La retraite est une étape cruciale dans la vie professionnelle, mais elle peut rapidement virer au casse-tête lorsque les droits acquis ne sont pas correctement suivis. L’exemple de Martine Lemoine, employée municipale depuis trente ans, illustre parfaitement les pièges d’un système complexe où les erreurs de gestion peuvent coûter des centaines d’euros par mois. Comment éviter ces écueils et sécuriser son avenir ?
Comment Martine Lemoine a-t-elle perdu 290 € par mois sans le savoir ?
À 58 ans, Martine Lemoine préparait sereinement sa retraite après une carrière dévouée à la mairie de Saint-Aubin-sur-Loire. Mais en vérifiant ses relevés de droits, elle découvre un trou béant : ses cotisations de retraite complémentaire n’avaient pas suivi lors d’un changement de poste interne quinze ans plus tôt. « Personne ne m’a jamais parlé de transfert de points à l’époque », confie-t-elle, amère. Résultat : une pension réduite de 3 500 € annuels – l’équivalent d’un voyage en famille ou de plusieurs mois de courses.
Un système opaque qui piège les salariés
Le cas de Martine révèle une faille majeure : la transmission d’information. « On nous parle toujours du régime de base, mais jamais des subtilités des complémentaires », témoigne Éric Vallois, syndicaliste dans la fonction territoriale. Entre 2015 et 2022, la Commission des droits des retraités a recensé 23% de réclamations liées à des erreurs de ce type.
Pourquoi le transfert des cotisations complémentaires est-il vital ?
Contrairement au régime général géré par la CNAV, les retraites complémentaires (AGIRC-ARRCO pour le privé, RAFP pour la fonction publique) fonctionnent par points accumulés. Chaque changement d’employeur ou de statut peut impliquer un transfert entre caisses – une étape souvent négligée.
L’exemple concret de Julien Tavernier
Ce consultant en ressources humaines de 52 ans a cumulé quatre régimes différents : « Quand j’ai reconstitué mon dossier, j’ai retrouvé 3 200 € de points dormants chez un ancien employeur. Sans vérification, cet argent serait resté prisonnier des fichiers ! » Son conseil ? « Exiger un état récapitulatif tous les trois ans. »
Qui est responsable des transferts oubliés ?
La loi française est claire : depuis l’accord national interprofessionnel de 2015, l’employeur doit informer le salarié de ses droits. Pourtant, comme le constate Nathalie Dumas, avocate en droit social : « Dans 70% des litiges que je traite, les documents obligatoires n’ont jamais été remis. »
Les collectivités locales montrées du doigt
Une étude de la DGCL révèle que seulement 38% des mairies forment leurs RH aux spécificités des retraites complémentaires. « On bricole avec les moyens du bord », admet Laurent Fabert, directeur administratif d’une commune de l’Essonne.
Comment sécuriser sa future retraite dès maintenant ?
Les spécialistes recommandent une stratégie proactive :
- Créer un compte sur le site Info-Retraite pour une vision consolidée
- Demander un état détaillé à chaque changement professionnel
- Conserver toutes les bulletins de paie et contrats
Sophie Lenoir, gestionnaire de patrimoine, insiste : « Un audit à 50 ans permet encore de rectifier 80% des erreurs. Après, c’est souvent trop tard. »
A retenir
Dois-je vérifier moi-même mes droits à la retraite ?
Absolument. Les organismes peuvent commettre des erreurs et les employeurs ne transmettent pas toujours les informations. Prenez les devants dès 45-50 ans.
Quels documents garder précieusement ?
Tous vos bulletins de salaire, contrats de travail, et surtout les relevés annuels de points des différents régimes complémentaires que vous avez cotisés.
Existe-t-il un recours pour des cotisations perdues ?
Oui, vous pouvez faire une réclamation auprès de la caisse concernée. Dans certains cas, un recours contentieux est possible jusqu’à deux ans après la liquidation.
Conclusion
L’histoire de Martine Lemoine sonne comme un avertissement : dans le labyrinthe des retraites, la vigilance est la meilleure alliée. À l’heure où les réformes se succèdent, prendre en main son dossier reste le seul moyen d’éviter les mauvaises surprises. Comme le résume Éric Vallois : « Votre retraite, personne ne la défendra mieux que vous. »