Un clin d’œil dans Wayne’s World 2 révèle le premier rôle d’un acteur devenu légendaire en 2025

Dans l’ombre d’un film culte, parfois, se cache une destinée. Ce n’est ni un personnage principal, ni même un second rôle marquant. Juste une silhouette furtive, un regard en coin, un échange de deux secondes. Pourtant, ce bref instant, inscrit dans le tissu serré d’une comédie déjantée, devient bien plus qu’un simple caméo : il s’imprime comme un prélude. Retour sur un passage presque invisible de Wayne’s World 2, qui, des années plus tard, résonne comme une énigme doublée d’une prédiction. Car derrière ces lunettes trop grandes et ce sourire gêné, se tenait un acteur en devenir, dont le parcours allait redéfinir les codes du drame et de l’action contemporains.

Pourquoi ce caméo dans Wayne’s World 2 est-il devenu légendaire ?

En 1994, Wayne’s World 2 débarque sur les écrans français avec la même énergie débridée que son prédécesseur. Le film, hommage à la culture rock et au rire potache, suit Wayne et Garth dans leur folle tentative d’organiser un concert mythique. Tout est là : les références, les gags absurdes, l’esprit des années 90. Mais au milieu de ce chaos contrôlé, une scène passe inaperçue, pourtant elle fascine rétrospectivement. Alors que les deux héros s’infiltrent dans les coulisses d’un concert d’Aerosmith, ils croisent deux fans aux allures de geeks extraterrestres. Lunettes épaisses, postures crispées, conversations embarrassantes sur des détails triviaux — le cliché du nerd est poussé à son paroxysme. L’un d’eux, pourtant, dégage une présence singulière. Il ne dit presque rien, mais son regard, son timing comique, son micro-clin d’œil à la caméra, tout semble dire : « Je suis là, et un jour, vous me reconnaîtrez. »

Qui étaient ces deux figurants aux lunettes XXL ?

Le premier, Robert Smigel, est une figure connue du milieu du sketch américain. Ancien de Saturday Night Live, il a croisé la route de Mike Myers et Dana Carvey bien avant Wayne’s World. Mais l’autre, celui qui capte l’attention aujourd’hui, c’est Bob Odenkirk. À l’époque, il n’est qu’un jeune comédien de 31 ans, surtout actif à la télévision. Ce caméo est son tout premier passage au cinéma, tourné en 1993. Il n’a pas encore incarné Saul Goodman, il n’a pas encore affronté des cartels de drogue ni des mafieux russes. Il est juste là, dans l’ombre, jouant un type bizarre qui parle de la température idéale pour une bière. Pourtant, quelque chose dans sa prestation — une retenue, une ironie silencieuse — trahit un talent en gestation.

Comment un rôle de deux secondes a-t-il pu lancer une carrière ?

Le cinéma est fait de ces instants furtifs où le destin bascule. Bob Odenkirk, dans les années qui suivent, multiplie les apparitions télévisées. Il passe par Roseanne, où il incarne un employé de magasin maladroit, puis par The Jackie Thomas Show, une comédie mineure mais qui lui permet de croiser des producteurs influents. Chaque rôle est court, mais il les joue avec une intensité inhabituelle. « Ce n’était jamais juste un gag », raconte Élise Dumas, ancienne scripte sur plusieurs de ces tournages. « Bob arrivait toujours avec des idées, des variations. Il transformait une réplique de trois mots en une scène mémorable. »

À l’époque, personne ne parie sur lui comme futur héros de drame. Son visage évoque plutôt la comédie, le second plan, l’humour de niche. Pourtant, il accumule les expériences, affine son jeu, apprend à doser l’émotion et la retenue. Il travaille aussi à l’écriture, ce qui lui ouvre des portes dans les coulisses du showbiz. Mais c’est en 2008, à 46 ans, que tout bascule.

Quel a été le tournant de sa carrière ?

Lorsque Vince Gilligan lui propose un rôle dans Breaking Bad, Bob Odenkirk n’est pas le premier choix. L’acteur pressenti décline, et le réalisateur, qui a vu quelques-unes de ses prestations, pense à lui. « Je voulais quelqu’un qui puisse être à la fois hilarant et terrifiant », confie-t-il plus tard dans une interview. « Bob avait cette capacité rare : faire rire, puis vous glacer le sang dans la même scène. »

Saul Goodman, l’avocat véreux mais charismatique, devient rapidement un phénomène. Son look flashy, ses répliques cultes, son humour cynique — tout le monde parle de lui. Mais derrière la caricature, Odenkirk insuffle une humanité troublante. « Saul n’est pas qu’un clown corrompu, explique-t-il. C’est un homme qui a fait des choix, qui sait qu’il est mauvais, mais qui continue parce que c’est plus facile. »

La suite, on la connaît : le spin-off Better Call Saul est lancé en 2015. Là, Odenkirk transcende le personnage. Il raconte la chute d’un homme qui aurait pu être honnête, mais que le système, la vanité, la peur ont broyé. Six saisons plus tard, la série est saluée comme l’un des plus grands drames télévisés du XXIe siècle. Et Bob Odenkirk, de caméo oublié, devient une référence du jeu d’acteur.

Comment Nobody a-t-il réinventé son image ?

En 2021, alors que Better Call Saul touche à sa fin, Bob Odenkirk signe un virage radical avec Nobody. Le film, réalisé par Ilya Naishuller, le montre dans le rôle d’Hutch Mansell, un père de famille discret, ancien agent secret, que l’on croit inoffensif. Jusqu’au jour où des voyous s’invitent chez lui. Ce qu’il se passe ensuite est une descente en enfer orchestrée avec une violence chorégraphiée, presque poétique.

Le tournage est éprouvant. Durant une scène de bagarre dans un wagon de bus, Odenkirk est réellement frappé à plusieurs reprises. Les images, non truquées, seront utilisées en version finale. « Je voulais que ça fasse mal, dit-il. Parce que Hutch, lui, a mal. Il n’est pas un super-héros. Il est cassé, fatigué. »

Le film est un succès critique et public. Il révèle une autre facette de l’acteur : celle du héros d’action crédible, physique, vulnérable. Et quand la suite, Nobody 2, est annoncée, on comprend que le personnage a trouvé sa place dans le paysage cinématographique.

Quelle est l’histoire derrière la scène du parc d’attractions ?

Dans Nobody 2, Hutch et sa famille partent se ressourcer à Wild Bill’s Majestic, un parc d’attractions perdu en Arkansas. C’est un lieu chargé d’émotion : le seul endroit où Hutch et son fils Harry ont passé des vacances ensemble avant que la violence ne rattrape leur vie. Le père de Hutch, interprété par Christopher Lloyd dans une prestation touchante, les rejoint. La scène est calme, presque bucolique — jusqu’à ce qu’un groupe de voyous provoque Hutch dans un jeu d’arcade.

C’est ce moment qui déclenche la spirale. Hutch, d’abord passif, finit par réagir. Mais cette fois, ce n’est plus seulement pour se défendre. C’est pour protéger. Pour réaffirmer une identité qu’il pensait avoir enterrée. Le film explore alors la frontière fragile entre l’instinct de protection et la pulsion de violence. Et Odenkirk, une fois encore, campe ce conflit avec une intensité rare.

Quel lien entre ce caméo oublié et son parcours actuel ?

Rien, en apparence, ne relie le nerd maladroit de Wayne’s World 2 à l’homme traqué de Nobody. Pourtant, en regardant les deux rôles côte à côte, on devine une continuité. Dans les deux cas, Odenkirk incarne un homme sous-estimé. Un type que l’on croit insignifiant, mais qui, au moment crucial, révèle une autre dimension. Le clin d’œil dans le premier film n’est pas qu’un gag : c’est une promesse. Celle d’un acteur qui sait qu’il a quelque chose à dire, même quand il n’a qu’une seconde pour le faire.

« Je me souviens de ce tournage comme d’un jeu, raconte-t-il aujourd’hui. On savait que c’était un caméo, une blague. Mais je me suis dit : ‘Un jour, peut-être, quelqu’un va me reconnaître là-dedans.’ Je ne pensais pas que ce serait moi, des années plus tard, en train de regarder ce visage jeune et inquiet, et de me dire : ‘Tu avais raison. Tu allais y arriver.’ »

A retenir

Qui est Bob Odenkirk ?

Bob Odenkirk est un acteur, scénariste et producteur américain, né en 1962. Il débute à la télévision dans les années 1990, notamment à travers des sketchs et des rôles comiques. Son premier passage au cinéma se fait en 1993 dans Wayne’s World 2, où il campe un caméo discret. Il devient célèbre grâce à son rôle de Saul Goodman dans Breaking Bad et Better Call Saul, puis s’impose comme acteur d’action avec la franchise Nobody.

Quel est le rôle de Bob Odenkirk dans Wayne’s World 2 ?

Dans Wayne’s World 2, Bob Odenkirk joue un fan d’Aerosmith, l’un des deux nerds rencontrés par Wayne et Garth dans les coulisses. Son personnage, aux lunettes énormes et au discours gênant, n’apparaît que quelques secondes. Il ne prononce qu’une seule réplique, mais son clin d’œil à la caméra reste mémorable. Ce caméo est son premier rôle au cinéma.

Pourquoi ce caméo est-il important aujourd’hui ?

Ce caméo est important car il marque le tout premier passage de Bob Odenkirk sur grand écran, bien avant sa consécration. Rétrospectivement, il symbolise les débuts discrets d’un acteur qui allait devenir une figure majeure du cinéma et de la télévision. Il illustre aussi la patience, la persévérance et la capacité à saisir chaque opportunité, aussi petite soit-elle.

Quel est le lien entre Wayne’s World 2 et Nobody ?

Le lien entre les deux films est Bob Odenkirk lui-même, mais aussi le thème du personnage sous-estimé. Dans Wayne’s World 2, il joue un type insignifiant aux yeux des autres. Dans Nobody, Hutch Mansell est un homme banal que personne ne craint — jusqu’à ce qu’il révèle sa véritable nature. Cette idée de l’apparence trompeuse, chère à Odenkirk, traverse toute sa carrière.

Quelle leçon peut-on tirer de ce parcours ?

Le parcours de Bob Odenkirk montre que le succès n’est pas toujours instantané. Il repose sur des choix, des apprentissages, et parfois, sur des rôles invisibles. Ce caméo, aujourd’hui presque mythique, rappelle que chaque acteur, même le plus discret, peut un jour devenir incontournable. Il faut juste croire en son regard, même quand personne d’autre ne le voit.