Un mercredi pluvieux d’automne, alors que les feuilles dorées tourbillonnent sous le vent, une douce chaleur s’échappe de la cuisine d’Élise et Thomas Berthier. Dans un grand saladier, des flocons d’avoine, des noisettes torréfiées et des lamelles de poire séchée s’entremêlent avec gourmandise. Leur fils Léon, 9 ans, observe, les yeux brillants, sa mère verser le miel chaud sur le mélange. On dirait du chocolat fondu ! s’exclame-t-il. Ce goûter-là n’a rien d’un simple encas : c’est un acte de résistance douce, une réinvention du quotidien, où plaisir, économie et écologie se donnent la main. Car derrière ces gestes simples, une révolution silencieuse est en marche : celle du goûter fait maison, qui redéfinit notre rapport à la nourriture, au budget, et à la planète.
Le goûter, cet ogre du porte-monnaie
Qui n’a jamais glissé un paquet de biscuits dans le cartable de son enfant, par habitude, par facilité, ou simplement parce qu’il était en promotion à la caisse ? Le goûter, tradition incontournable des enfants comme des adultes, s’est transformé en piège financier invisible. Un paquet à 2,50 euros par semaine, ce n’est rien, semble-t-il. Mais multiplié par 52 semaines, cela fait déjà 130 euros. Ajoutez les barres chocolatées, les compotes en sachet, les gâteaux fourrés, et la facture annuelle grimpe à 400, voire 500 euros pour une famille moyenne. Et ce, sans compter les achats impulsifs, les nouveautés marketing, ou les emballages individuels qui s’accumulent dans les poubelles.
Élise Berthier, enseignante en école primaire, se souvient : Avant, je prenais toujours deux paquets de biscuits à la boulangerie le vendredi. Léon adorait les petits gâteaux fourrés. Mais un jour, j’ai calculé : 120 euros par an rien que pour lui. Et pour moi, c’était pareil avec les barres énergétiques du bureau. C’était absurde.
Le marketing joue habilement sur nos émotions : slogans rassurants, sans conservateurs , enrichi en vitamines , fait avec de vrais fruits … Mais derrière ces promesses, souvent, des listes d’ingrédients illisibles, du sucre caché, et des emballages en plastique qui mettent des centaines d’années à disparaître. Le goûter, autrefois moment de douceur, est devenu un poste de dépense galopante et un fardeau écologique.
Pourquoi le fait-maison change tout ?
Face à cette spirale, de plus en plus de familles choisissent de reprendre le contrôle. Le fait-maison, longtemps perçu comme une contrainte, devient une stratégie intelligente. Non seulement il réduit drastiquement les coûts, mais il redonne du sens à l’acte de manger. C’est fou ce qu’on peut faire avec trois ingrédients simples , confie Thomas, père d’un enfant et amateur de cuisine.
Le principe est clair : acheter des matières premières brutes, en vrac de préférence, et les transformer soi-même. Flocons d’avoine, fruits secs, purée de noisettes, farine complète… Ces éléments de base coûtent bien moins cher que leurs versions industrielles, surtout lorsqu’on les utilise pour plusieurs recettes. Et surtout, ils permettent d’éviter les intermédiaires, les marques, les pubs, et les tonnes de plastique.
On a commencé par les barres de céréales, raconte Élise. Et en une semaine, on a vu la différence. Léon les préfère, elles sont moins sucrées, mais plus nourrissantes. Et puis, il adore participer. C’est devenu un rituel du mercredi matin.
Quels sont les bénéfices réels du goûter maison ?
Les gains sont à la fois financiers, écologiques et humains. Financièrement, une barre faite maison coûte entre 15 et 25 centimes, contre 80 centimes à 1,20 euro en magasin. Pour une famille qui consomme une dizaine de goûters par semaine, cela représente une économie de 40 à 50 euros par mois. Sur une année, cela avoisine les 500 euros – une somme qui peut servir à des vacances, des loisirs, ou simplement à respirer financièrement.
Écologiquement, le gain est tout aussi impressionnant. En éliminant les emballages individuels, en utilisant des boîtes réutilisables, et en valorisant les restes (pain rassis, fruits abîmés), on réduit considérablement ses déchets. On a presque arrêté les sachets plastique , sourit Thomas.
Et humainement ? C’est là que la magie opère. Le goûter devient un moment de partage, d’apprentissage, de transmission. Quand on fait la tartinade ensemble, Léon apprend à doser, à mixer, à goûter , explique Élise. Et pour mes parents, qui viennent souvent, c’est un vrai bonheur de retrouver ces gestes simples. Ma mère dit que ça lui rappelle son enfance.
Recette n°1 : barres de céréales ultra-gourmandes… et ultra-économiques
La première arme du goûter maison ? Les barres de céréales. Faciles à réaliser, personnalisables à l’infini, elles s’adaptent à toutes les saisons. En automne, on ajoute des pommes séchées et des noisettes torréfiées ; en été, des abricots secs et de la noix de coco. Pas besoin de four ni de robot : un saladier, une casserole, et un moule suffisent.
Les ingrédients : 200 g de flocons d’avoine, 80 g de noisettes concassées, 80 g de fruits secs, 100 g de miel, 60 g de purée de noisettes, une pincée de sel. On mélange le sec, on chauffe le miel et la purée, on combine, on tasse, on refroidit. Une heure plus tard, la découpe peut commencer.
Le coût ? Moins de 3 euros pour dix barres. C’est moins cher qu’un seul paquet de biscuits premium , rigole Thomas. Et Léon, fier comme un chef, les emporte à l’école en disant : C’est moi qui les ai faites !
Recette n°2 : tartinade cacao-noisette, le goûter zéro compromis
La pâte à tartiner, souvent point faible du goûter industriel, devient ici un allié santé et économique. Exit les huiles de palme, les arômes artificiels, les sucres raffinés. Ici, tout est brut, naturel, dosé à la main.
100 g de noisettes, torréfiées et pelées, 20 g de cacao non sucré, 60 g de sucre blond, 80 ml de lait végétal, une cuillère d’huile de tournesol, une pointe de sel. Mixez, goûtez, ajustez. Le résultat ? Une crème onctueuse, intense, sans additifs.
Je la mets sur du pain complet, dans mes crêpes, ou même sur une banane coupée , raconte Élise. Et si j’ai du pain rassis, je fais des croûtons que je tartine. Rien ne se perd.
La conservation ? Une semaine au réfrigérateur. Mais en général, elle disparaît bien avant.
Recette n°3 : crackers croquants à toutes les sauces
Le cracker maison est le joker du goûter sain. Simple, rapide, et extrêmement polyvalent. Farine complète, graines variées, huile d’olive, eau, sel, et un soupçon d’épices : le mélange est étalé finement, découpé, et cuit 15 minutes à 180°C.
C’est devenu notre base , explique Thomas. On les fait le dimanche, et on en mange toute la semaine. Avec du fromage frais, du houmous, ou simplement nature. Et Léon adore les saupoudrer d’herbes du jardin.
Le coût ? Moins de 2 euros pour une centaine de crackers. Et la boîte hermétique remplace avantageusement les paquets plastique.
Adopter la routine anti-gaspi : goûters maison, planète au top
Le vrai secret du goûter maison, c’est qu’il s’inscrit dans une logique plus large : celle de l’autonomie, de la réduction des déchets, et de la valorisation des ressources. On a appris à ne plus jeter , confie Élise. Un fruit un peu abîmé ? Il finit dans les barres. Du pain sec ? On en fait des croûtons ou on l’incorpore à la pâte.
Les boîtes à goûter réutilisables deviennent des accessoires tendance, durables, et personnalisés. Les copains de Léon trouvent ça cool , sourit Thomas. Et les maîtresses aussi. Elles disent que c’est plus sain, plus calme, moins de déchets à gérer.
Le cercle vertueux est enclenché : moins d’achats, moins de déchets, plus de créativité, plus de plaisir.
Retour sur expérience : 500 euros gagnés, des habitudes adoptées
Un an après avoir lancé leur révolution goûter , les Berthier font le bilan. Les économies ? Environ 45 euros par mois, soit 540 euros sur l’année. On a mis cet argent de côté pour un voyage en Bretagne , raconte Élise. Et on se sent moins stressés financièrement.
Mais au-delà de l’argent, c’est le lien familial qui s’est renforcé. Le mercredi matin, c’est notre moment à nous trois , dit Thomas. On cuisine, on rit, on goûte. C’est simple, mais c’est précieux.
Et pour les grands-parents, invités à participer, c’est un retour aux sources. Ma mère, qui a grandi à la campagne, dit que ça lui rappelle les goûters de son enfance , confie Élise. Elle adore faire les barres avec Léon. C’est un vrai moment de transmission.
A retenir
Le goûter maison permet-il vraiment d’économiser ?
Oui, et de manière significative. En réalisant soi-même barres, tartinades et crackers, une famille peut économiser entre 40 et 50 euros par mois, soit près de 500 euros par an. Le coût des matières premières brutes est bien inférieur à celui des produits transformés, surtout lorsqu’on évite les emballages individuels et les marques premium.
Est-ce compliqué de se lancer ?
Pas du tout. Les recettes sont simples, rapides, et ne nécessitent ni matériel sophistiqué ni compétence culinaire avancée. Avec un saladier, une casserole et un four, on peut réaliser des goûters gourmands et sains. L’important est de commencer petit, par une ou deux recettes, et de s’adapter à ses goûts et à ses contraintes.
Et pour les enfants, ça marche ?
Totalement. Bien au contraire : les enfants adorent participer à la préparation. Ils se sentent impliqués, fiers, et plus enclins à manger ce qu’ils ont fait. De nombreux parents témoignent que leurs enfants préfèrent désormais les versions maison, qu’ils trouvent plus vraies et plus savoureuses.
Quel impact écologique réel ?
Énorme. En éliminant les emballages plastiques, en utilisant des boîtes réutilisables, et en valorisant les restes, on réduit drastiquement ses déchets. Le goûter maison s’inscrit naturellement dans une démarche zéro déchet, anti-gaspi, et respectueuse des saisons.
Peut-on faire cela quand on travaille beaucoup ?
Absolument. La plupart de ces recettes se préparent en moins de 30 minutes, et peuvent être réalisées en une seule fois pour la semaine. Le dimanche, par exemple, devient un moment de préparation efficace et agréable. Et même si on cuisine peu, commencer par une seule recette par semaine fait déjà une différence.