Une chance unique de devenir saunier à Oléron en 2025, sans expérience préalable

Chaque année, des femmes et des hommes quittent leurs emplois, leurs villes, parfois leurs métiers pour répondre à un appel plus profond : vivre autrement, au rythme des saisons, en lien avec la terre, l’eau et les gestes précis d’un savoir-faire ancestral. Sur l’île d’Oléron, cet appel prend désormais la forme d’une opportunité concrète, rare et structurée : un espace-test salicole ouvert à tous, véritable tremplin vers une installation durable dans les marais salants. Ce dispositif, à la fois innovant et ancré dans une histoire millénaire, incarne une nouvelle manière d’accompagner les transitions professionnelles, loin des parcours linéaires, au profit d’un apprentissage vivant, progressif et encadré.

Qu’est-ce que l’espace-test salicole d’Oléron ?

L’île d’Oléron, berceau d’une tradition salicole séculaire, relance aujourd’hui un ancien marais longtemps laissé à l’abandon. Situé au Château-d’Oléron, ce terrain, inoccupé depuis près d’un siècle, a été réhabilité pour accueillir un ou une candidate souhaitant s’initier au métier de saunier. Ce n’est pas un stage ni une simple formation, mais un véritable essai professionnel sur un à trois ans, conçu pour permettre à un projet de mûrir dans des conditions réelles de production.

Le dispositif repose sur une collaboration étroite entre la communauté de communes, la coopérative Champs du Partage et le conseil départemental. Ensemble, ils ont conçu un accompagnement complet : suivi technique, appui méthodologique, jalons de progression et cadre contractuel sécurisant. Jérôme Pohu, responsable agriculture sur le territoire, insiste sur l’objectif : « Transformer un intérêt sincère en activité viable, sans brûler les étapes. Le sel, c’est un métier vivant, exigeant, qui ne se décrète pas. Il se construit, geste après geste, saison après saison. »

L’expérience s’appuie sur un précédent réussi : un espace-test agricole dédié au maraîchage, qui a permis à plusieurs porteurs de projet de se lancer dans des exploitations durables. Cette fois, c’est au tour du sel de bénéficier d’un accompagnement similaire, avec une spécificité forte : la transmission d’un savoir-faire en voie de renaissance, où chaque geste compte, où la lumière, le vent et la pluie dictent le rythme.

Pour qui est conçu ce parcours d’essai ?

Le dispositif rompt avec les logiques traditionnelles d’accès aux métiers agricoles. Ici, pas de diplôme requis, pas de limite d’âge, pas de besoin d’expérience préalable. L’entrée se fait sur motivation, volonté d’apprendre et engagement à respecter les exigences du métier. Comme le souligne Élise Berthier, coordinatrice de Champs du Partage : « On ne cherche pas des experts, mais des personnes capables d’écouter, d’observer, de s’adapter. Le sel, c’est aussi un art de la patience. »

Le candidat retenu signe un contrat d’appui au projet d’entreprise (CAPE), d’une durée d’un an, renouvelable deux fois. Ce cadre juridique protège à la fois le porteur de projet et le territoire, en assurant une période d’essai clairement définie. Pendant cette phase, l’accompagnement est constant : formations, visites de marais, conseils techniques, mais aussi appui à la gestion économique et administrative.

Le dispositif s’inscrit dans une volonté d’ouverture. Jusqu’ici, les nouveaux sauniers sur l’île avaient souvent une expérience préalable ou le diplôme unique de saunier délivré à La Turballe. Désormais, des profils atypiques peuvent postuler : un ancien informaticien, une enseignante en reconversion, un artiste en quête de sens. Ce n’est pas le CV qui prime, mais la capacité à s’inscrire dans un rythme naturel, à apprendre par la pratique, et à s’engager dans une activité respectueuse de l’environnement.

Quel témoignage illustre cette ouverture ?

Clément Royer, 38 ans, ancien chef de projet dans le numérique à Bordeaux, a postulé l’an dernier. « J’ai grandi près de l’océan, mais je n’avais jamais mis les pieds dans un marais. Pourtant, l’idée du sel, de ce geste millénaire, me hantait. J’ai tout quitté, avec ma compagne, pour tenter l’aventure. Au début, je ne savais pas distinguer un carreau d’évaporation d’un bassin de cristallisation. Mais chaque jour, j’apprenais. Et aujourd’hui, je comprends que ce métier, c’est à la fois de la science, de l’art et de la méditation. »

Clément a commencé avec vingt carreaux, la surface minimale allouée. Après une année de suivi, d’erreurs, d’observations et de réussites, son projet a été validé pour une extension. Il prépare désormais une installation durable, avec un projet commercial et environnemental solide. Son témoignage illustre ce que le dispositif permet : une transition réaliste, sans prise de risque excessive, mais avec une immersion totale.

Comment se déroule la progression sur le terrain ?

La montée en compétence est progressive, calquée sur les réalités du terrain. Le candidat débute avec une surface modeste de vingt carreaux, suffisante pour produire du sel tout en restant gérable pour un débutant. Cette première phase permet d’acquérir les gestes fondamentaux : l’entretien des bassins, le suivi des marées, la gestion de l’eau, la récolte au râteau, le séchage.

À chaque saison, une évaluation est menée en concertation avec les accompagnateurs. Si les résultats sont concluants — en termes de qualité du sel, de gestion du site, d’adaptation au rythme salicole — une extension vers quarante, voire cinquante carreaux, peut être envisagée. Cette logique de croissance mesurée évite les surenchères initiales et préserve l’équilibre entre ambition et faisabilité.

Le sel produit pendant l’essai est commercialisé, souvent en circuit court ou via des partenariats locaux. Cela permet au candidat de tester un modèle économique, de comprendre les enjeux de valorisation, et de construire peu à peu une clientèle. Comme le précise Jérôme Pohu : « On ne forme pas seulement un technicien du sel, on accompagne un entrepreneur, un artisan, un acteur du territoire. »

Quels sont les enjeux territoriaux et environnementaux ?

L’île d’Oléron compte aujourd’hui treize exploitations salicoles actives, et près de six cents carreaux ont été réhabilités ces dernières années. C’est une renaissance après des décennies de déclin. Pourtant, le potentiel est bien plus grand : autrefois, jusqu’à quatre-vingt-cinq mille carreaux produisaient du sel sur l’île. Ce chiffre, bien qu’historique, rappelle l’ampleur de ce patrimoine vivant.

Le dispositif d’espace-test s’inscrit dans une stratégie plus large de revitalisation des marais. Ces zones humides, précieuses pour la biodiversité, retrouvent une fonction productive tout en servant de réserve écologique. Les sauniers sont à la fois des producteurs et des gestionnaires d’espaces naturels. Leur présence permet de maintenir les digues, de surveiller les eaux, de favoriser la faune et la flore locales.

Par ailleurs, le sel d’Oléron, produit selon des méthodes traditionnelles, est un atout pour le tourisme, la gastronomie et l’identité locale. Chaque carreau réhabilité est une parcelle de mémoire retrouvée, un geste concret pour ancrer l’économie locale dans le durable.

Quel calendrier suivre pour postuler ?

Les candidatures pour l’espace-test salicole sont ouvertes jusqu’au 30 septembre. Cette date permet aux porteurs de projet de préparer leur dossier, de visiter les lieux, de rencontrer les acteurs du dispositif. Une commission de sélection se réunit en novembre pour examiner les dossiers, sur la base de la motivation, du projet, et de la capacité d’adaptation.

Le lancement officiel est prévu début 2026, juste avant la saison salicole, qui débute avec le redoux printanier. Cette période est cruciale : c’est alors que l’on prépare les bassins, que l’on ajuste les niveaux d’eau, que l’on s’apprête à capter les premières marées. Le candidat retenu intègre donc le cycle naturel dès le départ.

Un kit d’information est mis à disposition, détaillant les attentes, les étapes du parcours, les obligations et les appuis disponibles. Des réunions d’information sont également organisées sur l’île, ouvertes à tous ceux qui souhaitent en savoir plus.

En quoi ce dispositif change-t-il les trajectoires ?

Plus qu’un simple accompagnement, l’espace-test salicole d’Oléron incarne une nouvelle philosophie de l’installation en agriculture. Il reconnaît que les vocations naissent parfois tardivement, que les parcours ne sont pas linéaires, et que l’apprentissage se fait mieux par la pratique que par les livres.

Il répond aussi à un besoin concret : maintenir vivante une activité exigeante, en formant de nouveaux sauniers capables de perpétuer un savoir-faire fragile. En sécurisant l’entrée dans le métier, en accompagnant la montée en compétence, en offrant un terrain d’essai réel, le dispositif transforme un rêve en projet réalisable.

Comme le résume Élise Berthier : « On ne veut pas juste des sauniers, on veut des ambassadeurs du sel, des personnes capables de transmettre, d’innover, de s’inscrire dans une histoire plus grande. Ce dispositif, c’est une porte ouverte, mais aussi une exigence : celle de la qualité, du respect du milieu, et de la persévérance. »

A retenir

Quel est l’objectif principal de l’espace-test salicole ?

L’objectif est de permettre à une personne motivée, même débutante, de tester concrètement le métier de saunier sur un à trois ans, dans un cadre sécurisé et accompagné, avant de s’installer durablement.

Faut-il avoir une expérience ou un diplôme pour postuler ?

Non, aucune expérience ni diplôme n’est exigé. Le dispositif est ouvert à tous, sur la base de la motivation, de la volonté d’apprendre et de l’engagement dans un projet de reconversion.

Quelle est la durée et la structure de l’accompagnement ?

L’accompagnement dure de un à trois ans, sous la forme d’un contrat d’appui au projet d’entreprise (CAPE), renouvelable deux fois. Il inclut un suivi technique, des formations, et une progression graduelle de la surface de production.

Quelle surface de marais est allouée au débutant ?

Le candidat débute avec vingt carreaux. Après évaluation, une extension vers quarante ou cinquante carreaux est possible, selon la maîtrise du métier et la viabilité du projet.

Quand faut-il postuler et quand commence le dispositif ?

Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 30 septembre. La sélection a lieu en novembre, et le lancement officiel du dispositif est prévu début 2026.

Quel est l’impact environnemental du projet ?

La réhabilitation des marais salants participe à la préservation d’un écosystème fragile, riche en biodiversité. Les sauniers jouent un rôle actif dans l’entretien des zones humides et la gestion durable de l’eau.

Le sel produit pendant l’essai peut-il être vendu ?

Oui, le sel produit est commercialisé, permettant au candidat de tester un modèle économique, de construire une clientèle et de valoriser son travail dès la phase d’essai.