Fin des espèces : cette mesure radicale de Darmanin qui bouleverserait votre quotidien

Imaginez un monde où votre portefeuille ne contiendrait plus que des cartes bancaires et des smartphones. Une proposition choc de Gérald Darmanin relance le débat sur la disparition de l’argent liquide, présentée comme une arme absolue contre les trafics. Mais derrière les bonnes intentions se cachent des réalités économiques et sociales bien plus complexes. Plongeons dans les méandres d’une révolution monétaire qui toucherait chaque citoyen.

Pourquoi l’argent liquide reste-t-il indispensable dans notre quotidien ?

Le matin, Élodie Vasseur, boulangère à Arles, ouvre sa caisse enregistreuse comme tous les jours depuis quinze ans. « Sur dix clients, six paient encore en espèces, surtout pour les petites sommes », confie-t-elle. Cette réalité concrète reflète les chiffres de la Banque de France : 50% des transactions en point de vente se font avec des billets. Une habitude profondément ancrée, notamment pour les achats inférieurs à 15€, qui représentent 68% des paiements en espèces selon l’enquête PACE 2024.

Julien Morel, garagiste indépendant près de Toulouse, ajoute : « Mes clients âgés ou ceux qui veulent négocier un petit dépannage préfèrent le cash. Les frais bancaires me coûtent déjà 3% sur chaque transaction par carte. » Un constat partagé par les petits commerçants qui voient dans l’argent liquide une liberté face aux géants du paiement électronique.

La lutte contre les trafics justifie-t-elle la suppression du cash ?

Alors que Gérald Darmanin brandit l’argument de la criminalité, Alexandre Kerrien, ancien policier spécialisé dans le blanchiment, tempère : « Les réseaux se sont adaptés depuis longtemps. Après les saisies record de 2022, ils ont migré vers les cryptomonnaies offshore ou les transferts internationaux. Supprimer le cash ne fera que déplacer le problème. »

Pire encore, cette mesure risquerait d’alimenter l’économie parallèle. « Quand les gens ne peuvent plus payer officiellement en espèces, ils se tournent vers le marché noir », explique Clara Dumont, économiste spécialiste des flux financiers informels. Son étude récente montre que 23% des petits artisans déclarent déjà avoir recours à des arrangements en liquide pour survivre face à la concurrence des grandes enseignes.

Qui seraient les grandes victimes d’une disparition du cash ?

Dans un foyer de Nanterre, Marie-Lou Besson, 78 ans, range méticuleusement ses billets sous une pile de draps. « Internet ? Je ne sais pas m’en servir. Et puis, comment je ferais mes courses au marché sans argent liquide ? » Son témoignage rejoint celui de millions de seniors, mais aussi des sans-abris comme Kévin Tissier, rencontré devant une épicerie sociale parisienne : « Les associations nous donnent parfois quelques euros. Sans cash, je ne pourrais même pas acheter un sandwich. »

Marc Schwartz, PDG de la Monnaie de Paris, souligne un autre aspect : « Lors des crises, comme pendant la pandémie ou les coupures électriques, les gens se ruent sur les distributeurs. Le cash reste leur ultime filet de sécurité psychologique. » Une étude de la BCE confirme que 41% des Européens considèrent les espèces comme une réserve de valeur essentielle en période d’instabilité.

Quels sont les obstacles juridiques à cette suppression ?

En 2021, un épicier lyonnais a écopé d’une amende de 150€ pour avoir refusé un paiement en espèces. Un cas qui illustre le cadre juridique rigide de l’Union européenne. « Le règlement 974/98 est clair : l’euro en espèces a cours légal partout dans la zone euro », rappelle Maître Sophie Garnier, spécialiste en droit bancaire. « Toute tentative d’interdiction générale se heurterait à Bruxelles. »

La Banque de France maintient fermement cette position. Son gouverneur récent déclarait encore : « Les espèces garantissent l’accès universel aux paiements, c’est une question de souveraineté monétaire. » Un principe qui semble intouchable, alors que seuls 13% des Français se disent prêts à abandonner complètement le cash selon un sondage récent de l’Institut Montaigne.

Quelles alternatives crédibles au tout-numérique ?

Face aux risques de fracture sociale, certains pays innovent. En Suède, malgré une société quasi sans cash, le gouvernement a dû instaurer des quotas minimaux d’acceptation des espèces. « Nous avons créé des cartes prépayées anonymes pour les exclus bancaires », explique Johan Lindqvist, responsable d’une association caritative à Stockholm.

En Allemagne, où la culture du cash reste forte, des villes testent des « euros numériques » offline, fonctionnant sans connexion internet. « C’est techniquement complexe, mais cela préserve l’anonymat des petites transactions », commente Hans Weber, développeur blockchain à Berlin. Des pistes intéressantes, mais encore loin d’être généralisables.

Conclusion : un débat qui dépasse la simple monnaie

La question du cash soulève des enjeux bien plus profonds qu’une simple modernisation des paiements. Elle interroge notre rapport à la liberté individuelle, à la vie privée, et à l’inclusion sociale. Comme le résume Clara Dumont : « Supprimer l’argent liquide, c’est comme couper une branche pourrisse… sans voir que tout l’arbre est malade. » Entre innovations technologiques et réalités humaines, le chemin vers une société sans cash semble encore long et semé d’embûches.

A retenir

L’argent liquide va-t-il vraiment disparaître ?

Pas à court terme. Les obstacles juridiques, techniques et sociaux sont trop importants, malgré la volonté politique affichée.

Qui dépend le plus du cash aujourd’hui ?

Les petits commerçants, les seniors, les personnes sans compte bancaire et les habitants des zones rurales mal desservies numériquement.

Le cash favorise-t-il vraiment la criminalité ?

Oui en partie, mais son abolition ne résoudrait pas le problème. Les trafiquants utilisent déjà massivement d’autres canaux comme les cryptomonnaies ou le blanchiment via l’immobilier.

Existe-t-il des solutions intermédiaires ?

Plusieurs pistes émergent : plafonnement des paiements en espèces plutôt qu’interdiction, développement de monnaies numériques offline, ou systèmes hybrides comme en Suède.

Pourquoi les Français sont-ils si attachés au cash ?

Pour des raisons culturelles (habitude), pratiques (simplicité) et psychologiques (sentiment de sécurité et de contrôle sur ses dépenses).