Alors que les feuilles dorées tourbillonnent dans les rues et que l’automne installe son ambiance feutrée, une question discrète mais tenace resurgit dans les conversations de comptoir : faut-il encore conserver un chéquier en 2025 ? Longtemps symbole de modernité et de rigueur financière, le petit carnet rectangulaire semble aujourd’hui dépassé, relégué au fond des tiroirs, voire remplacé par des emojis de cartes bleues dans les conversations. Pourtant, loin de disparaître, le chèque continue de jouer un rôle de joker dans des situations inattendues. Entre tradition et imprévu, son utilité persiste, parfois là où on l’attend le moins.
Le chèque est-il devenu un accessoire du passé ?
Une chute inéluctable dans les habitudes de paiement
En 2025, le règne du chèque semble bel et bien ébranlé. Les statistiques ne mentent pas : 63 % des transactions en France s’effectuent par carte bancaire, 19 % en espèces, et seulement 18 % par chèque. Ce dernier, autrefois omniprésent, est désormais associé à une génération qui traite ses affaires à l’ancienne . Les jeunes adultes, nés avec un smartphone en main, ignorent souvent l’usage du chèque, le jugeant lent, désuet, voire risqué. Pourtant, cette marginalisation progressive ne signe pas pour autant son arrêt de mort. Comme un vieux meuble patiné, il garde une fonction précise, parfois irremplaçable.
Une décision hâtive peut coûter cher
Élise Rambert, 34 ans, mère de deux enfants et consultante en communication digitale, pensait avoir fait le tour du sujet. Je n’avais pas utilisé de chèque depuis trois ans. J’ai demandé à ma banque de ne pas renouveler mon carnet. Trois semaines plus tard, l’école de mon fils m’a envoyé un mail urgent : les frais d’activité périscolaire devaient être réglés par chèque, et aucun autre moyen n’était accepté. J’ai dû courir au guichet pour en commander un express, avec des frais supplémentaires. Une anecdote banale, mais qui illustre bien le piège de l’abandon trop rapide d’un outil de paiement encore en vigueur dans certains circuits. Le tout-numérique, aussi tentant soit-il, ne couvre pas encore l’ensemble des besoins du quotidien.
Dans quels cas le chèquier devient-il indispensable ?
Immobilier : un rituel que rien ne peut remplacer
Lorsqu’on signe un compromis de vente ou qu’on remet un acompte pour un appartement, le chèque de banque reste la norme. Ce n’est pas un hasard. Contrairement à un virement, qui peut être annulé ou mis en attente, le chèque de banque est une preuve de solvabilité immédiate. Il est émis par l’établissement bancaire lui-même, garantissant que les fonds sont disponibles. Pour les notaires, c’est une sécurité juridique incontournable.
Quand on a acheté notre maison à Saint-Malo, on nous a clairement dit : pas de chèque de banque, pas de signature , raconte Julien Marceau, 42 ans, architecte. Ma banque m’a expliqué que même un virement instantané pouvait être contesté dans les jours suivants. Le chèque de banque, lui, est irrévocable. C’était rassurant, surtout sur un montant aussi élevé.
Administrations et vie associative : des circuits encore en mode papier
Malgré les efforts de dématérialisation, de nombreuses structures publiques et associatives fonctionnent encore avec des procédures anciennes. Les inscriptions scolaires, les cotisations aux clubs de sport locaux, les frais de cantine ou les participations aux sorties de classes sont souvent à régler par chèque. Les petites associations, en particulier, n’ont ni les moyens ni l’envie d’investir dans des terminaux de paiement ou des plateformes en ligne.
Je suis trésorière du club de judo de mon village, dans les Ardennes , explique Lucie Thibault. On reçoit environ 120 adhésions par an. Si on devait tout gérer par virement, ce serait le chaos. Les parents oublieraient, les références seraient fausses, et on passerait notre temps à vérifier. Le chèque, c’est clair, tracé, et archivable.
Dépannages et artisans : quand la technologie lâche
Imaginez : une fuite d’eau en pleine nuit, un chauffagiste appelé en urgence, et au moment de régler, votre carte ne passe pas. Le terminal est en panne, ou la connexion est coupée. C’est là que le chèque devient un sauveur. Nombre d’artisans, surtout en milieu rural, acceptent encore préférentiellement les chèques. Pour eux, c’est une méthode simple, peu coûteuse, et qui évite les intermédiaires bancaires.
Je suis plombier depuis vingt ans, je travaille surtout en zone périurbaine , témoigne Yann Levasseur. J’ai vu beaucoup de collègues investir dans des terminaux mobiles, mais ils se plaignent des frais, des pannes, et parfois des délais de remboursement. Moi, je préfère le chèque. Je le dépose le lendemain à la banque, et en trois jours, c’est crédité. C’est fiable.
Quand et où le chèque reste-t-il pertinent ?
Les zones rurales et les marchés locaux
En région parisienne ou dans les grandes métropoles, le paiement sans contact semble partout. Mais traversez la France, et vous verrez encore des panneaux Chèques acceptés sur les étals des marchés de producteurs, chez les boulangers de village, ou aux caisses des petites salles de spectacle. Dans ces lieux, le numérique n’est pas toujours accessible, ou trop cher à mettre en œuvre.
J’organise des brocantes dans le Lot , raconte Nadia Benali, organisatrice d’événements locaux. Beaucoup de vendeurs sont des particuliers, retraités ou amateurs. Ils n’ont pas de compte professionnel, pas de terminal. Le chèque, c’est leur seul moyen sécurisé de recevoir un paiement important. Sans ça, ils ne pourraient pas participer.
Quel profil a encore besoin d’un chéquier ?
La réponse dépend du mode de vie. Si vous êtes célibataire, urbain, adepte du cashless et des abonnements numériques, vous pouvez sans doute vous passer de chèque. Mais si vous avez des enfants, si vous êtes impliqué dans la vie de votre quartier, si vous faites des travaux ou si vous achetez des biens d’occasion entre particuliers, le chèque reste un outil pratique.
J’ai vendu ma voiture l’année dernière sur un site de petites annonces , explique Thomas Delval. L’acheteur voulait payer par chèque de banque. Moi, je n’en avais plus. J’ai dû en commander un express. Finalement, c’était rassurant pour lui comme pour moi : il savait que je ne pouvais pas disparaître avec l’argent, et moi, je savais que le paiement était garanti.
En bref : faut-il encore conserver son chéquier ?
Oui, mais avec discernement. Le chèque n’est plus un outil de paiement de tous les jours, mais il reste un joker essentiel dans des situations précises. Il n’est pas question de revenir à une ère pré-numérique, mais de garder une marge de manœuvre face à l’imprévu. Conserver un carnet de chèques, ce n’est pas renier la modernité, c’est simplement s’armer de pragmatisme.
| Moyen de paiement | Part de marché en France (2025) | Usage typique |
|---|---|---|
| Carte bancaire | 63 % | Tous les achats courants |
| Chèque | 18 % | Paiements importants, administrations, dépannages |
| Espèces | 19 % | Petits achats, marchés, occasions |
Le chèque, loin d’être un fossile, incarne une forme de résilience. Il rappelle que la France, malgré son avancée technologique, reste attachée à la diversité des choix. Il n’est pas le futur, mais il fait partie du présent. Et tant que certaines institutions, certains artisans, certaines écoles ou certains notaires l’exigeront, il aura sa place — même modeste — dans le portefeuille des citoyens.
A retenir
Le chèque est-il encore utile en 2025 ?
Oui, dans des situations spécifiques : achat immobilier, paiements administratifs, transactions entre particuliers, ou règlements auprès d’associations locales. Il reste un moyen de paiement sécurisé et reconnu, surtout là où le numérique peine à s’imposer.
Peut-on se passer de chèque si on vit en ville ?
Pour beaucoup de citadins ultra-connectés, c’est possible. Mais même en milieu urbain, des imprévus peuvent survenir : une cotisation scolaire, un artisan sans terminal, ou un acompte pour un service particulier. Avoir un chéquier sous la main, même rarement utilisé, offre une sécurité.
Quelle est la différence entre un chèque simple et un chèque de banque ?
Le chèque simple est émis par un particulier, et peut être impayé si le compte est insuffisant. Le chèque de banque, lui, est émis par l’établissement bancaire, qui garantit les fonds. Il est donc considéré comme plus fiable, surtout pour les gros montants.
Faut-il craindre la fraude avec les chèques ?
Les risques existent, mais ils sont limités. Depuis plusieurs années, les banques ont renforcé les dispositifs de contrôle. De plus, le chèque de banque est particulièrement sûr, car il est nominatif, non transférable, et ne peut être encaissé que par le bénéficiaire.
Combien de chèques faut-il garder ?
Un carnet de 10 chèques suffit amplement. Il n’est pas nécessaire d’en avoir des dizaines. L’idée n’est pas d’en faire un usage régulier, mais d’avoir quelques formules disponibles en cas de besoin. Certains choisissent même de les garder à la banque, en demande express, pour éviter les pertes.