Plages fermées à Martigues et Istres en 2025 à cause d’algues toxiques — la vigilance s’impose

Sur les rives de l’étang de Berre, l’été bat son plein, mais il s’accompagne d’une vigilance accrue. Entre ciel bleu et eaux troubles, les communes riveraines naviguent entre attractivité touristique et impératif de sécurité. Depuis quelques jours, la prolifération d’algues toxiques a modifié le quotidien des baigneurs, poussant les autorités à prendre des mesures ciblées. Si la plupart des plages restent accessibles, certaines zones ont été fermées en urgence, au rythme des analyses et des alertes sanitaires. Ce n’est pas une crise généralisée, mais une gestion fine, coordonnée, où chaque décision repose sur des données scientifiques et une anticipation constante. À Martigues comme à Istres, les mairies ont réagi vite, informé clairement, et mis en place un dispositif de surveillance renforcé. Derrière ces actions, ce sont des habitants, des touristes, des sauveteurs qui s’adaptent, jour après jour, à un environnement en mutation. Témoignages, décisions municipales, et bonnes pratiques : voici le portrait d’un territoire qui apprend à vivre avec un risque maîtrisé, sans céder à la panique.

Quelles plages sont fermées à Martigues et pourquoi ?

À Martigues, deux plages emblématiques, Figuerolles et Ferrières, ont été fermées à la baignade à compter du vendredi 16 août à 12 heures. Cette mesure, prise par la mairie, n’est pas anodine. Elle répond à une alerte sanitaire liée à la prolifération d’algues toxiques. Les analyses menées par les services environnementaux ont révélé une concentration anormale de micro-organismes pouvant provoquer des irritations cutanées, des troubles digestifs ou des réactions allergiques chez les baigneurs. Le risque, bien que limité à certaines zones, est jugé suffisamment sérieux pour justifier une fermeture préventive.

Les équipes municipales ont immédiatement installé des panneaux de signalisation aux accès des plages. Les sauveteurs, mobilisés en renfort, informent les promeneurs et détournent les curieux. Camille Rousseau, sauveteur en poste à Figuerolles depuis dix ans, explique : « On voit les algues s’accumuler depuis une semaine. Elles forment des amas épais, presque gluants, surtout après les marées. On ne prend aucun risque. Même si l’eau semble calme, elle peut être dangereuse. »

La mairie a mis en place un système de suivi quotidien de la qualité de l’eau, avec des prélèvements analysés en laboratoire. La réouverture interviendra uniquement lorsque les seuils de sécurité seront respectés. En attendant, les familles se tournent vers les plages restantes, comme l’Anse Rouge ou la plage du Grand Large, où l’eau reste claire et les conditions favorables.

Comment les habitants réagissent-ils à ces fermetures ?

La réaction des Martéguais est globalement mesurée. Si certains regrettent l’interdiction, la majorité comprend la nécessité de ces mesures. Élodie Ferrand, mère de deux enfants, fréquente régulièrement Ferrières : « C’est dommage, surtout en plein été, mais je préfère que mes enfants ne courent aucun risque. On a trouvé une autre plage, un peu plus loin, et ils s’y amusent bien. »

La mairie diffuse des bulletins d’information via ses réseaux sociaux et son site internet, ce qui rassure les usagers. « Ce qui compte, c’est la transparence », insiste Thomas Lemaire, adjoint au maire chargé des espaces naturels. « Nous ne cachons rien. Nous expliquons pourquoi on ferme, ce qu’on fait pour surveiller, et comment on décidera de rouvrir. C’est ce qui permet de garder la confiance. »

Certains habitués, comme le pêcheur retraité Georges Vidal, observent d’ailleurs une évolution dans les comportements : « Avant, les gens entraient dans l’eau sans se poser de questions. Maintenant, ils regardent les panneaux, ils demandent aux sauveteurs. Il y a une prise de conscience. »

Quelle est la situation à Istres et quel rôle joue le H2S ?

À Istres, la situation est similaire, mais avec une particularité : la présence de sulfure d’hydrogène, ou H2S, un gaz toxique produit par la décomposition des algues accumulées. C’est ce phénomène qui a conduit à la fermeture de la petite plage du Ranquet, située chemin du Bord de l’eau. Depuis cet après-midi, l’accès est interdit, non seulement à cause des algues, mais aussi en raison des émanations gazeuses.

Le H2S se reconnaît à son odeur caractéristique d’œuf pourri. À faible concentration, il provoque des irritations des yeux et des voies respiratoires. À forte dose, il peut être dangereux. Les services municipaux ont donc agi en urgence, en installant des barrières et en renforçant la surveillance. « On a détecté des pics d’H2S à proximité des amas d’algues », confirme Amandine Chauvet, technicienne à l’environnement. « Même si le gaz se disperse rapidement en s’éloignant, on ne peut pas laisser les gens s’approcher. »

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la plage principale du Ranquet reste ouverte, de même que la Romaniquette et Monteau. Ces sites, mieux aérés et moins sujets aux accumulations, ne présentent pas de danger immédiat. Les usagers sont invités à respecter les zones interdites, mais peuvent continuer à profiter de la baignade ailleurs.

Les algues toxiques sont-elles un phénomène nouveau sur l’étang de Berre ?

Non, les proliférations algales ne sont pas inédites dans la région, mais elles semblent s’intensifier ces dernières années. Les causes sont multiples : élévation des températures, apports en nutriments (azote, phosphore) via les eaux usées ou les ruissellements agricoles, et stabilité des masses d’eau. L’étang de Berre, par sa configuration géographique, est particulièrement sensible à ces déséquilibres.

Les experts pointent aussi un phénomène de stratification thermique : l’eau chaude en surface empêche la circulation avec les couches profondes, favorisant la stagnation et la prolifération. « Ce n’est pas un accident, c’est un signal environnemental », souligne le professeur Antoine Mercier, hydrologue à l’université d’Aix-Marseille. « Ces algues sont des indicateurs. Elles nous disent que l’écosystème est sous pression. »

Les communes, conscientes de cette réalité, travaillent désormais en réseau. Un comité de suivi regroupe Martigues, Istres, Saint-Mitre et Port-de-Bouc. Les données sont partagées, les alertes mutualisées. « On ne peut pas gérer ça en silos », affirme Thomas Lemaire. « Ce qui arrive à un bout de l’étang peut très vite affecter l’autre. »

Comment les baigneurs peuvent-ils s’informer et agir de manière responsable ?

La vigilance individuelle est essentielle. Avant de se baigner, chaque usager est invité à consulter l’affichage municipal présent sur place, ainsi que les mises à jour en ligne. Les panneaux indiquent clairement si la plage est ouverte, fermée, ou soumise à des restrictions.

Les signes à ne pas ignorer ? L’eau trouble, les amas d’algues visibles, l’écume brune ou jaunâtre, et surtout les odeurs fortes. « Si vous sentez l’œuf pourri, éloignez-vous », recommande Camille Rousseau. « Et si vous avez un malaise après la baignade — démangeaisons, nausées — allez voir un sauveteur ou un médecin. »

Les clubs nautiques jouent également un rôle clé. Le centre de voile d’Istres, par exemple, informe ses adhérents chaque matin des conditions. « On reçoit les rapports des services municipaux », précise son directeur, Julien Brémond. « Et on les transmet à nos moniteurs, qui relaient l’info aux enfants et aux parents. »

La saison touristique est-elle compromise ?

Pas du tout. Les fermetures sont ciblées et temporaires. L’offre de baignade reste large, et les plages ouvertes accueillent un flux important de visiteurs. À Monteau, par exemple, l’ambiance est estivale : parasols, jeux d’enfants, paddle et baignade surveillée. « On est peut-être un peu plus attentifs qu’avant », reconnaît Léa Nguyen, en vacances avec ses parents, « mais on ne se sent pas en danger. »

Les élus insistent sur le caractère ponctuel des mesures. « Ce n’est pas une interdiction généralisée », rappelle Amandine Chauvet. « C’est une gestion fine du risque. On ferme là où il faut, et on ouvre dès que c’est possible. »

Le tourisme local s’adapte. Certains hôteliers proposent des alternatives : balades en kayak dans les calanques voisines, visites culturelles, ou excursions en mer. « On ne veut pas que les gens partent », sourit Sophie Rambert, gérante d’un petit hôtel à Istres. « On leur montre qu’il y a mille façons de profiter de la région. »

Quelles sont les perspectives de réouverture ?

La réouverture dépendra des prochains résultats d’analyses. Dès que les concentrations d’algues et de H2S retomberont sous les seuils réglementaires, les plages pourront rouvrir. Ce processus est rigoureux, mais rapide. À Martigues, les tests sont réalisés tous les deux jours ; à Istres, en cas d’alerte, ils peuvent être quotidiens.

« On espère une amélioration d’ici une semaine », estime Thomas Lemaire. « Mais on ne brûlera pas les étapes. La sécurité prime. »

En attendant, les équipes municipales poursuivent leur surveillance, et les messages de prévention circulent. Le public, peu à peu, intègre ces nouvelles règles. La baignade, ici, n’est plus seulement un plaisir : elle devient un acte responsable.

A retenir

Quelles sont les principales menaces liées aux algues sur l’étang de Berre ?

Les algues toxiques peuvent provoquer des irritations cutanées, des troubles digestifs ou des réactions allergiques. Leur décomposition produit parfois du sulfure d’hydrogène (H2S), un gaz odorant et potentiellement dangereux à forte concentration.

Les fermetures de plages sont-elles définitives ?

Non, elles sont temporaires et ciblées. Elles seront levées dès que les analyses confirmeront que les eaux sont sûres pour la baignade.

Où trouver l’information officielle sur l’état des plages ?

Les mairies de Martigues et Istres mettent à jour leurs sites internet et réseaux sociaux. Des panneaux d’affichage sont également présents sur chaque site de baignade.

Peut-on toujours se baigner sur l’étang de Berre ?

Oui, la majorité des plages restent ouvertes et surveillées. Il suffit de respecter les consignes et d’éviter les zones interdites.

Quels comportements adopter en cas de doute ?

Ne pas entrer dans l’eau si elle est trouble, si des amas d’algues sont visibles ou si une odeur d’œuf pourri est perceptible. En cas de malaise, signaler immédiatement aux sauveteurs ou consulter un professionnel de santé.