Escroqueries en hausse dans les parkings souterrains : les seniors ciblés en 2025

Les parkings souterrains, conçus pour simplifier la vie des usagers en milieu urbain, sont devenus, malheureusement, des lieux de prédilection pour des escroqueries sophistiquées. Ces espaces confinés, souvent mal éclairés et peu fréquentés, offrent un terrain idéal aux fraudeurs qui ciblent une population particulièrement vulnérable : les personnes âgées. Ces dernières, parfois moins familières avec les technologies de paiement ou les procédures de sécurité, se retrouvent manipulées en quelques minutes, laissant derrière elles non seulement des pertes financières, mais aussi un profond sentiment d’insécurité. À travers des témoignages réels, une analyse des méthodes employées et des solutions concrètes, cet article explore un phénomène qui touche de plus en plus de foyers français.

Comment les escrocs opèrent-ils dans les parkings souterrains ?

Les arnaques dans les parkings souterrains ne suivent pas un schéma unique, mais elles partagent une constante : l’exploitation de la confiance. Les fraudeurs adoptent des comportements rassurants, souvent en se présentant comme des agents de sécurité, des techniciens ou des employés du parking. Leur apparence soignée, parfois même accompagnée d’un faux badge ou d’une tenue ressemblant à un uniforme, renforce leur crédibilité aux yeux des usagers, surtout chez les seniors qui ont tendance à respecter l’autorité.

Le scénario type se déroule généralement ainsi : une personne âgée tente de sortir du parking, bloque à la barrière de paiement, ou semble hésiter devant la machine. C’est à ce moment précis qu’un individu intervient, proposant son aide avec empressement. « Je suis là pour vous aider, madame, ne vous inquiétez pas », lance-t-il souvent d’un ton bienveillant. Il prend alors la carte bancaire, la glisse dans la machine, parle de problème technique, ou propose de régler l’affaire via un terminal mobile. Pendant ce temps, les données sont copiées, voire le code saisi discrètement.

Geneviève Lemaire, 78 ans, habitante de Lyon, a vécu cette situation début 2024. « J’étais pressée, je venais de faire mes courses, raconte-t-elle. Un homme en veste noire, avec un badge plastifié autour du cou, m’a dit qu’il était chargé de l’assistance technique. Il a pris ma carte, a fait semblant de la passer dans un petit appareil, et m’a demandé de taper mon code “pour vérification”. Je n’ai rien compris sur le moment. » Quelques heures plus tard, trois transactions suspectes apparaissaient sur son relevé bancaire, totalisant plus de 1 200 euros. « Je me suis sentie honteuse, comme si j’avais été naïve. Mais comment aurais-je pu deviner ? »

Quelles sont les formes les plus courantes de ces fraudes ?

Le faux agent de sécurité

C’est la méthode la plus répandue. L’escroc se présente comme un employé du parking, parfois muni d’un faux badge ou d’un talkie-walkie. Il propose son aide pour régler un prétendu dysfonctionnement du système de paiement. Une fois la carte en main, il la copie ou la photographie, et enregistre le code saisi par la victime.

L’arnaque au “paiement mobile”

Un complice approche l’usager en affirmant que le terminal principal est hors service, mais qu’un système de paiement mobile est disponible. Il sort alors un smartphone ou une tablette avec une application de paiement, demande la carte et le code. Ces appareils, bien que ressemblant à des outils professionnels, sont en réalité des dispositifs de clonage.

Le stratagème du “remboursement”

Dans certains cas, l’escroc affirme que l’usager a été surfacturé et propose un remboursement immédiat. Pour cela, il demande les coordonnées bancaires ou la carte elle-même, arguant que le processus est automatisé. Ce type d’arnaque joue sur la bonne foi et la surprise du bénéficiaire.

Le vol par distraction

Moins technique mais tout aussi efficace, ce stratagème consiste à créer une situation de distraction : faire tomber des documents, demander de l’aide pour porter un objet, ou provoquer une fausse urgence. Pendant que la personne est désorientée, la carte est subtilisée, ou un retrait est effectué à son insu.

Quelles sont les conséquences pour les victimes ?

Le préjudice financier est souvent le premier élément évoqué, mais il ne reflète qu’une partie du malaise subi par les victimes. Pour beaucoup de seniors, ces arnaques marquent un tournant dans leur rapport à l’espace public. Après avoir été dupés, ils développent une méfiance accrue, voire une forme d’angoisse face aux interactions humaines dans les lieux publics.

Geneviève Lemaire, depuis son incident, refuse de se garer en souterrain. « J’ai pris l’habitude de tourner en rond pour trouver une place en surface, même si ça me prend plus de temps. Je ne fais plus confiance à personne. » Ce changement de comportement, bien que compréhensible, peut conduire à un isolement progressif, surtout pour ceux qui vivent seuls ou ont des difficultés de mobilité.

Le docteur Élise Toussaint, psychologue spécialisée dans le vieillissement, souligne que « ces expériences traumatisantes peuvent aggraver des états d’anxiété préexistants. La perte de contrôle, combinée à un sentiment de honte, peut pousser les personnes âgées à se retirer de certaines activités sociales, comme faire leurs courses ou rendre visite à leurs proches. »

Quels sont les chiffres et tendances récentes ?

Les statistiques récentes confirment l’ampleur du phénomène. Selon une étude menée par l’Observatoire national de la délinquance urbaine, 32 % des escroqueries en milieu urbain ont lieu dans ou autour de parkings souterrains. Ce chiffre, en hausse de 10 % par rapport à 2023, montre une évolution inquiétante. Les régions les plus touchées sont l’Île-de-France, Lyon, Marseille et Lille, où la densité de parkings souterrains et la fréquentation par les seniors sont élevées.

Par ailleurs, les montants escroqués ont augmenté en moyenne de 40 % en deux ans. Alors qu’en 2022, les pertes s’élevaient à environ 600 euros par victime, elles atteignent désormais plus de 850 euros. Dans certains cas, des comptes ont été vidés en plusieurs retraits sur des distributeurs dans les 24 heures suivant le vol des données.

Comment se protéger efficacement ?

Ne jamais laisser sa carte sortir de son champ de vision

La règle d’or, répétée par les banques et les forces de l’ordre, est simple : votre carte bancaire ne doit jamais quitter vos mains. Si quelqu’un vous la demande, refusez poliment. « Même si la personne semble officielle, attendez d’être en sécurité pour demander de l’aide », insiste Antoine Rivière, expert en cybersécurité.

Vérifier l’identité des agents

Un véritable agent de sécurité porte un badge professionnel, souvent avec photo, nom et entreprise affiliée. N’hésitez pas à lui demander de vous montrer son accréditation. En cas de doute, contactez le service d’information du parking via l’interphone ou appelez le numéro affiché sur les murs.

Utiliser des paiements sans contact ou applications mobiles

De plus en plus de parkings proposent des solutions de paiement via application. Ces systèmes, liés à un compte personnel, réduisent les risques de fraude. Ils permettent également de suivre les transactions en temps réel et de bloquer immédiatement toute activité suspecte.

Surveiller ses relevés bancaires

Il est crucial de consulter régulièrement ses comptes, surtout après une visite dans un parking. En cas de transaction non reconnue, contacter immédiatement la banque pour bloquer la carte et engager une procédure de remboursement.

Quelles solutions collectives peuvent être mises en place ?

La lutte contre ces arnaques ne peut pas reposer uniquement sur les individus. Une réponse coordonnée entre gestionnaires de parkings, municipalités et forces de l’ordre est indispensable.

À Bordeaux, une initiative pilote a été lancée en 2023 : des agents municipaux en uniforme patrouillent régulièrement dans les parkings souterrains, accompagnés de caméras mobiles. Des affiches de prévention, en gros caractères et avec des pictogrammes, ont été installées à chaque entrée. « Depuis, les signalements ont baissé de 60 % », affirme Léa Bompard, adjointe à la sécurité de la ville.

Par ailleurs, certains parkings ont adopté des systèmes de paiement biométriques ou des bornes avec reconnaissance faciale, limitant les interactions physiques. Ces technologies, bien que coûteuses, offrent une sécurité accrue et rassurent les usagers.

Comment sensibiliser les seniors ?

La prévention passe aussi par l’éducation. Des ateliers de simulation sont désormais organisés dans plusieurs villes, notamment à Toulouse et à Nantes. Animés par des policiers ou des bénévoles formés, ces ateliers plongent les participants dans des scénarios réalistes d’arnaques.

« On leur montre comment réagir, comment poser les bonnes questions, comment dire non », explique Marc Delage, coordinateur d’un programme senior à Toulouse. « Ce qui est frappant, c’est à quel point les gens se sentent plus armés après une seule séance. »

Yvon Dumas, 81 ans, a participé à l’un de ces ateliers. « J’ai vu exactement ce qui était arrivé à Geneviève. Ils ont simulé la scène avec un acteur. J’ai compris que je n’aurais jamais dû donner ma carte. Maintenant, je le sais. »

Conclusion

Les escroqueries dans les parkings souterrains ne sont pas de simples faits divers. Elles révèlent une faille dans notre système de sécurité urbaine et une vulnérabilité accrue des personnes âgées face à des méthodes de fraude de plus en plus élaborées. Si la vigilance individuelle reste essentielle, elle ne suffit pas. Une réponse globale, combinant prévention, éducation et renforcement des contrôles, est nécessaire pour protéger les citoyens les plus exposés. Le but n’est pas de créer une société paranoïaque, mais de permettre à chacun, quel que soit son âge, de circuler en ville en toute sécurité.

A retenir

Comment reconnaître un faux agent de sécurité ?

Un véritable agent porte un badge officiel, souvent avec photo, nom et entreprise. Il ne demande jamais votre carte bancaire ni votre code. En cas de doute, refusez l’aide et contactez le service du parking via les interphones ou numéros affichés.

Que faire si on se fait escroquer ?

Bloquez immédiatement votre carte via l’application bancaire ou en appelant votre banque. Portez plainte auprès de la police ou de la gendarmerie, et conservez tous les éléments (relevés, témoignages, vidéos de surveillance si disponibles). La plupart des banques remboursent les victimes si l’escroquerie est signalée rapidement.

Les parkings publics sont-ils plus sûrs que les privés ?

Pas nécessairement. Les deux types de parkings sont concernés. Cependant, les parkings gérés par des collectivités locales tendent à avoir des mesures de sécurité plus strictes, comme des caméras de surveillance ou des agents réguliers. Il est toujours bon de privilégier les parkings bien fréquentés et bien éclairés.

Les arnaques ciblent-elles uniquement les seniors ?

Bien que les seniors soient les principales victimes, ces arnaques touchent aussi des jeunes adultes ou des touristes peu familiers avec les lieux. Toutefois, les seniors restent la cible privilégiée en raison de leur méfiance moindre face à l’autorité et de leur moindre exposition aux nouvelles formes de cybercriminalité.