Alors que les soirées s’allongent et que l’envie de se réfugier dans un intérieur chaleureux se fait pressante, une révolution discrète mais profonde s’invite dans le monde de la décoration. Longtemps perçue comme un objet de culte, réservé aux puristes et aux collectionneurs, la lampe Jieldé, icône du design industriel français, vient de franchir un cap décisif : elle s’émancipe des codes rigides de sa production historique pour devenir un véritable outil d’expression personnelle. Fini les compromis chromatiques, les teintes imposées, les choix limités. Désormais, chaque propriétaire peut concevoir une lampe aussi unique que son intérieur, aussi singulière que sa personnalité. Ce n’est plus seulement un luminaire qu’on achète, c’est une histoire qu’on écrit.
Qu’est-ce qui rend la lampe Jieldé si mythique ?
Une histoire ancrée dans le savoir-faire français
Dès 1950, la lampe Jieldé fait son entrée dans les ateliers, les garages, les ateliers de réparation. Conçue pour résister aux chocs, aux intempéries et aux usages intensifs, elle est d’abord une pièce fonctionnelle, robuste, sans fioritures. Son bras articulé, ses joints métalliques, sa structure en tôle d’acier laqué, tout respire la précision, la durabilité, l’efficacité. Mais très vite, son esthétique brute, sans prétention, séduit au-delà de son utilité première. Les architectes d’intérieur, les passionnés de design, les amateurs d’authenticité la repèrent, la subliment, l’installent dans leurs salons, sur leurs bureaux, dans leurs chambres.
À l’instar d’un Le Corbusier ou d’un Charlotte Perriand, Jieldé incarne un modernisme sobre, élégant, ancré dans le réel. Contrairement aux objets de fast déco, produits en masse et rapidement obsolètes, la Jieldé traverse les décennies sans perdre de son aura. Sa valeur ne se mesure pas seulement à sa fonction, mais à son histoire, à sa patine, à la manière dont elle s’inscrit dans le temps. Elle est devenue, au fil des années, un symbole du design industriel français, copié à l’infini, mais jamais égalé.
Pourquoi la personnalisation était inenvisageable… jusqu’ici ?
Malgré sa popularité, la Jieldé restait un objet de choix limité. On pouvait sélectionner son modèle — le Loft, le Signal, l’Aicler —, sa taille, son type de fixation, mais la couleur ? Elle se limitait à une gamme officielle de 30 teintes, certes soigneusement pensées, mais figées. Impossible, par exemple, de trouver ce vert sauge exact qui s’harmonise parfaitement avec le papier peint du salon, ou ce bleu glacier qui reflète la lumière hivernale de la baie vitrée. Impossible aussi de marier la lampe à une identité de marque pour un espace professionnel, ou de l’adapter à une palette de couleurs très précise, comme celles des nuanciers Pantone ou RAL.
Clémentine Rocher, architecte d’intérieur à Lyon, se souvient : Pendant des années, j’ai dû adapter mes projets aux couleurs disponibles. Je voulais une Jieldé en vert olive pour un bureau dans les monts du Lyonnais, mais aucune des teintes proches ne correspondait à l’ambiance que je voulais créer. J’ai fini par choisir une version grise, par défaut. C’était bien, mais ce n’était pas juste. Ce type de compromis, vécu par des milliers d’amateurs de design, a longtemps freiné l’émancipation de la Jieldé comme véritable objet de personnalisation.
Comment Jieldé passe-t-elle du standard à l’unique ?
Une palette infinie : des centaines de nouvelles couleurs accessibles
À l’automne 2025, Jieldé annonce une transformation radicale : chaque lampe peut désormais être fabriquée dans une couleur sur-mesure. Grâce à un partenariat renforcé avec les laboratoires de teintes RAL Classic et Pantone, la marque ouvre ses ateliers à des centaines de nuances supplémentaires. Mat ou brillant, selon le modèle, le choix est désormais total. Un particulier peut demander un rouge vermillon inspiré d’un tableau de Rothko, un jaune moutarde évoquant les années 70, ou un gris anthracite parfaitement accordé à ses meubles en béton ciré.
Le changement est profond. Ce n’est plus seulement une option, c’est une philosophie : celle d’un objet qui ne s’impose pas à l’intérieur, mais qui en émane. Quand j’ai vu que je pouvais commander une Jieldé dans la même teinte que les murs de ma cuisine, j’ai eu un déclic , raconte Julien Mercier, restaurateur à Bordeaux. Je voulais quelque chose de discret mais d’élégant, qui s’intègre sans dominer. J’ai choisi un beige rosé très doux, et le résultat est exactement ce que j’imaginais : une lumière qui fait partie du décor, sans en être l’élément central.
Un processus simple, accessible, responsable
Le processus de personnalisation est volontairement fluide. Le client choisit d’abord son modèle — Loft pour un bureau, Signal pour un mur, Aicler pour une table de chevet —, puis sa taille, son type de branchement. Ensuite, il consulte le nuancier en ligne, sélectionne sa teinte, et reçoit un devis en quelques minutes. Le coût de la personnalisation ? 180 € par couleur, un prix fixe qui inclut la préparation de la teinte, l’application manuelle, et le contrôle qualité final.
La fabrication reste entièrement localisée à Saint-Priest, dans la métropole lyonnaise. Chaque lampe est encore assemblée à la main, avec les outillages d’origine, conservés précieusement depuis des décennies. Ce n’est pas une usine moderne avec des robots, c’est un atelier où chaque geste compte , explique Étienne Laroche, chef d’équipe depuis 1998. Quand on reçoit une commande avec une couleur RAL 6005, on vérifie la teinte, on prépare la peinture, on l’applique au pistolet, puis on laisse sécher. Tout est fait à l’ancienne, mais avec une précision que seule l’expérience permet.
La production à la demande élimine les stocks excédentaires, réduit les déchets, et s’inscrit pleinement dans une démarche de slow déco. On ne fabrique que ce qui est commandé, et chaque pièce est pensée pour durer des décennies , précise la direction de la marque. Ce n’est pas du sur-mesure pour le luxe, c’est du sur-mesure pour le sens.
Des innovations techniques au service de l’excellence
Offrir des centaines de couleurs supplémentaires sans sacrifier la qualité n’a pas été simple. Jieldé a dû repenser ses procédés de peinture, sélectionner des laques plus résistantes, former ses ouvriers à de nouvelles techniques d’application. Les peintures utilisées sont désormais testées pour leur résistance aux UV, aux chocs, à l’humidité, garantissant que la teinte choisie ne se dégrade pas avec le temps.
On a longtemps pensé que les couleurs foncées, comme les bleus profonds ou les rouges vifs, allaient plus vite s’abîmer , confie Léa Bompard, ingénieure matériaux. Mais avec les nouvelles formulations, on obtient un rendu parfait, même sur des teintes complexes. Et surtout, la finition reste fidèle à l’esprit Jieldé : brute, honnête, sans artifice.
Quel impact cette révolution a-t-elle sur les intérieurs ?
Des ambiances transformées, des personnalités révélées
Le premier effet de la Jieldé sur-mesure est immédiat : elle change l’atmosphère d’une pièce. Dans un salon à Nantes, Camille Vasseur a choisi un vert sauge RAL 6013 pour sa lampe Loft. Je voulais quelque chose de doux, de naturel, qui apaise , dit-elle. Quand elle est arrivée, j’ai été surprise par la manière dont elle s’intégrait. Elle ne criait pas, elle parlait. Elle donnait une autre dimension à l’espace.
Dans un bureau à Marseille, un entrepreneur a opté pour un orange vif Pantone 158 C. C’est la couleur de ma marque, et je voulais que mon espace de travail en porte les codes , explique Yannis Kebir. La lampe est devenue un élément de branding, mais aussi un objet de motivation. Chaque fois que je la regarde, je me souviens de ce que je construis.
La Jieldé personnalisée devient alors bien plus qu’un luminaire : elle devient un repère, un point d’ancrage dans un intérieur en constante évolution. Elle permet de jouer avec les saisons — un rouge profond pour les fêtes, un jaune pâle pour annoncer le printemps — sans avoir à tout changer. Elle s’adapte, sans se transformer.
Un objet qui change la donne dans la consommation design
En ouvrant la porte à la personnalisation, Jieldé ne répond pas seulement à une demande esthétique, elle propose une alternative à la surconsommation. Plutôt que d’acheter de nouveaux objets chaque saison, on investit dans une pièce unique, conçue pour durer, qui évolue avec nous. C’est une réponse intelligente à une époque où l’on cherche du sens, de l’authenticité, de la continuité.
Ce n’est plus une question de mode, mais de mémoire , analyse Solène Dubreuil, sociologue de la consommation. On ne choisit plus une lampe parce qu’elle est tendance, mais parce qu’elle raconte quelque chose. Elle devient un témoin de nos choix, de nos goûts, de nos moments de vie.
A retenir
Peut-on vraiment choisir n’importe quelle couleur ?
Oui. Grâce aux nuanciers RAL Classic et Pantone, des centaines de teintes sont désormais accessibles. Le choix s’étend à des couleurs très précises, qu’elles soient mates ou brillantes, selon les modèles disponibles. La seule limite est celle de l’imagination — et du bon goût.
Combien coûte la personnalisation d’une lampe Jieldé ?
Le supplément pour la couleur sur-mesure est fixé à 180 €, quel que soit le modèle ou la teinte choisie. Ce tarif inclut la préparation de la peinture, l’application artisanale, et le contrôle qualité final. La fabrication reste entièrement réalisée en France, à Saint-Priest.
La lampe est-elle toujours aussi durable avec ces nouvelles couleurs ?
Oui. Les peintures utilisées ont été spécialement sélectionnées pour leur résistance aux UV, aux chocs et à l’humidité. Chaque lampe est testée avant expédition, et la garantie standard s’applique pleinement, quelle que soit la couleur choisie.
Comment s’inscrit cette évolution dans une démarche durable ?
La production est entièrement en flux tendu : chaque lampe est fabriquée à la commande, ce qui élimine les stocks invendus et les pertes. En choisissant un objet sur-mesure, durable et intemporel, on réduit la tentation de renouveler régulièrement son intérieur, limitant ainsi l’impact environnemental.
La Jieldé personnalisée convient-elle aussi aux espaces professionnels ?
Tout à fait. De nombreux restaurants, boutiques, cabinets d’architectes ou bureaux d’entreprise ont déjà commandé des modèles sur-mesure pour s’aligner sur leur charte graphique. La lampe devient alors un élément de cohérence visuelle, tout en gardant son âme industrielle et son élégance discrète.