Dépenses de santé des seniors en 2025 : les chiffres qui surprennent

À mesure que l’âge avance, la santé devient un enjeu central dans la vie des seniors. Entre prévention, traitements chroniques et besoins croissants en accompagnement, les dépenses liées au bien-être physique et mental s’imposent comme une priorité budgétaire. Si les retraités bénéficient souvent d’un niveau de vie relativement stable, leurs dépenses de santé grimpent en flèche, dépassant largement celles des plus jeunes. Ce constat soulève des questions essentielles : comment ces frais évoluent-ils avec l’âge ? Quels dispositifs existent pour les maîtriser ? Et surtout, comment les seniors s’adaptent-ils à cette pression financière croissante ? À travers témoignages, données et explications, cet article décrypte le poids des dépenses santé dans la vie des personnes âgées.

Comment évoluent les dépenses de santé avec l’âge ?

À partir de 65 ans, la santé devient un poste budgétaire majeur. En moyenne, les seniors de 65 à 75 ans consacrent 132 euros par mois à leur mutuelle santé. Une somme qui peut paraître élevée, mais qui s’inscrit dans une logique d’anticipation face aux risques liés au vieillissement. Pour Élise Berthier, 69 ans, retraitée de l’enseignement, cette dépense est devenue incontournable : J’ai développé une arthrose sévère il y a trois ans. Sans ma mutuelle, je n’aurais pas pu me permettre les séances de kinésithérapie ni les médicaments remboursés à 65 %.

Cette tendance s’accentue encore après 75 ans. La cotisation moyenne mensuelle grimpe alors à 170 euros. Au-delà de 85 ans, elle peut exploser, en raison de la prise en compte de la perte d’autonomie dans les calculs des assureurs. Plus on vieillit, plus les compagnies d’assurance intègrent le risque de dépendance , explique Thomas Lemaire, conseiller en protection sociale depuis plus de vingt ans. Elles anticipent les hospitalisations, les soins à domicile, les aides techniques… C’est logique, mais cela pèse lourd sur le budget des seniors les plus âgés.

Pourquoi les seniors dépensent-ils davantage en santé que les jeunes ?

Les dépenses de santé des seniors sont environ 6,2 fois supérieures à celles des jeunes adultes de 20 à 29 ans. Cette différence s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, l’accumulation des pathologies chroniques : hypertension, diabète, troubles cardiaques ou dégénérescence oculaire sont fréquents après 60 ans. Ensuite, la fréquence des consultations, des examens de suivi et des traitements prolongés augmente considérablement.

Marcel Garnier, 78 ans, ancien ingénieur, a vu ses dépenses exploser après un infarctus. Avant, je voyais mon médecin deux fois par an. Maintenant, j’ai des rendez-vous mensuels, des scanners, des analyses… Et ce n’est pas tout : il faut aussi penser aux lunettes, aux prothèses auditives, aux orthèses. Une réalité que confirme la Haute Autorité de santé : les seniors consomment 40 % des actes médicaux en France, alors qu’ils représentent 20 % de la population.

Cette surconsommation n’est pas uniquement liée à la maladie. La prévention joue aussi un rôle croissant. Beaucoup de mes patients souhaitent anticiper les risques , note le Dr Cécile Vasseur, gériatre à Lyon. Ils font des bilans complets, des dépistages de cancers, des densitométries osseuses. Ce sont des actes utiles, mais souvent mal ou peu remboursés.

Quel rôle joue l’assurance maladie dans la prise en charge des seniors ?

L’assurance maladie, instituée en 1928, reste le pilier de la protection sociale en France. Elle couvre une partie significative des frais médicaux, notamment les soins liés aux affections de longue durée (ALD), fréquentes chez les seniors. Pour ces pathologies – comme l’insuffisance cardiaque ou le diabète –, le remboursement est total à 100 % sur la base de tarification de la Sécurité sociale.

Sans l’assurance maladie, je serais ruiné , affirme René Dubois, 81 ans, ancien fonctionnaire. Mon traitement contre l’hypertension est remboursé intégralement, tout comme mes consultations chez mon cardiologue. Cependant, cette couverture présente des limites. En cas d’hospitalisation, par exemple, l’assurance maladie ne prend en charge que 80 % des frais sur sa base de remboursement. Or, cette base est souvent inférieure aux tarifs réels pratiqués par les établissements, surtout en secteur 2. Les dépassements d’honoraires, les chambres particulières ou les frais d’accompagnement restent à la charge du patient.

Je me suis fait opérer de la cataracte l’an dernier , raconte Claudine Marchand, 72 ans. L’opération était prise en charge, mais j’ai payé 280 euros pour une chambre individuelle et 120 euros de dépassements d’honoraires. Sans ma mutuelle, cela aurait été difficile à assumer.

La mutuelle senior : un indispensable malgré ses limites

Face aux lacunes de l’assurance maladie, la mutuelle senior s’impose comme un complément essentiel. Elle permet de couvrir les frais restants : optique, dentaire, auditif, hospitalisation, mais aussi parfois les médecines douces. Pourtant, un paradoxe existe : plus on vieillit, plus les cotisations augmentent, tandis que les remboursements deviennent parfois moins avantageux.

J’ai changé de mutuelle à 70 ans , témoigne Hélène Rousseau, 76 ans. Mon ancienne formule augmentait de 12 % par an. J’ai trouvé une offre plus adaptée, mais avec des plafonds plus bas sur les prothèses dentaires. C’est le compromis que l’on doit faire.

Pour répondre à ces enjeux, certaines mutuelles se spécialisent dans les besoins des seniors. Elles proposent des forfaits dédiés aux soins fréquents : prothèses auditives remboursées à 150 %, lentilles progressives prises en charge, ou encore remboursements accrus pour les implants dentaires. Certaines incluent même des services de prévention : bilans de forme, ateliers nutrition, séances de prévention des chutes.

Peut-on se faire rembourser les médecines douces ?

De plus en plus de seniors s’intéressent aux approches complémentaires : acupuncture, homéopathie, ostéopathie, ou encore sophrologie. Ces pratiques, bien que souvent efficaces pour soulager douleurs chroniques ou troubles du sommeil, restent mal remboursées par la Sécurité sociale. Cependant, certaines mutuelles haut de gamme intègrent des forfaits annuels pour ces soins.

Depuis que je fais de l’acupuncture, mes douleurs dorsales ont diminué de moitié , confie Jacques Lenoir, 70 ans, ancien artisan. Ma mutuelle me rembourse 80 euros par an. Ce n’est pas énorme, mais ça aide.

Le forfait prévention, proposé par certaines complémentaires, va plus loin. Il inclut des campagnes de dépistage (cancer du côlon, ostéoporose), des consultations diététiques, ou des programmes d’activité physique adaptée. Ce type de service est précieux , insiste le Dr Vasseur. Il permet de repérer des problèmes tôt et d’éviter des complications coûteuses.

Comment limiter l’impact financier des dépenses santé ?

Pour les seniors aux revenus modestes, plusieurs dispositifs existent. La Couverture Maladie Universelle Complémentaire (CMU-C) permet d’obtenir une complémentaire santé gratuite, adaptée aux besoins des personnes âgées. Elle couvre notamment les frais d’optique, d’audition et de dentaire, avec des plafonds plus élevés que les offres classiques.

Grâce à la CMU-C, j’ai pu me faire poser un appareil auditif qui coûtait plus de 1 200 euros , raconte Andrée Petit, 79 ans, veuve et retraitée des transports. Sans ça, je serais restée seule avec mes difficultés d’écoute.

Par ailleurs, le gouvernement a mis en place des mesures pour rendre les mutuelles plus accessibles aux seniors. Depuis 2020, certaines offres labellisées responsable proposent des tarifs plafonnés pour les personnes de plus de 65 ans. Elles garantissent un minimum de remboursements sur les postes essentiels, sans exclusion de garanties liées à l’âge.

Quel est le poids réel des frais de santé dans le budget des retraités ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Alors que les dépenses de santé représentent 2,7 % du revenu disponible des 26-44 ans, elles atteignent 4,5 % pour les 55-65 ans et jusqu’à 6,6 % pour les plus de 75 ans. Pour un retraité vivant avec 1 800 euros par mois, cela représente plus de 100 euros dédiés exclusivement à la santé, hors dépenses ponctuelles.

Quand on a une petite retraite, chaque euro compte , souligne Élise Berthier. On fait des choix : parfois, on reporte l’achat de nouvelles lunettes, ou on renonce à une séance de physio.

Cette pression budgétaire est d’autant plus forte que les autres dépenses – logement, alimentation, transports – ne baissent pas nécessairement avec l’âge. Certaines études montrent que les seniors consacrent en moyenne 19 % de leur budget à leur logement, surtout s’ils vivent seuls dans une maison non adaptée.

Quelles solutions pour l’avenir ?

L’enjeu est désormais de concevoir des modèles de protection plus équitables. Il faut des mutuelles vraiment adaptées à la pyramide des âges , plaide Thomas Lemaire. Des formules stables, sans hausses abusives, et avec des garanties réelles sur les besoins des seniors : perte d’autonomie, dépendance, soins à domicile.

Des expériences émergent, comme les mutuelles solidaires ou les contrats collectifs négociés par des associations de retraités. À Toulouse, un groupe de 300 seniors a obtenu un tarif négocié à 95 euros par mois pour une couverture complète, grâce à un partenariat avec une mutuelle régionale.

Nous avons montré que la mutualisation fonctionne , affirme Jean-Marc Fournier, coordinateur du projet. En groupe, on a plus de pouvoir. Et on peut exiger des garanties sérieuses.

Conclusion

Les dépenses de santé des seniors ne cessent d’augmenter, devenant un enjeu majeur de pouvoir d’achat et de qualité de vie. Si l’assurance maladie reste un socle solide, elle ne suffit plus à couvrir l’ensemble des besoins. La mutuelle, bien que coûteuse, devient indispensable. Pourtant, des solutions existent : offres labellisées, CMU-C, mutuelles solidaires. L’essentiel est de s’informer, de comparer, et de ne pas subir sa couverture santé. Comme le dit René Dubois : Vieillir, c’est inévitable. Se sentir abandonné par le système, ça, on peut l’éviter.

A retenir

Pourquoi les seniors payent-ils plus cher leur mutuelle ?

Les mutuelles ajustent leurs tarifs en fonction de l’âge et du risque médical. Plus on vieillit, plus les probabilités de soins, d’hospitalisation ou de perte d’autonomie augmentent, ce qui justifie des cotisations plus élevées.

Quels soins sont particulièrement coûteux pour les seniors ?

Les soins dentaires, les prothèses auditives, les lunettes et les hospitalisations sont les postes les plus onéreux. Les traitements pour maladies chroniques, bien que partiellement remboursés, génèrent aussi des frais récurrents.

Peut-on bénéficier d’une mutuelle gratuite ou très bon marché ?

Oui, sous certaines conditions de ressources. La CMU-C permet d’obtenir une complémentaire santé gratuite. De plus, des offres à tarifs maîtrisés existent pour les seniors, notamment via des contrats collectifs ou des mutuelles responsables.

Les médecines douces sont-elles remboursées ?

Elles ne sont pas remboursées par l’assurance maladie, mais certaines mutuelles proposent des forfaits annuels pour l’ostéopathie, l’acupuncture ou l’homéopathie, surtout dans les formules haut de gamme.

Qu’est-ce que le forfait prévention ?

Il s’agit d’un service proposé par certaines mutuelles pour encourager la prévention. Il peut inclure des bilans de santé, des dépistages, des consultations diététiques ou des ateliers de prévention des chutes.