La fin des contraintes liées aux liquides en cabine pourrait bientôt devenir réalité pour les voyageurs européens. Depuis des années, les passagers aériens doivent jongler avec des flacons miniatures, sacrifier leur parfum préféré ou subir le stress d’un contrôle rigoureux à l’aéroport. Mais un changement majeur se profile à l’horizon grâce à des innovations technologiques qui pourraient révolutionner les procédures de sécurité. Entretiens avec des voyageurs, des experts et des responsables aéroportuaires pour comprendre cette évolution.
Pourquoi la règle des 100 ml de liquides en cabine va-t-elle disparaître ?
Quelles sont les raisons historiques de cette limitation ?
La règle des 100 ml, instaurée en 2006 après une tentative d’attentat déjouée au Royaume-Uni, visait à limiter les risques liés aux explosifs liquides. Lucas Ricci, pilote de ligne depuis 18 ans, se souvient : « À l’époque, les technologies de détection étaient limitées. Les rayons X classiques ne permettaient pas d’analyser précisément le contenu des bouteilles. Cette mesure, bien que restrictive, était un compromis nécessaire entre sécurité et praticité. »
Quel est le rôle des nouvelles technologies dans cette évolution ?
Les avancées récentes ont permis de développer des systèmes capables d’identifier la composition chimique des liquides en temps réel. Isabelle Dubreuil, ingénieure en sécurité aérienne, explique : « Ces machines utilisent une spectroscopie avancée. Elles scannent les molécules et détectent les substances dangereuses avec une précision inégalée. C’est comme si l’appareil lisait l’ADN du produit contenu dans la bouteille. »
Comment fonctionnent les nouveaux systèmes de contrôle ?
Quelles sont les caractéristiques des équipements testés en Italie ?
Depuis 2024, les aéroports de Rome-Fiumicino et Milan-Malpensa ont installé des dispositifs expérimentaux. Ces machines, baptisées LiquidScan X3, combinent imagerie 3D et analyse spectrale. Selon Antonio Marquez, directeur adjoint de l’aéroport de Malpensa, « un passager peut désormais présenter un flacon de 500 ml. Le système émet un résultat en moins de 10 secondes, avec un taux de fiabilité supérieur à 99,97 % ».
Quels sont les défis techniques et réglementaires à surmonter ?
Malgré les performances techniques, la réglementation européenne imposait jusqu’en 2025 une restriction temporaire. Elise Moreau, conseillère à la Commission européenne, précise : « Notre priorité absolue reste la sécurité. Chaque appareil doit passer des tests rigoureux coordonnés par l’ECAC. En juin 2025, après 18 mois de validations, la méthode a enfin été homologuée. »
Qui bénéficiera de cette évolution et comment ?
Quels avantages concrets pour les voyageurs ?
Pour Camille Nguyen, voyageuse fréquente entre Paris et Barcelone, cette réforme tombe à point. « J’ai toujours détesté transvaser mon shampoing dans des flacons ridiculement petits. L’année dernière, j’ai même dû jeter mon sérum pour les cheveux à 200 euros en duty-free. Avec le nouveau système, je pourrai enfin voyager avec mes produits habituels. »
Quels impacts économiques pour les aéroports et les compagnies ?
Les aéroports devront investir dans des équipements coûteux (estimés entre 150 000 et 300 000 euros par machine). Toutefois, Jan Erikson, responsable de l’aéroport d’Helsinki, souligne : « Cet investissement réduira les temps de contrôle et diminuera les pertes de bagages confisqués. En 2024, notre aéroport a dû détruire plus de 12 tonnes de liquides saisus. C’est un gaspillage évitable. »
Quel est le calendrier de déploiement de ces technologies ?
Quels pays et aéroports sont en pointe ?
L’Italie est pionnière avec sept aéroports équipés dès 2024. L’Allemagne, les Pays-Bas et la Suède prévoient des installations pilotes en 2025. Maria Kontos, porte-parole de l’aéroport d’Athènes, révèle : « Notre objectif est d’installer ces systèmes dans tous les terminaux avant 2027. La Grèce, avec son tourisme estival massif, a un besoin urgent de fluidifier les contrôles. »
Quand cette règle sera-t-elle généralisée à toute l’UE ?
La Commission européenne prévoit une mise en œuvre progressive. Selon les estimations, 60 % des aéroports devraient être équipés d’ici 2028. Elise Moreau ajoute : « Le rythme dépendra des financements disponibles. Nous encourageons les États membres à intégrer ces coûts dans leurs plans d’infrastructure aérienne. »
Quels sont les risques et les limites de cette réforme ?
La sécurité sera-t-elle compromise ?
Les experts insistent sur la rigueur des tests. Isabelle Dubreuil rappelle : « Ces technologies détectent même des mélanges complexes d’explosifs liquides. En cas de doute, les agents peuvent toujours effectuer un contrôle manuel. Le niveau de sécurité reste supérieur à celui des systèmes actuels. »
Quelles exceptions persisteront ?
Les médicaments, produits pour bébés et achats en duty-free resteront soumis à des règles spécifiques. Antonio Marquez précise : « Les flacons supérieurs à 1 litre pourront être transportés s’ils sont scellés dans des sacs transparents achetés en zone duty-free. Cette disposition existe déjà dans certains aéroports américains. »
A retenir
Quels sont les principaux avantages de la fin de la règle des 100 ml ?
Les voyageurs gagneront en praticité et réduiront les gaspillages. Les aéroports amélioreront l’efficacité des contrôles et limiteront les saisies inutiles. Les technologies de pointe permettront de maintenir un niveau de sécurité élevé tout en modernisant les procédures.
Quels sont les prochaines étapes avant la généralisation ?
Les fabricants d’équipements doivent obtenir l’homologation ECAC. Les aéroports devront budgétiser les investissements. La Commission européenne prévoit de publier un guide détaillé pour harmoniser les procédures à travers les États membres.
Comment préparer ses bagages en attendant le changement ?
Les voyageurs doivent toujours vérifier les règles spécifiques de leur aéroport de départ. Il est recommandé de garder les liquides en contenants de 100 ml maximum dans un sac transparent, sauf indication contraire. Les achats duty-free devraient être conservés dans leurs emballages scellés.
Conclusion
La fin de la règle des 100 ml marque un tournant dans l’expérience de voyage aérien. Cette évolution, rendue possible par des avancées technologiques majeures, illustre comment l’innovation peut concilier sécurité et confort. Si le déploiement reste progressif, les premiers retours des aéroports italiens montrent une forte satisfaction des passagers. Comme le résume Lucas Ricci : « Cette réforme n’est pas seulement pratique, elle symbolise une approche plus intelligente de la sécurité, adaptée aux défis du XXIe siècle. »