Cette ville du Maine-et-Loire conserve sa quatrième fleur, un exploit rare

Cholet brille une fois encore sur la scène nationale des villes les plus fleuries de France. Le 18 septembre 2025, le palmarès tant attendu du label Villes et Villages Fleuris a été dévoilé, couronnant la cité angevine d’un succès remarquable : septième année consécutive avec le prestigieux sésame des quatre fleurs. Une distinction qui n’est pas seulement une reconnaissance esthétique, mais le fruit d’une politique urbaine ambitieuse, durable et profondément ancrée dans le quotidien des habitants. Depuis 2005, Cholet maintient ce haut niveau d’excellence, témoignant d’un engagement constant en faveur d’un cadre de vie de qualité, où nature, patrimoine et participation citoyenne s’entrelacent harmonieusement.

Comment Cholet a-t-elle conservé ses quatre fleurs pendant sept ans ?

La pérennité d’un tel label repose sur une exigence rigoureuse. Chaque année, un jury national évalue les communes selon des critères précis : qualité des espaces verts, diversité végétale, gestion écologique des espaces publics, implication des citoyens, et intégration de la nature dans l’aménagement urbain. Pour Cholet, la clé du succès réside dans une stratégie globale menée de front par la municipalité et les services techniques. Gilles Bourdouleix, maire depuis plusieurs mandats, a souligné cette continuité lors des Rencontres citoyennes : Cette distinction illustre la qualité du travail accompli pour toujours offrir à nos concitoyens un environnement de qualité. Bravo et merci aux services de la Ville et à Annick Jeanneteau.

Annick Jeanneteau, responsable du service Espaces verts, incarne cette démarche au quotidien. Depuis plus de quinze ans, elle pilote une équipe de trente agents répartis sur l’ensemble du territoire communal. Ce n’est pas seulement une question de fleurs ou de pelouses bien tondues, explique-t-elle. C’est une vision. Nous voulons que chaque quartier, même le plus dense, respire la nature. Son équipe a notamment mis en place un plan de végétalisation progressif, avec la création de jardins partagés, la plantation d’arbres fruitiers en bordure de trottoirs, et l’introduction de zones de biodiversité dans les parcs urbains. À l’entrée de la rue des Tanneurs, par exemple, un ancien parking a été transformé en micro-forêt urbaine, où chênes, noisetiers et plantes indigènes attirent désormais oiseaux et insectes.

Quels projets concrets ont permis cette excellence ?

La végétalisation des espaces publics : entre esthétique et écologie

Cholet a fait le pari d’une ville verte sans sacrifier le confort urbain. Depuis 2020, la municipalité a lancé un programme baptisé Verdure en cœur , visant à augmenter de 25 % la surface d’espaces verts d’ici 2030. Ce projet a permis la création de nouvelles allées fleuries le long de la Maine, la réhabilitation du parc du Moulin Neuf, et l’installation de toitures végétalisées sur plusieurs bâtiments municipaux. En 2023, une serre municipale a été inaugurée à la périphérie de la ville, produisant chaque année plus de 80 000 plants de fleurs et arbustes adaptés au climat local. On évite les espèces exotiques qui nécessitent beaucoup d’eau, précise Annick Jeanneteau. On privilégie le géranium des prés, la lavande, ou encore le buddléia, qui attirent les papillons.

La participation citoyenne : un pilier du label

Le label quatre fleurs exige une forte implication des habitants. À Cholet, ce principe s’incarne à travers plusieurs initiatives. Le programme Adopte un massif permet à des groupes de voisins ou d’associations de s’occuper d’un espace vert près de chez eux. Plus de 120 massifs sont ainsi gérés par des bénévoles. Léa Rombaut, habitante du quartier Sainte-Croix, participe à l’entretien d’un jardin commun depuis trois ans : Au début, on pensait que c’était juste une corvée. Mais aujourd’hui, c’est un vrai lieu de lien social. On échange, on plante, on récolte. Mes enfants connaissent désormais les noms des plantes !

Chaque printemps, la Ville organise également la Fête des Jardins , un événement populaire qui attire des milliers de visiteurs. Stands d’horticulture, ateliers pour enfants, conférences sur la permaculture, et concours de jardins privés : tout y est pensé pour sensibiliser et mobiliser. En 2024, le concours Jardin de balcon a récompensé un étudiant de 22 ans, Théo Mercier, pour son installation verticale de plantes comestibles sur un minuscule balcon du centre-ville. Je n’ai que deux mètres carrés, mais j’y fais pousser des tomates, du basilic, et même des fraises. C’est ma petite oasis , raconte-t-il.

Quelle place occupe la biodiversité dans la politique de Cholet ?

La ville ne se contente pas de fleurir : elle protège et favorise la biodiversité. Depuis 2021, une charte Ville refuge a été signée avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Elle engage Cholet à préserver les habitats naturels, à limiter l’usage de pesticides, et à installer des nichoirs, hôtels à insectes et mares pédagogiques. Près de 300 nichoirs ont été fixés dans les parcs et jardins, et une mare de 50 m² a été creusée dans le parc des Bruyères, devenant en quelques mois un sanctuaire pour amphibiens et libellules.

Un autre chantier majeur concerne la gestion différenciée des espaces verts. Sur 40 % des surfaces, la tonte est réduite ou remplacée par du fauchage tardif, permettant aux plantes sauvages de se développer. On a constaté une augmentation de 60 % des espèces florales spontanées en trois ans , se félicite Annick Jeanneteau. Cette approche écologique a également conduit à l’interdiction totale des pesticides chimiques sur le domaine public, une décision saluée par les associations locales.

Cholet, une ville durable et innovante ?

La réussite de Cholet s’inscrit dans une vision plus large de transition écologique. La municipalité a intégré la nature dans son Plan local d’urbanisme (PLU), imposant désormais aux nouveaux bâtiments d’incorporer des éléments de végétalisation. Deux récents programmes immobiliers, Les Terrasses du Val et Écoquartier Saint-Jean , en sont des exemples concrets : balcons-jardins, toitures végétales, et allées plantées de haies bocagères y sont devenus la norme.

La ville a également investi dans des technologies vertes. Depuis 2022, un système d’irrigation intelligent, basé sur des capteurs d’humidité et des prévisions météo, est utilisé dans les principaux parcs. Il permet de réduire la consommation d’eau de 30 %. On arrose seulement quand c’est nécessaire, et souvent la nuit, pour limiter l’évaporation , explique Marc Tissier, responsable technique du service eau. En parallèle, un réseau de composteurs collectifs a été déployé dans huit quartiers, avec des formations gratuites pour les habitants.

Quel est l’impact de ce label sur la vie des habitants ?

Derrière les distinctions officielles, c’est bien la qualité de vie des Choletais qui est en jeu. Une enquête menée en 2024 par l’université d’Angers a montré que 83 % des habitants se déclarent satisfaits de leur cadre de vie, contre 67 % en 2015. La nature en ville, ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité , affirme la sociologue Élise Delmas, qui a suivi l’évolution de la ville depuis une décennie. Elle réduit le stress, favorise les interactions sociales, et améliore la santé. À Cholet, on voit que les politiques publiques peuvent vraiment transformer le quotidien.

Le témoignage de Yannick Le Guen, retraité de 72 ans, illustre cette transformation : Quand j’étais jeune, Cholet était une ville industrielle, grise, avec peu d’endroits où se promener. Aujourd’hui, je fais le tour du parc de la Perrine tous les matins. J’y croise des familles, des joggeurs, des gens qui lisent. C’est vivant.

Quelles sont les prochaines ambitions de Cholet ?

Conserver quatre fleurs est un défi, mais la ville vise désormais l’excellence absolue. En 2019, Cholet avait reçu la Fleur d’or , une distinction exceptionnelle remise à quelques rares communes pour leur innovation. La municipalité souhaite la remporter à nouveau. On travaille sur un projet de corridor écologique reliant les bois de la Garenne à la Maine, confie Gilles Bourdouleix. L’idée est de créer un véritable poumon vert traversant la ville, accessible à pied ou à vélo.

Un autre projet en cours est la création d’un jardin botanique urbain, dédié aux plantes médicinales et comestibles du bocage angevin. Il ouvrira ses portes en 2026 sur un terrain de 3 hectares, ancienne friche industrielle. Ce sera à la fois un lieu de découverte, d’éducation, et de recherche , annonce la maire adjointe à l’Environnement, Camille Féraud.

Comment se distingue Cholet parmi les 310 communes à quatre fleurs ?

En France, seulement 310 communes détiennent le niveau d’excellence du label, sur plus de 4 700 labellisées. La 4e fleur distingue les collectivités qui inscrivent la nature dans un projet global alliant cadre de vie, biodiversité, patrimoine, gestion durable et participation citoyenne , rappelle l’organisation nationale du label. Cholet se démarque par la cohérence de sa démarche, son ancrage local, et sa capacité à mobiliser tous les acteurs : élus, agents municipaux, habitants, associations.

Contrairement à certaines villes qui se reposent sur leur passé floral, Cholet innove sans cesse. Elle a intégré la transition écologique dans ses priorités politiques, sans la reléguer au second plan. Ce n’est pas une mode, c’est une responsabilité , insiste le maire. Et cette responsabilité, elle est partagée par tous.

A retenir

Qu’est-ce que le label Villes et Villages Fleuris ?

Créé en 1959, ce label national valorise les efforts des communes en matière d’aménagement, de gestion et de développement des espaces verts. Il va de une à quatre fleurs, la dernière étant le niveau d’excellence. Il prend en compte la qualité des espaces publics, la biodiversité, la gestion durable, et l’implication des habitants.

Pourquoi Cholet conserve-t-elle quatre fleurs depuis 2005 ?

Grâce à une politique volontariste, menée par la municipalité et les services techniques, combinant végétalisation, innovation écologique, et participation citoyenne. La ville a su maintenir un haut niveau d’exigence chaque année, malgré les contraintes budgétaires et climatiques.

Quel est l’impact du label sur la population ?

Il améliore directement la qualité de vie, en offrant des espaces plus agréables, plus sains, et plus conviviaux. Il renforce aussi le sentiment d’appartenance et l’engagement des habitants dans la transformation de leur environnement.

Quelles sont les prochaines étapes pour Cholet ?

La ville vise la reconquête de la Fleur d’or , avec des projets ambitieux comme le corridor écologique, le jardin botanique urbain, et la poursuite de la végétalisation durable. L’objectif est de faire de Cholet un modèle de ville verte au cœur de l’Ouest français.