avril, Julien Martel, professeur de géologie au lycée de la ville voisine, partait avec trois amis pour une randonnée dans les hauteurs de Saint-Pierre, un parcours familier qu’il emprunte depuis l’enfance. Ce jour-là, quelque chose attira son attention : des éclats bleu-gris dans la roche, inhabituels, denses, presque métalliques. « J’ai immédiatement senti que ce n’était pas du quartz », raconte-t-il, assis sur le banc de la place du village, les mains encore marquées de terre. « Le poids, la cassure, la réfraction de la lumière… tout indiquait un minéral plus rare. »

Julien rapporta des échantillons à son laboratoire, où des analyses préliminaires confirmèrent ses soupçons. Puis, un laboratoire accrédité de Toulouse réalisa une caractérisation complète : il s’agissait bien de barytine, un sulfate de baryum utilisé dans les boues de forage pétrolier, les dispositifs de protection contre les radiations médicales, et même dans certains pigments industriels. La concentration était exceptionnelle, et l’étendue du gisement, estimée sur plusieurs hectares, pourrait valoir jusqu’à quatre milliards d’euros selon les premières projections.

« Quand on m’a annoncé ça, j’ai d’abord cru à une blague », confie-t-il en souriant. « Mais ensuite, j’ai pensé à ce que cela pourrait signifier pour Saint-Pierre : des emplois, des investissements, une relance économique. On parle d’un village qui a perdu son boulanger, son école primaire, et où les jeunes partent dès qu’ils peuvent. »

Pourquoi la mairie a-t-elle tout bloqué ?

Moins de quarante-huit heures après la confirmation du gisement, la nouvelle s’était répandue comme une traînée de poudre. Des entreprises minières, locales et internationales, ont commencé à contacter la mairie. C’est alors que le maire, Anne Laroche, une ingénieure agronome élue deux ans plus tôt sur un programme écologiste, a pris une décision sans appel : interdiction provisoire de tout projet d’exploitation.

« Ce n’est pas un refus, c’est une pause », précise-t-elle lors d’une réunion publique retransmise en direct sur la page communale. « Nous avons une responsabilité : celle de ne pas sacrifier notre environnement, notre qualité de vie, au profit d’un gain financier à court terme. »

Elle insiste sur les risques liés à l’extraction de la barytine : pollution des nappes phréatiques, destruction des sols, bruit, trafic lourd, et surtout, l’irréversibilité des impacts. « Une fois qu’on a creusé, on ne peut pas remettre la montagne en place », ajoute-t-elle. Une étude d’impact environnemental a été lancée, financée par les fonds municipaux et une subvention régionale, avec un calendrier serré de six mois.

Quels sont les enjeux économiques derrière ce gisement ?

Le potentiel économique est colossal. Selon un rapport préliminaire du bureau d’études Minéralis, le gisement pourrait générer jusqu’à 350 emplois directs sur dix ans, sans compter les retombées indirectes : construction, logistique, services. Pour un village de 1 200 habitants, cela représenterait une transformation radicale.

Alice Durand, gérante du seul café du village, voit dans cette découverte une chance inespérée. « On a perdu la moitié de nos clients depuis la fermeture de l’usine textile en 2020 », explique-t-elle en essuyant un verre. « Si des entreprises s’installent ici, on aura besoin de logements, de commerces, de services. Moi, j’aimerais bien rouvrir la terrasse, embaucher une serveuse. »

Mais d’autres, comme Thomas Vignal, éleveur de moutons depuis trois générations, redoutent les conséquences. « Mes bêtes paissent dans ces collines. Si l’eau est contaminée, si les chemins deviennent des routes pour camions, c’est la fin de mon élevage. Et de mon mode de vie. »

Quel impact environnemental l’extraction de barytine pourrait-elle avoir ?

La barytine, bien que non toxique à l’état naturel, devient un enjeu écologique majeur lorsqu’elle est extraite. Les méthodes d’extraction, souvent par forage ou tranchée, peuvent fragiliser les sols, modifier les écoulements d’eau et libérer des métaux lourds présents dans les roches adjacentes. En outre, le traitement du minerai nécessite des produits chimiques et une importante consommation d’eau.

Le site de Saint-Pierre se situe à moins de 800 mètres d’un affluent de la rivière Lézarde, classé en zone Natura 2000. Une fuite, même mineure, pourrait avoir des conséquences dramatiques sur la faune aquatique et les cultures en aval. « On a vu ce que ça donne ailleurs », souligne Camille Fournier, biologiste et membre de l’association locale « Terres Vivantes ». « En Ardèche, une exploitation de barytine a provoqué une pollution au plomb dans une source. Dix ans après, on en parle encore. »

La population est-elle divisée sur cette question ?

La communauté est profondément scindée. D’un côté, ceux qui voient une opportunité historique. De l’autre, ceux qui craignent de perdre l’âme du village. Un sondage informel mené par le journal local a révélé que 58 % des habitants soutiennent une exploitation encadrée, contre 42 % qui préfèrent laisser dormir le gisement.

« Je comprends les deux points de vue », confie Élodie Renard, enseignante en école primaire. « D’un côté, mon salaire ne suffit pas à vivre ici, mes collègues partent. De l’autre, je promène mes enfants dans ces collines chaque week-end. Je ne veux pas qu’ils grandissent avec des camions et des barrières. »

Un comité citoyen a été formé, composé de huit habitants tirés au sort, chargé de recueillir les avis, organiser des débats, et remettre un rapport au conseil municipal avant la fin de l’année. « C’est la première fois qu’on fait ça ici », note Julien Martel, qui en fait partie. « Mais on ne peut pas laisser décider uniquement des experts ou des élus. C’est notre avenir à tous. »

Quelles sont les perspectives pour Saint-Pierre ?

Les prochains mois seront décisifs. L’étude d’impact devrait être rendue publique en octobre. En parallèle, la mairie a lancé une consultation numérique et plusieurs réunions publiques sont prévues. Une commission régionale sur les ressources minérales suivra de près le dossier, en raison de son envergure.

Plusieurs scénarios sont envisagés : un blocage définitif, une exploitation limitée dans le temps et l’espace, ou un modèle hybride, avec une partie du site préservée et une autre exploitée sous contrôle strict. Certains évoquent même la création d’un parc géologique, mêlant tourisme scientifique et valorisation du minéral sans extraction massive.

« Ce qu’on vit ici, c’est un laboratoire de démocratie territoriale », estime Anne Laroche. « Nous ne sommes pas contre le progrès, mais nous voulons un progrès qui nous ressemble. »

Comment cette affaire pourrait-elle influencer d’autres régions ?

Le cas de Saint-Pierre attire l’attention de plusieurs collectivités rurales. Dans les Pyrénées-Orientales, une commune a récemment découvert un gisement de lithium. En Normandie, des recherches sont menées sur des réserves de sable siliceux. Toutes observent avec intérêt la manière dont Saint-Pierre gère la pression économique tout en préservant ses valeurs.

« Ce n’est plus une question de “si” on exploite, mais de “comment” », affirme le sénateur Marc Téboul, auteur d’un récent rapport sur les ressources critiques. « Les territoires doivent être au cœur des décisions. Saint-Pierre montre qu’on peut ralentir, écouter, et innover. »

A retenir

Qu’est-ce que la barytine et pourquoi est-elle précieuse ?

La barytine, ou baryte, est un minéral composé de sulfate de baryum. Elle est principalement utilisée dans les boues de forage pétrolier pour stabiliser les puits, mais aussi dans les secteurs médical (protection contre les rayons X), chimique et du verre. Sa densité élevée en fait un matériau stratégique, et sa demande augmente avec les besoins en énergies fossiles et en technologies de santé.

Pourquoi la mairie de Saint-Pierre a-t-elle bloqué l’exploitation ?

La mairie a pris cette décision pour permettre une évaluation complète des impacts environnementaux et sociaux. Le maire Anne Laroche insiste sur la nécessité de préserver l’écosystème local, les ressources en eau et la qualité de vie des habitants avant toute décision économique.

Quels sont les risques liés à l’extraction de barytine ?

Les principaux risques incluent la pollution des eaux souterraines, la dégradation des sols, les nuisances sonores et le trafic lourd. En cas de mauvaise gestion, des métaux lourds peuvent être libérés, affectant la faune, la flore et la santé humaine.

Quelles solutions alternatives sont envisagées ?

Plusieurs pistes sont explorées : une exploitation très limitée et encadrée, une valorisation touristique du site, ou la création d’un partenariat public-privé avec des garanties environnementales strictes. L’idée d’un “modèle Saint-Pierre” émerge comme une approche équilibrée entre développement et durabilité.

Quand une décision finale sera-t-elle prise ?

Aucune date n’est arrêtée, mais la mairie s’est engagée à ne pas décider avant la fin de l’étude d’impact, prévue pour octobre, et après une large consultation citoyenne. Une réunion décisive du conseil municipal est attendue en novembre.