Changement majeur en 2025 : vos virements entre livrets passent obligatoirement par le compte courant

Depuis quelques années, les Français voient leurs habitudes bancaires évoluer, parfois sans en comprendre les raisons profondes. Ce qui semblait simple hier – transférer de l’argent d’un livret d’épargne à un autre en un clic – n’est plus possible aujourd’hui. Un changement majeur, imposé par les autorités publiques et les normes européennes, a transformé le parcours de l’épargne. Ce n’est pas une simple contrainte technique : c’est une réforme qui vise à renforcer la sécurité financière, à lutter contre les fraudes et à garantir une traçabilité totale des mouvements d’argent. Si ce nouveau cadre peut sembler contraignant au premier abord, il s’inscrit dans une logique de protection du citoyen et de transparence accrue. Comprendre ses mécanismes permet de s’adapter sereinement et de continuer à gérer son épargne avec efficacité.

Qu’est-ce que le changement de règles sur les virements entre livrets ?

Avant 2018, il était courant de déplacer ses économies directement d’un livret A à un Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS), ou d’un Livret Jeune à un Livret d’Épargne Populaire (LEP), sans passer par un compte courant. Ce geste, rapide et discret, est désormais encadré. Sous l’impulsion du ministère de l’Économie – souvent appelé Bercy – et dans le cadre de la directive européenne DSP2 (Deuxième Directive sur les Services de Paiement), les banques doivent imposer un passage obligatoire par le compte courant pour tout transfert entre livrets d’épargne.

Cette règle s’applique aussi bien au sein d’une même banque que lors de virements interbancaires. Elle concerne tous les livrets réglementés : Livret A, LDDS, LEP, Livret Jeune, mais aussi les comptes sur livret fiscalisés et les comptes à terme. L’objectif ? Créer une chaîne de traçabilité claire et ininterrompue. Chaque euro déplacé laisse désormais une empreinte vérifiable, ce qui rend plus difficile toute tentative de blanchiment ou de détournement frauduleux.

Camille Régnier, conseillère financière à Lyon, observe : « Beaucoup de mes clients, surtout les plus âgés, ont été désarçonnés au début. Ils avaient l’habitude de tout gérer depuis leur espace en ligne, sans passer par leur compte courant. Aujourd’hui, ils doivent faire deux étapes au lieu d’une. Mais une fois qu’ils comprennent que cela les protège, ils l’acceptent. »

Pourquoi ce passage par le compte courant est-il obligatoire ?

Le cœur de cette réforme réside dans la sécurité. En imposant le compte courant comme relais obligatoire, les autorités financières s’assurent que chaque transaction passe par un canal identifié, contrôlé et enregistré. Le compte courant, contrairement aux livrets, est soumis à des obligations strictes de connaissance du client (KYC) et de surveillance des flux. C’est un point central dans la lutte contre la fraude, le blanchiment d’argent et les usurpations d’identité.

En cas de litige ou de piratage, cette traçabilité permet une intervention plus rapide. Si un virement suspect est détecté, la banque peut remonter le parcours de l’argent en quelques clics : du livret d’origine, vers le compte courant, puis vers le livret de destination. Cette transparence facilite aussi les démarches de réclamation ou de récupération de fonds.

Élodie Tassin, cliente d’une banque en ligne, raconte : « J’ai perdu mon téléphone il y a deux ans, et quelqu’un a essayé de transférer mes économies. Heureusement, le système a bloqué le transfert direct entre mes livrets. L’argent est resté bloqué sur mon compte courant, ce qui m’a permis d’intervenir à temps. »

Quels types de virements sont désormais interdits ?

Les transferts directs d’un livret à un autre sont désormais impossibles, même lorsque les deux comptes sont au nom du même titulaire. Par exemple, vouloir déplacer 1 000 euros du Livret A vers le LDDS sans passer par le compte courant déclenchera un message d’erreur sur l’application bancaire. Ce n’est pas un bug : c’est le système qui applique la règle.

Les virements programmés entre livrets sont également exclus. Même si vous souhaitiez automatiser un transfert mensuel entre deux supports d’épargne, cela ne fonctionnera pas. La banque refusera la demande. En revanche, il est encore possible de programmer un virement ponctuel du compte courant vers un livret, à condition que la banque l’autorise. Certains établissements imposent des plafonds ou des fréquences limitées.

Les seules exceptions concernent les mineurs. Lorsqu’un livret est détenu par un enfant, les parents ou tuteurs peuvent bénéficier de certaines souplesses, notamment pour transférer des fonds entre livrets dans un cadre familial. Mais même dans ces cas, la banque conserve un droit de contrôle et peut demander des justificatifs.

« J’ai dû expliquer à mes parents pourquoi je ne pouvais plus transférer directement mon argent d’épargne », témoigne Lucas, 19 ans, étudiant à Bordeaux. « Au début, ils pensaient que c’était une erreur de la banque. Mais quand je leur ai montré la règle, ils ont compris que c’était une mesure de sécurité. »

Comment réaliser un virement entre livrets dans les règles ?

La procédure est désormais simple, mais en deux étapes. Prenons l’exemple d’un transfert de 500 euros du Livret A vers un LDDS. La première opération consiste à virer les 500 euros du Livret A vers le compte courant du titulaire. Une fois le virement reçu – généralement en 24 à 48 heures –, la seconde étape consiste à transférer ces 500 euros du compte courant vers le LDDS.

Il est crucial de respecter cet ordre. Tenter de virer du compte courant vers le livret cible sans avoir d’abord reçu l’argent sur le compte courant peut entraîner un rejet, surtout si le solde est insuffisant. Les applications bancaires modernes intègrent souvent des alertes pour prévenir de ces erreurs, mais la vigilance reste nécessaire.

Deborah Kessler, indépendante à Strasbourg, partage son organisation : « Je programme mes virements en fin de mois. D’abord, je transfère du Livret A vers mon compte courant le 25. Ensuite, le 26, je vire vers mon LDDS. J’ai mis en place des alertes pour ne pas oublier. C’est un peu plus long, mais c’est devenu une routine. »

Quels sont les avantages de cette nouvelle règle ?

Bien que ce système ajoute une étape, il présente plusieurs avantages concrets. Le premier est la sécurité. En passant par le compte courant, chaque mouvement est enregistré dans un environnement bancaire plus surveillé, ce qui limite les risques de détournement.

Ensuite, la transparence. Les clients ont désormais une vision plus claire de leurs flux. Chaque transfert apparaît dans l’historique du compte courant, ce qui facilite la tenue d’un budget ou la préparation d’une déclaration fiscale. Ce cheminement obligé oblige aussi à une prise de conscience : déplacer de l’épargne devient un acte réfléchi, pas un geste automatique.

Enfin, en cas de litige, le recours est plus simple. Si un virement est contesté, la banque dispose d’une chaîne de preuves complète. Cela accélère les résolutions et rassure les familles, notamment lorsque plusieurs personnes ont accès à un compte ou lors de successions.

« J’ai aidé ma mère à régulariser ses comptes après le décès de mon père », raconte Nadia, 52 ans, de Nantes. « Grâce aux traces laissées par chaque virement, on a pu reconstituer facilement ses mouvements d’épargne. Sans ça, cela aurait pris des mois. »

Comment s’adapter au quotidien sans stress ?

Adopter les bons réflexes est la clé. Tout d’abord, listez vos livrets et leurs plafonds. Le Livret A, par exemple, est plafonné à 22 950 euros pour un adulte. Le LDDS à 12 000 euros. Connaître ces limites permet d’anticiper les transferts nécessaires.

Ensuite, anticipez les délais. Comme chaque virement prend du temps, il est préférable de ne pas attendre la dernière minute pour déplacer des fonds, surtout si cela concerne un paiement ou un projet d’investissement.

Enfin, utilisez les outils numériques. Les applications bancaires permettent de programmer des virements ponctuels, de suivre les soldes en temps réel et de recevoir des alertes. Certains établissements proposent même des assistants virtuels qui guident pas à pas dans les démarches autorisées.

« J’ai mis en place un calendrier mensuel », explique Raphaël, fonctionnaire à Montpellier. « Le 1er de chaque mois, je regarde mes soldes, je fais mes ajustements via le compte courant, et je note tout dans mon carnet. C’est plus rigoureux, mais je me sens plus en contrôle. »

Conclusion

Le changement dans les règles de virement entre livrets d’épargne n’est pas une simple contrainte administrative. Il s’inscrit dans une évolution plus large de la sécurité financière, portée par l’État et l’Union européenne. Ce passage obligatoire par le compte courant, s’il modifie les habitudes, renforce la protection des épargnants, améliore la traçabilité des fonds et simplifie la gestion en cas de litige. En adoptant une méthode claire, en anticipant les étapes et en utilisant les outils numériques, il est tout à fait possible de continuer à gérer son épargne efficacement. Le but n’a pas changé : préparer l’avenir. Seul le chemin a été sécurisé.

A retenir

Quels livrets sont concernés par cette règle ?

Les livrets réglementés comme le Livret A, le LDDS, le LEP, le Livret Jeune, ainsi que les comptes sur livret fiscalisés et les comptes à terme sont tous soumis à cette obligation de passage par le compte courant.

Pourquoi ne puis-je plus transférer directement d’un livret à un autre ?

La règle a été instaurée pour renforcer la traçabilité des flux, lutter contre les fraudes et assurer une meilleure protection des épargnants. Elle s’inscrit dans le cadre de la DSP2 et des directives du ministère de l’Économie.

Combien de temps prend un transfert entre livrets désormais ?

Comme il faut effectuer deux virements successifs (livret → compte courant → livret), il faut compter entre 2 et 5 jours ouvrés selon les banques et les modalités de traitement.

Est-il possible de programmer des virements vers un livret ?

Oui, mais uniquement depuis le compte courant vers le livret, et selon les conditions fixées par chaque banque. Les virements programmés entre livrets restent impossibles.

Y a-t-il des exceptions pour les mineurs ?

Oui, dans le cadre d’une gestion parentale, certaines banques autorisent des transferts entre livrets détenus par des mineurs, mais sous contrôle strict et avec possibilité de demander des justificatifs.