Le 1er octobre 2025, l’atmosphère du conseil communautaire de LBN Communauté était chargée d’attentes et d’espoirs. Dans la salle, élus, professionnels de santé et citoyens se croisaient, échangeant à voix basse sur les annonces à venir. C’est là, au cœur des débats, qu’un projet a suscité un intérêt particulier : l’arrivée prochaine de deux dentistes à la maison de santé de Loué. Une initiative qui pourrait transformer l’accès aux soins dentaires pour des milliers d’habitants, dans une zone où les déserts médicaux pèsent encore lourdement sur la qualité de vie. Ce n’est pas seulement une question d’infrastructures, mais bien d’équité territoriale, de santé publique et de dignité. Derrière ce projet, des chiffres, des contraintes, mais aussi des visages, des parcours et des ambitions partagées.
Quel est le projet de développement de la maison de santé de Loué ?
Depuis son inauguration en juin 2024, la maison de santé de Loué a été pensée comme un modèle intégré de prise en charge médicale. Installée dans un bâtiment moderne de 800 m², elle regroupe déjà plusieurs professionnels : médecins généralistes, infirmiers, kinésithérapeutes, et un psychologue. Mais un espace de 145 m², volontairement laissé vacant, attendait une vocation précise. C’est désormais chose faite : cet espace sera dédié à l’implantation de deux cabinets dentaires. Le choix n’est pas anodin. Dans le secteur, le ratio de dentistes par habitant est bien en dessous de la moyenne nationale. Selon les données de l’Agence régionale de santé, la zone couverte par LBN Communauté comptait, en 2024, un dentiste pour 2 300 résidents, contre un pour 1 400 au niveau national.
Le projet a été porté par Maryline Joyau, vice-présidente en charge de la santé et du social. Nous avions anticipé cette possibilité dès la conception du bâtiment , explique-t-elle. Laisser cet espace libre, c’était une décision stratégique. Nous savions que les besoins en odontologie allaient exploser, surtout avec la prise en charge accrue des soins par l’Assurance maladie. Le financement des travaux d’aménagement – estimé à 310 000 euros – sera assuré à 70 % par la communauté d’agglomération, le reste par des subventions régionales et du Fonds de coopération pour la santé (FCS).
Pourquoi l’arrivée de dentistes à Loué est-elle cruciale ?
Pour les habitants des communes alentour, se faire soigner les dents relève souvent du parcours du combattant. À Loué, mais aussi dans les villages voisins comme Saint-Ouen ou Chassé, les patients doivent parfois parcourir plus de 30 kilomètres pour trouver un praticien disponible. Et encore, quand ils trouvent un rendez-vous. J’ai attendu deux mois pour une extraction , témoigne Élodie Ravel, 42 ans, mère de trois enfants. J’ai eu mal pendant des semaines, j’ai dû prendre des congés pour aller à l’hôpital du Mans. Ce n’est pas normal à l’heure actuelle.
Le manque d’accès aux soins dentaires n’a pas seulement des conséquences physiques. Il touche aussi la dignité, l’estime de soi, voire l’insertion professionnelle. Beaucoup de patients viennent avec des douleurs chroniques, mais aussi avec une honte liée à leur état bucco-dentaire , confie le docteur Julien Carpentier, chirurgien-dentiste libéral à Sablé-sur-Sarthe. Ils évitent de sourire, de parler en public. C’est un frein social énorme.
L’arrivée de deux dentistes à Loué pourrait changer la donne. Les futurs praticiens proviennent d’un groupement basé au Mans, spécialisé dans les soins accessibles et la prévention. Leur modèle repose sur une collaboration étroite avec les médecins généralistes de la maison de santé, pour une approche globale de la santé. On sait que les maladies parodontales sont liées aux risques cardiovasculaires, au diabète… Il faut casser les silos , insiste Maryline Joyau.
Quels sont les obstacles à surmonter avant l’ouverture des cabinets ?
Le projet, bien qu’ambitieux, n’est pas sans obstacles. Les travaux d’aménagement doivent répondre à des normes strictes : ventilation spécifique, circuits de désinfection, accès PMR, et conformité aux exigences de la Haute Autorité de santé. Il ne s’agit pas simplement d’installer des fauteuils et des lampes , précise Thomas Léger, architecte en charge du chantier. Chaque détail compte : l’emplacement des éviers, la gestion des déchets, la sécurité des patients.
Le calendrier est serré. Les travaux doivent débuter en novembre 2025 pour une livraison prévue au printemps 2026. Mais le plus grand défi reste humain : attirer et retenir les professionnels. On ne manque pas de dentistes en France, on manque de dentistes prêts à s’installer en milieu rural , souligne Cécile Vasseur, coordinatrice du pôle santé de LBN Communauté. Pour y parvenir, la collectivité propose des aides à l’installation, un logement de fonction temporaire, et un accompagnement administratif complet. On veut qu’ils se sentent soutenus, pas isolés , ajoute-t-elle.
Comment les habitants perçoivent-ils cette annonce ?
À Loué, l’enthousiasme est palpable. Dans la boulangerie de la place du marché, les conversations tournent autour de cette nouvelle. Enfin ! , s’exclame Bernard Lemoine, 68 ans, retraité. J’ai passé l’âge de faire la queue à l’hôpital pour une couronne. Si je peux être soigné ici, près de chez moi, c’est un gain de temps, mais aussi de sérénité.
D’autres, plus prudents, s’interrogent sur la pérennité du dispositif. On a déjà vu des promesses non tenues , tempère Fanny Berthier, adjointe au maire de Loué. Il faut que ces dentistes restent, qu’ils s’intègrent à la communauté. Ce n’est pas juste une question de soins, c’est une question de lien social.
Pour rassurer, la communauté d’agglomération envisage de mettre en place un comité de suivi, composé de citoyens, de professionnels et d’élus. On veut que ce projet soit co-construit, pas imposé d’en haut , explique Maryline Joyau. Des réunions publiques sont d’ores et déjà prévues pour janvier 2026, afin de recueillir les attentes des usagers.
Quel impact ce projet pourrait-il avoir sur les autres communes ?
Le modèle de Loué pourrait servir de tremplin pour d’autres implantations. LBN Communauté étudie déjà la possibilité de créer des pôles odontologiques à Chantenay-Villedieu et à Écommoy. Si ça fonctionne à Loué, on reproduit ailleurs , affirme le président de la communauté d’agglomération, dans une déclaration relayée par plusieurs médias locaux.
Le succès du projet dépendra toutefois de plusieurs facteurs : la capacité d’attractivité, la qualité des équipements, mais aussi la coordination avec les centres hospitaliers. Il faut éviter la concurrence stérile entre ville et hôpital , prévient le docteur Carpentier. Les maisons de santé doivent compléter, pas remplacer.
Un autre enjeu : la prise en charge des patients les plus vulnérables. Des discussions sont en cours avec la CPAM pour faciliter l’accès aux soins pour les bénéficiaires de la CMU-C ou de l’ACS. On ne veut pas d’un cabinet “premium” réservé à quelques-uns , insiste Cécile Vasseur. L’objectif, c’est l’universalité.
Quelles leçons peut-on tirer de cette initiative ?
Le projet de Loué illustre une tendance croissante : la santé de proximité comme pilier de la politique publique. Plutôt que de concentrer les ressources dans les grandes villes, les collectivités redécouvrent l’importance de l’implantation territoriale équilibrée. Ce n’est pas une question de charité, c’est une question de justice , estime Maryline Joyau.
Il montre aussi l’importance de la prospective. En laissant un espace inoccupé dans la maison de santé, les élus ont fait preuve de vision. Beaucoup de bâtiments sont construits sans flexibilité , analyse Thomas Léger. Ici, on a anticipé l’évolution des besoins. C’est un exemple à suivre.
Enfin, il met en lumière le rôle central des professionnels de santé dans les territoires. Ils ne sont pas seulement des prestataires, ils sont des acteurs du lien social , conclut Fanny Berthier. Quand un dentiste s’installe, ce n’est pas qu’un cabinet qui ouvre. C’est une porte qui s’ouvre sur la dignité.
Conclusion
L’annonce de l’arrivée de deux dentistes à la maison de santé de Loué est bien plus qu’un simple ajout à l’offre médicale. C’est une réponse concrète à une crise d’accès aux soins qui touche des milliers de Français, loin des grandes métropoles. C’est aussi une preuve que des politiques publiques visionnaires, bien financées et co-construites peuvent transformer le quotidien. Les défis restent nombreux – calendrier serré, attractivité des postes, coordination des acteurs – mais l’élan est donné. Dans les mois à venir, les habitants de Loué et des environs attendront, avec espoir, l’ouverture de ces cabinets. Pour beaucoup, ce sera plus qu’un rendez-vous médical : ce sera un soulagement, une reconnaissance, un pas vers une vie plus sereine.
FAQ
Quand les dentistes devraient-ils s’installer à Loué ?
Les travaux d’aménagement doivent commencer en novembre 2025. L’ouverture des cabinets est prévue pour le printemps 2026, sous réserve du respect du calendrier et de la finalisation des recrutements.
Qui finance les travaux ?
Le coût total des aménagements est estimé à 310 000 euros. 70 % seront financés par LBN Communauté, le reste par des subventions régionales et du Fonds de coopération pour la santé.
Les soins seront-ils accessibles à tous ?
Oui, l’objectif est d’assurer un accès équitable. Des discussions sont en cours avec la CPAM pour faciliter la prise en charge des patients bénéficiaires de la CMU-C ou de l’ACS. Les cabinets seront conventionnés.
Les dentistes viennent-ils du privé ou du public ?
Il s’agit de praticiens libéraux, issus d’un groupement basé au Mans. Ils exerceront en libéral, mais en étroite collaboration avec les autres professionnels de la maison de santé.
Y aura-t-il des soins d’urgence dentaire ?
Les modalités d’organisation sont encore en discussion, mais un système de permanence ou de garde est envisagé, en lien avec les autres structures médicales du territoire.
A retenir
Quels sont les points clés du projet ?
Le projet vise à implanter deux cabinets dentaires au sein de la maison de santé de Loué, sur un espace de 145 m² laissé vacant lors de la construction. Financé majoritairement par LBN Communauté, il répond à un besoin criant en soins bucco-dentaires dans un territoire en tension médicale. Les travaux doivent débuter fin 2025 pour une ouverture prévue au printemps 2026. L’accent est mis sur l’accessibilité, la coordination des soins et l’intégration des praticiens dans le tissu local.