Changer de banque, c’est souvent bien plus qu’une simple décision financière. C’est un acte symbolique, parfois salvateur, qui s’accompagne d’un espoir de renouveau : réduire ses frais, mieux gérer son budget, ou encore s’aligner avec des valeurs éthiques plus fortes. Pourtant, ce beau projet peut vite tourner au cauchemar si, au moment de fermer son compte, une facture inattendue atterrit sur la table. En automne 2025, alors que de nombreux foyers français cherchent à reprendre le contrôle de leurs finances, il devient crucial de savoir ce qui se cache derrière la fermeture d’un compte bancaire. Car si la loi promet une sortie gratuite, la réalité est souvent plus complexe. Et c’est précisément ce décalage entre théorie et pratique qui piège des milliers de consommateurs chaque année.
La fermeture de compte est-elle vraiment gratuite ?
En France, la réponse est claire sur le papier : oui, la fermeture d’un compte courant à l’initiative du client est entièrement gratuite. Ce droit est inscrit dans l’article L312-1-1 du Code monétaire et financier, en vigueur depuis plusieurs années. Il s’agit d’un acquis important pour les consommateurs, qui leur permet de changer d’établissement sans se heurter à une barrière financière. Pourtant, cette gratuité ne s’applique que si certaines conditions sont remplies. Et c’est là que le bât blesse.
Le piège ne réside pas dans la fermeture elle-même, mais dans tout ce qui y est rattaché. Un compte bancaire, ce n’est jamais qu’un simple RIB. C’est un écosystème de services : carte bancaire, découvert autorisé, assurances, prélèvements automatiques, comptes-titres, etc. Si l’un de ces éléments n’est pas correctement résilié ou soldé, la banque peut légalement appliquer des frais. Et ces frais, souvent perçus comme une trahison de la promesse de gratuité, peuvent vite s’additionner.
Pourquoi des frais apparaissent-ils malgré la gratuité légale ?
La loi est claire, mais les banques aussi : elles ne facturent pas la fermeture du compte, elles facturent la gestion de ce qui reste en suspens. C’est une nuance juridique mais cruciale. Et c’est précisément cette distinction que beaucoup de clients ne perçoivent pas à temps.
Cartes bancaires et découverts : les pièges les plus fréquents
Prenez le cas de Camille Legrand, 42 ans, cadre dans une entreprise de logistique à Lyon. Elle décide de quitter sa banque historique pour rejoindre une néobanque plus transparente sur les frais. Tout semble en ordre : elle a transféré ses virements, résilié ses abonnements, et son compte est à zéro. Mais un mois après la fermeture, un prélèvement de 48 euros apparaît. J’ai cru à une erreur , raconte-t-elle. En appelant, on m’a expliqué que ma carte bancaire, bien que non utilisée depuis des mois, avait une cotisation annuelle proratisée. Comme elle avait été renouvelée en janvier, je devais payer les 11 mois restants.
Le scénario est classique. Les cartes bancaires à débit différé ou avec abonnement annuel ne se ferment pas automatiquement. Si le client ne demande pas explicitement la résiliation, la banque considère que le service est toujours actif. Et tant pis si la carte est restée dans un tiroir.
Autre piège redoutable : le découvert autorisé. Même si le solde du compte est positif, un découvert non soldé peut générer des intérêts débiteurs, des frais de rejet ou des pénalités. J’avais oublié que j’avais un découvert de 500 euros autorisé , confie Thomas Berthier, 35 ans, artisan à Bordeaux. Je pensais que puisque je ne m’en servais pas, il n’y avait pas de frais. Mais au moment de la fermeture, j’ai eu une note de 62 euros d’intérêts.
Les services oubliés : une mine de frais cachés
Les banques ne se contentent pas de facturer les cartes ou les découverts. Elles scrutent tous les services encore actifs. Une assurance emprunteur non résiliée ? Un prélèvement automatique pour un abonnement à un service de sécurité bancaire ? Un compte-titres ou un Plan d’Épargne en Actions (PEA) laissé en stand-by ? Autant de fils invisibles qui peuvent entraîner des frais au moment de la fermeture.
Élodie Nguyen, 58 ans, enseignante à Nantes, a découvert l’ampleur du problème lorsqu’elle a voulu fermer son compte après avoir rejoint une banque coopérative. J’avais un PEA ouvert depuis 2015, mais je ne l’utilisais plus. Je pensais qu’il suffisait de ne plus y toucher. Or, la banque m’a facturé 92 euros pour la clôture. Ce type de frais, bien que légal, surprend souvent les clients. Contrairement au compte courant, la fermeture d’un PEA ou d’un compte-titres n’est pas gratuite. Les banques appliquent des tarifs variables, parfois élevés, pour couvrir les coûts de traitement.
Et pour les comptes joints, la situation se complique. Si un des deux titulaires demande la fermeture sans l’accord de l’autre, la procédure devient administrative, voire conflictuelle. Dans ce cas, certaines banques appliquent des frais de traitement, allant de 20 à 50 euros, au motif de gestion d’un dossier complexe. On m’a dit que c’était pour couvrir les échanges avec mon ex-conjoint , témoigne Samuel Dubreuil, divorcé depuis deux ans. J’ai trouvé ça abusif, mais je n’ai pas eu le choix.
Les banques en ligne échappent-elles à ces pratiques ?
Beaucoup pensent que les néobanques, souvent perçues comme plus transparentes, sont à l’abri de ces frais. Erreur. Si elles ne facturent généralement pas la fermeture du compte courant, elles exigent un solde nul, toutes opérations réglées, et la restitution des moyens de paiement. En cas de non-respect, des frais de traitement de 10 à 15 euros peuvent être appliqués.
J’ai cru que tout était automatique avec ma banque en ligne , raconte Lina Kessous, 29 ans, graphiste freelance. J’ai simplement cliqué sur ‘fermer mon compte’ dans l’application. Mais comme j’avais un virement en attente de deux jours plus tard, ils ont bloqué la demande et m’ont facturé 12 euros pour ‘gestion de dossier’.
Le message est clair : même dans le monde digital, l’anticipation reste indispensable.
Comment éviter les frais cachés lors de la fermeture d’un compte ?
La clé, c’est la rigueur. Fermer un compte bancaire n’est pas une opération anodine. C’est un processus qui demande du temps, de la méthode, et une attention minutieuse aux détails. Heureusement, quelques bonnes pratiques permettent d’éviter les mauvaises surprises.
La checklist indispensable avant de fermer son compte
Avant même d’envoyer une demande de clôture, voici les étapes à suivre :
- Solder totalement le compte : s’assurer qu’aucun virement, prélèvement ou chèque n’est en attente. Mieux vaut attendre 7 à 10 jours après le dernier mouvement.
- Résilier tous les services annexes : carte bancaire, assurance moyens de paiement, découvert autorisé, abonnements bancaires.
- Transférer ou clôturer les produits d’épargne : PEA, compte-titres, livrets. Pour les PEA, le transfert vers une nouvelle banque est souvent moins coûteux que la clôture.
- Restituer les moyens de paiement : envoyer la carte bancaire coupée en quatre (ou intacte, selon les consignes) et remettre le chéquier.
- Utiliser le service de mobilité bancaire : gratuit depuis la loi Macron de 2017, il permet de transférer automatiquement tous les prélèvements et virements récurrents vers le nouveau compte.
La procédure officielle : comment bien faire sa demande ?
La demande de fermeture doit être faite par écrit, idéalement en courrier recommandé avec accusé de réception, ou via un message sécurisé dans l’espace client. Elle doit être claire et ferme :
Je souhaite la fermeture de mon compte courant n°XXXXXX, sans aucun frais, mon compte étant soldé et tous mes services bancaires résiliés. Je joins mon nouveau RIB pour le transfert du solde éventuel.
Il est essentiel de conserver une trace de cette demande. Une fois la fermeture effective, il faut vérifier son relevé bancaire pendant plusieurs semaines. Parfois, des frais apparaissent en retard, liés à des opérations passées.
Que faire en cas de frais injustifiés ?
Si malgré toutes les précautions, un prélèvement apparaît, ne pas rester passif. La première étape est de contacter le service client pour demander le remboursement, en rappelant la gratuité légale de la fermeture. Si la réponse est insatisfaisante, il faut envoyer un courrier en recommandé, en y joignant les preuves de la résiliation des services.
En dernier recours, le médiateur bancaire est une option gratuite et efficace. Il intervient en cas de litige entre un client et son établissement. J’ai saisi le médiateur après que ma banque a refusé de rembourser 38 euros de frais de clôture , raconte Julien Moreau, 41 ans, informaticien. En deux mois, j’ai eu gain de cause. Ils ont dû me rembourser, plus 10 euros d’indemnité.
L’anticipation, seule arme contre les frais imprévus
En cette période où chaque euro compte, la vigilance est une obligation. La loi protège les consommateurs, mais elle ne remplace pas la responsabilité individuelle. Fermer un compte bancaire, c’est comme déménager : il faut tout bien emballer, tout transférer, tout vérifier. Rien ne doit être laissé au hasard.
Les Français sont de plus en plus nombreux à revoir leurs contrats bancaires, à la recherche de transparence et d’économies. Mais cette liberté ne s’obtient pas sans effort. Elle exige de la rigueur, de la planification, et parfois, un peu de courage face à la paperasse.
Peut-être est-ce le moment, cet automne 2025, de faire le ménage dans ses finances ? De passer en revue ses abonnements, ses assurances, ses produits bancaires inactifs ? Car derrière chaque compte fermé sans frais se cache un client organisé, prévoyant, et bien informé. Et c’est ce profil-là qui, au final, gagne vraiment sa liberté bancaire.
A retenir
La fermeture d’un compte courant est-elle toujours gratuite ?
Oui, selon la loi française (article L312-1-1 du Code monétaire et financier), la fermeture d’un compte courant à l’initiative du client est gratuite. Cependant, cette gratuité ne s’applique que si le compte est soldé et tous les services associés résiliés.
Quels sont les frais les plus fréquents lors d’une fermeture de compte ?
Les frais surviennent généralement à cause de services non résiliés : cotisation de carte bancaire proratisée, intérêts sur découvert non soldé, assurance moyens de paiement, ou frais de clôture pour des produits comme le PEA ou le compte-titres.
Comment éviter les mauvaises surprises ?
Il faut anticiper : solder le compte, résilier tous les services, restituer les moyens de paiement, utiliser le service de mobilité bancaire, et envoyer une demande de fermeture par écrit avec preuve de réception.
Que faire si la banque facture malgré tout ?
Contester le frais par écrit, exiger le remboursement en rappelant la loi, et en cas de refus, saisir gratuitement le médiateur bancaire.
Les banques en ligne appliquent-elles des frais de fermeture ?
Elles ne facturent pas la fermeture du compte courant, mais peuvent appliquer des frais de traitement (10 à 15 euros) si le compte n’est pas soldé ou si des opérations sont en attente.