Les déclarations de patrimoine des ministres français offrent chaque année un éclairage fascinant sur leurs stratégies financières. En 2025, les révélations concernant le gouvernement Bayrou ont particulièrement marqué les esprits, non pas tant par les montants affichés – parfois vertigineux – que par des détails insoupçonnés sur leur gestion de l’épargne réglementée. Derrière les millions d’euros en biens immobiliers ou en participations sociales, une question émerge : pourquoi des livrets A ou LDDS presque vides ?
Quelles sommes trouve-t-on réellement sur les livrets des ministres ?
Alors que le patrimoine moyen des membres du gouvernement frôle les 2,6 millions d’euros, leurs livrets d’épargne réglementés affichent des soldes déconcertants. Marc Ferracci, dont la fortune familiale atteint 23 millions, n’en possède tout simplement pas. François Bayrou, propriétaire d’un impressionnant parc immobilier évalué à 1,3 million, y maintient un solde symbolique. Pour d’autres, comme Manuel Valls, 30 euros suffisent à garder un livret A ouvert.
Valérie Samson, conseillère en gestion de patrimoine, témoigne : « En cabinet, je vois des clients stressés pour optimiser chaque centime sur leur LDDS. Découvrir que des ministres laissent 56 euros dormir sur ces supports, c’est comme voir un pilote de Formule 1 rouler en trottinette. »
Pourquoi un tel désintérêt pour l’épargne sécurisée ?
Trois facteurs expliquent cette tendance :
- Des taux d’intérêt jugés dérisoires (3% en 2025)
- Des plafonds trop bas par rapport à leur capacité d’épargne
- Une préférence pour des investissements plus flexibles et rentables
Théo Lavigne, économiste spécialisé, analyse : « Avec six comptes courants totalisant 45 000€, le Premier ministre montre bien que la liquidité prime sur la rentabilité quand on gère des montants importants. Le livret A devient alors un accessoire. »
Comment les ministres structurent-ils leur épargne ?
Les stratégies divergent mais suivent quelques constantes :
L’immobilier, valeur refuge
François Bayrou illustre cette tendance avec ses multiples propriétés. Un choix qui s’explique par la stabilité du marché et les possibilités de transmission.
L’assurance-vie pour la fiscalité
Rachida Dati, malgré ses 7 918€ sur un LDDS, privilégie visiblement ce support comme en témoignent ses déclarations antérieures.
Les comptes courants pour la réactivité
Certains ministres conservent d’importantes liquidités sur des comptes non rémunérés, à l’image des 70 500€ laissés par un membre du gouvernement sur un simple compte chèque.
A retenir
Les ministres utilisent-ils les mêmes produits que les Français moyens ?
Non. Leur approche de l’épargne diffère radicalement, privilégiant des placements adaptés à des patrimoines importants et des stratégies fiscales complexes.
Faut-il imiter leur gestion financière ?
Absolument pas. Comme le rappelle la consultante Elsa Darnel : « Un livret A à 30€ n’a de sens que si vous avez 2 millions en SCPI. Pour 98% des Français, ces produits restent essentiels pour l’épargne de précaution. »
Pourquoi maintenir des livrets quasi vides ?
Il s’agit souvent d’anciens comptes conservés par habitude ou pour des raisons administratives, sans réelle intention d’épargne.
Conclusion
Ces révélations dessinent en creux deux France financières : celle des épargnants ordinaires pour qui chaque euro compte, et celle d’une élite politique dont les stratégies patrimoniales transcendent les produits grand public. Une dichotomie qui nourrit autant de curiosité que d’interrogations sur l’évolution de notre rapport collectif à l’argent.