Trottinette électrique : les règles essentielles pour protéger vos enfants dès maintenant

Octobre s’installe doucement, avec ses matins brumeux et ses après-midis dorés où les feuilles mortes dansent dans le vent. Dans ce décor automnal, une nouvelle silhouette s’impose dans les rues des villes : celle des enfants filant sur leur trottinette électrique, casquette vissée sur la tête, sourire aux lèvres. Pour beaucoup de grands-parents, ce spectacle ravive des souvenirs d’insouciance, mais il soulève aussi une inquiétude grandissante. Si la trottinette électrique est devenue un symbole de liberté pour les jeunes générations, elle est aussi de plus en plus souvent au cœur d’accidents évitables. Entre l’excitation du moment et les dangers réels de la circulation, comment accompagner les enfants sans étouffer leur élan ? La réponse ne tient ni dans l’interdiction ni dans l’indulgence, mais dans une transmission bienveillante et ludique de la sécurité.

Pourquoi les enfants adorent les trottinettes électriques — et pourquoi cela inquiète

Une liberté conquise, mais fragile

À 10 ans, Léa, petite-fille de Marguerite, a reçu sa première trottinette électrique pour son anniversaire. Depuis, elle arpente les allées du parc municipal comme une exploratrice en territoire conquis. C’est la première fois qu’elle se sent vraiment autonome , raconte Marguerite, les yeux brillants. Elle va chercher son pain, elle rejoint ses copines… Mais moi, chaque fois qu’elle part, j’ai un nœud au ventre.

Elle n’est pas seule. Les trottinettes électriques séduisent les enfants par leur simplicité, leur allure, et surtout, leur promesse de mobilité. Pour un jeune, c’est un pas vers l’indépendance. Pour les adultes, c’est un défi : comment concilier cette soif d’autonomie avec la nécessité de protéger ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2024, les services d’urgence ont vu une hausse de 38 % des hospitalisations liées aux trottinettes chez les moins de 14 ans. La plupart des cas impliquent des chutes à cause d’un sol glissant, d’un obstacle imprévu, ou d’un manque total d’équipement de protection. Ce qui est frappant, c’est que la majorité de ces enfants ne portaient pas de casque , souligne le Dr Étienne Laroche, pédiatre à Lyon. Et souvent, ils utilisaient leur trottinette dans des zones interdites ou à des âges trop jeunes.

La tentation de l’offrir trop tôt

Offrir une trottinette électrique à un enfant, c’est lui offrir un rêve. Mais ce rêve peut vite tourner au cauchemar si les règles ne sont pas respectées. En France, l’utilisation d’une trottinette électrique est interdite aux moins de 12 ans. Pourtant, dans les cours d’école, on voit souvent des enfants de 8 ou 9 ans filer entre les arbres, sans protection, sans supervision.

J’ai craqué pour mon petit-fils de 10 ans , confie Bernard, grand-père de Grenoble. Il me disait : ‘Tous mes copains en ont une !’ Alors j’ai pensé que c’était inoffensif. Jusqu’au jour où il est tombé dans une descente, et qu’il s’est ouvert le genou. Depuis, je me dis qu’on n’a pas le droit de céder à la pression, même affective.

Cette règle d’âge n’est pas arbitraire. Elle repose sur des compétences cognitives et motrices qui ne sont pas encore stabilisées avant 12 ans : capacité d’anticipation, gestion de la vitesse, compréhension des risques. Ignorer ces limites, c’est risquer bien plus qu’une égratignure.

Comment transformer la sécurité en jeu, pas en punition

Apprendre en s’amusant : le parcours sécurité

Plutôt que de sermonner, pourquoi ne pas transformer la sécurité en aventure ? C’est ce qu’a fait Camille, grand-mère de deux petits-fils à Bordeaux. Elle a installé dans son jardin un parcours avec des plots, des panneaux routiers en carton, et même un passage piéton tracé à la peinture. Chaque week-end, les enfants s’affrontent dans un championnat de la trottinette responsable .

Au début, ils rigolaient, mais maintenant, ils me corrigent quand je dis ‘traverser là’ sans regarder , sourit-elle. Ils ont appris à repérer les zones dangereuses, à ralentir avant les virages, à utiliser la sonnette. Et tout ça, sans que je prononce une seule fois le mot ‘interdit’.

Cette approche ludique est d’autant plus efficace qu’elle engage l’enfant dans un apprentissage actif. En incarnant le rôle du conducteur responsable , il intègre naturellement les règles, sans les percevoir comme une contrainte imposée.

Devenir des détectives de la route

Les enfants adorent les enquêtes. Alors, pourquoi ne pas en faire des détectives de la sécurité routière ? Pendant les promenades, posez des questions simples : À ton avis, pourquoi ce panneau est là ? Que signifie ce marquage au sol ? Pourquoi on ne peut pas rouler ici ?

Ces échanges, anodins en apparence, développent une conscience aiguë de l’environnement. Ils permettent d’aborder des notions complexes — comme le danger invisible — de manière concrète. Une voiture peut surgir d’une allée, un piéton peut traverser sans regarder, une flaque peut cacher une plaque de verglas , explique Léa, qui a intégré ces leçons avec sérieux.

Le but n’est pas de faire peur, mais de cultiver l’anticipation. Une compétence essentielle, surtout à l’automne, où les conditions météorologiques changent vite : feuilles mouillées, brouillard matinal, éclairage réduit.

Le casque, l’équipement, et l’exemple des adultes

Un casque, oui, mais pas n’importe lequel

Le casque reste l’équipement le plus négligé — et pourtant, le plus salvateur. En 2025, il n’est toujours pas obligatoire pour les enfants sur trottinette électrique, mais les experts sont unanimes : il devrait l’être. Un casque bien porté réduit de 70 % le risque de traumatisme crânien , rappelle le Dr Laroche.

Pourtant, beaucoup d’enfants le trouvent moche ou trop sérieux . La solution ? Le rendre cool. Camille a emmené ses petits-fils choisir un casque avec des motifs de dinosaures et des autocollants réfléchissants. Maintenant, ils se le disputent ! , rit-elle. Et ils ont même convaincu leurs copains de faire pareil.

Au-delà du casque, d’autres protections sont utiles : genouillères, coudières, gants. Et en automne, la visibilité est cruciale. Vêtements clairs, bandes réfléchissantes, feux avant et arrière : autant d’éléments qui transforment la trottinette en véhicule sécurisé, même dans la pénombre.

L’exemple des adultes : le meilleur professeur

Les enfants ne font pas ce qu’on leur dit. Ils font ce qu’ils voient. C’est pourquoi l’attitude des adultes est déterminante. Lorsque Bernard a commencé à porter un casque en vélo, son petit-fils a aussitôt voulu en mettre un aussi. Il m’a dit : ‘Si toi tu le mets, alors moi aussi.’ C’était plus fort que tous mes discours.

Proposer un check-up sécurité avant chaque sortie peut devenir un rituel complice : vérifier la batterie, tester les freins, ajuster le casque. On fait ça comme un jeu de mécaniciens , raconte Marguerite. Léa adore vérifier si la sonnette fonctionne. Elle dit qu’elle est ‘prête pour le départ’.

Ces petits gestes, répétés, deviennent des réflexes. Et les réflexes, c’est ce qui sauve.

Où et quand rouler ? Les règles à connaître

Respecter l’âge et les lieux autorisés

En France, les trottinettes électriques sont réglementées comme des véhicules. Elles doivent circuler sur les pistes cyclables, à une vitesse limitée à 25 km/h, et ne peuvent pas emprunter les trottoirs sauf si la vitesse est inférieure à 6 km/h. Pour les enfants, ces règles sont encore plus strictes : interdiction avant 12 ans, obligation de rouler accompagné avant 14 ans dans certaines villes.

Pourtant, beaucoup d’adultes ignorent ces dispositions. Je pensais que c’était comme un vélo , avoue Bernard. Je me suis fait rappeler à l’ordre par un agent de police parce que mon petit-fils roulait sur le trottoir.

Connaître la réglementation, ce n’est pas être tatillon. C’est protéger. Et c’est aussi éviter les amendes — jusqu’à 135 € pour usage sur trottoir interdit.

Adapter les sorties à la saison

L’automne apporte des défis spécifiques. Les feuilles mortes, si poétiques en apparence, deviennent glissantes dès qu’elles sont mouillées. Le brouillard réduit la visibilité. La nuit tombe plus tôt. Tous ces facteurs augmentent le risque d’accident.

Camille a instauré une règle simple : Pas de trottinette en dessous de 10°C ou sous la pluie. Elle préfère proposer des balades à pied ou en vélo dans des zones fermées à la circulation. On garde le plaisir, mais sans prendre de risque inutile.

Et quand la sortie est autorisée, elle impose une pause toutes les 30 minutes. Les enfants ne se rendent pas compte de la fatigue. Ils veulent aller toujours plus loin. Mais la vigilance baisse avec la fatigue.

A retenir

Quels sont les principaux risques pour les enfants sur trottinette électrique ?

Les principaux risques incluent les chutes dues à une perte de contrôle, souvent aggravées par l’absence de casque. Les collisions avec des piétons, des obstacles ou des véhicules sont fréquentes, surtout sur les trottoirs ou dans des zones à forte circulation. Les conditions météorologiques automnales — sol glissant, brouillard, faible luminosité — augmentent encore ces dangers.

À quel âge un enfant peut-il légalement utiliser une trottinette électrique ?

En France, l’utilisation d’une trottinette électrique est interdite aux moins de 12 ans. Cette règle vise à protéger les enfants dont les capacités d’anticipation et de coordination ne sont pas encore suffisantes pour gérer les risques de la circulation.

Le casque est-il obligatoire ?

Non, le casque n’est pas obligatoire pour les enfants sur trottinette électrique, mais il est fortement recommandé. Les experts insistent sur son rôle protecteur, notamment en cas de chute ou de collision. Porter un casque devrait devenir un réflexe, comme attacher sa ceinture en voiture.

Quel équipement de sécurité est conseillé ?

Un casque homologué, des genouillères et coudières pour les débutants, des vêtements clairs ou dotés de bandes réfléchissantes, et une trottinette équipée de feux avant et arrière. Il est également recommandé de vérifier régulièrement l’état des pneus, des freins et de la batterie.

Comment les grands-parents peuvent-ils agir sans être perçus comme des rabat-joie ?

En devenant des alliés du jeu et de l’apprentissage. En proposant des activités ludiques autour de la sécurité, en donnant l’exemple, et en instaurant des rituels simples et positifs. Le but n’est pas d’interdire, mais de permettre une pratique libre, responsable, et durable.

Les trottinettes électriques ne sont ni un danger absolu ni un jouet innocent. Elles sont un outil de mobilité, et comme tout outil, elles exigent respect et apprentissage. Pour les grands-parents, l’enjeu n’est pas de dire non, mais de dire : Oui, mais avec sagesse. En accompagnant les enfants avec bienveillance, en transformant la prudence en complicité, ils leur offrent bien plus qu’un moyen de transport : ils leur transmettent une culture de la sécurité, solide et durable. Et c’est peut-être cela, le plus beau cadeau qu’un grand-parent puisse faire.