Crédit Mutuel facture 7,20€ par mois pour cette carte bancaire même sans utilisation

Dans un contexte où les banques rivalisent d’innovation pour fidéliser leurs clients, le Crédit Mutuel a lancé une nouvelle carte bancaire baptisée « Carte Inclus Services ». Cette offre, présentée comme premium, suscite pourtant des interrogations quant à sa valeur réelle pour les consommateurs, notamment en raison de frais mensuels obligatoires. Plongée dans une polémique qui interroge la transparence et l’éthique bancaire.

Quelle est cette nouvelle carte qui fait débat ?

La « Carte Inclus Services » se veut une solution tout-en-un, combinant les fonctionnalités classiques d’une carte bancaire à des assurances voyages et des garanties étendues sur les achats. Un package séduisant sur le papier, mais qui cache une particularité dérangeante : des prélèvements automatiques de 7,20 euros par mois, même si les services ne sont jamais utilisés.

Des frais systématiques, peu importe l’usage

Contrairement à d’autres offres similaires où les services optionnels génèrent des coûts uniquement lors de leur activation, ici, le montant est imputé d’office. Une approche qui heurte les principes de consommation responsable. « C’est comme payer un abonnement Netflix sans jamais allumer sa télévision », compare Elias Bertin, expert en stratégie bancaire.

Comment les clients vivent-ils cette situation ?

Parmi les utilisateurs concernés, Amélie Vercourt, graphiste indépendante à Lyon, témoigne : « Mon conseiller m’a présenté cette carte comme un upgrade gratuit. Ce n’est qu’après trois mois que j’ai remarqué la ligne ‘frais carte’ gonflée sur mon relevé. » Son cas n’est pas isolé : plusieurs clients rapportent avoir sous-estimé l’impact financier lors de la souscription.

Un budget qui s’alourdit insidieusement

Sur une année, ces 7,20 euros mensuels représentent 86,40 euros débités sans contrepartie tangible pour ceux qui n’exploitent pas les services. « En tant qu’étudiante, cette somme équivaut à deux semaines de courses », souligne Louane Taviani, qui a finalement opté pour une carte standard après six mois de paiements superflus.

Que pensent les spécialistes de cette pratique ?

Pour Romuald Pellerin, président de l’Observatoire de la Protection des Usagers Bancaires, « le flou autour de ces frais obligatoires pose problème. Les clients devraient pouvoir consentir en toute connaissance de cause à chaque service facturé. » Une analyse partagée par la Direction Générale de la Concurrence, qui surveille de près ce type de modèle commercial.

Le décryptage des experts financiers

L’économiste Karim El Hadj souligne le paradoxe : « Les banques innovent pour retenir leurs clients, mais des offres mal calibrées produisent l’effet inverse. Ici, la perception d’opacité pourrait nuire à la relation de confiance. » Selon ses calculs, moins de 15% des détenteurs activeraient régulièrement les services premium.

Quelles solutions s’offrent aux consommateurs mécontents ?

Plusieurs pistes existent pour sortir de ce piège financier :

  • Négocier directement avec son conseiller pour basculer vers une formule sans services additionnels
  • Comparer les offres concurrentes (comme la Hello Bank! qui propose des options réellement modulaires)
  • Exercer son droit de rétractation sous 14 jours si la souscription est récente

L’alternative des néobanques

Des acteurs comme Revolut ou N26 remettent en cause ce modèle traditionnel. « Je paie uniquement pour les assurances que j’utilise lors de mes voyages », explique Thibault Soren, utilisateur de Revolut Metal. Cette flexibilité séduit particulièrement les jeunes générations.

Conclusion

Si la « Carte Inclus Services » du Crédit Mutuel répond à une réelle demande de protection étendue pour certains clients, son caractère systématique interroge. À l’ère où la transparence bancaire devient un critère de choix majeur, les établissements traditionnels gagneraient à s’inspirer des pratiques plus flexibles des fintechs. Le prochain bulletin de l’UFC-Que Choisir sur le sujet promet d’être éclairant.

A retenir

La carte est-elle vraiment « inclus services » ?

Non, le terme prête à confusion. Les services sont inclus dans l’offre mais payants par défaut, contrairement à ce que pourrait laisser penser l’intitulé.

Peut-on contester ces frais rétroactivement ?

Oui, dans une certaine mesure. Certains clients ont obtenu un remboursement partiel en démontrant qu’on ne leur avait pas clairement expliqué les conditions.

Existe-t-il des profils pour qui cette carte reste intéressante ?

Les voyageurs fréquents ou les gros acheteurs en ligne peuvent y trouver leur compte, à condition de bien utiliser toutes les garanties proposées pour rentabiliser l’abonnement.