Le 24 février 2025, l’Italie a instauré une mesure qui a fait couler beaucoup d’encre : les conducteurs de plus de 68 ans ne peuvent plus prendre le volant de poids lourds. Cette décision, issue de l’article 126 du code de la route italien, s’inscrit dans une démarche européenne visant à réduire les accidents impliquant les seniors. Mais quels sont les véritables enjeux derrière cette réforme ? Comment les concernés vivent-ils ce changement ? Et quelles conséquences pour le secteur du transport ?
Pourquoi les seniors italiens ne peuvent-ils plus conduire de poids lourds ?
Conduire un camion ou un véhicule lourd exige une vigilance constante, une acuité visuelle optimale et des réflexes rapides. Or, avec l’âge, ces capacités peuvent diminuer, augmentant les risques d’accidents. La mesure italienne ne vise pas à discriminer les seniors, mais à protéger l’ensemble des usagers de la route. Comme l’explique Marco Ferrara, un ancien routier de 70 ans : « Je comprends l’idée, même si c’est dur à accepter. À mon âge, les distances de freinage ne sont plus les mêmes. »
Quels permis sont concernés ?
Seuls les permis C et CE, nécessaires pour conduire des camions et remorques, sont touchés. Les conducteurs conservent le droit de circuler avec des véhicules légers (permis A et B), sous réserve de contrôles médicaux réguliers à partir de 50 ans.
Quelles sanctions pour les contrevenants ?
Ignorer cette interdiction coûte cher : 1 200 € d’amende et une suspension de permis pouvant aller jusqu’à huit mois. Une sanction dissuasive, comme le confirme Sofia Bianchi, gérante d’une flotte de transport à Milan : « On a dû former nos équipes pour éviter les infractions. Personne ne veut risquer une amende ou pire, un accident. »
Cette mesure est-elle unique à l’Italie ?
Non. La Commission européenne encourage tous les États membres à revoir leurs réglementations face au vieillissement de la population. L’Allemagne et la Suède étudient des mesures similaires, mais chaque pays adaptera ses règles en fonction de ses spécificités locales.
Quel impact sur la circulation en Europe ?
L’objectif est d’harmoniser les normes pour une sécurité routière optimale. Cependant, comme le souligne Antonio Russo, expert en mobilité : « Il faut aussi tenir compte des différences culturelles. En Italie, où les petites entreprises familiales dominent le secteur, cette réforme bouleverse plus qu’ailleurs. »
Quelles répercussions pour les entreprises de transport ?
Les compagnies doivent désormais recruter davantage de jeunes conducteurs, souvent moins expérimentés. Pour Lorenzo Conti, patron d’une PME logistique près de Naples, « c’est un défi financier. On perd des chauffeurs qualifiés et on doit investir dans de nouvelles formations. »
Et pour les seniors routiers ?
Certains se sentent mis de côté. Paolo Moretti, 69 ans, confie : « J’ai roulé pendant 40 ans sans un accroc, et du jour au lendemain, on me dit que je suis trop vieux. C’est dur moralement. » Heureusement, des programmes de requalification commencent à émerger pour les aider à se reconvertir.
Comment faciliter la transition pour les conducteurs âgés ?
Des solutions existent : formations pour passer à des véhicules légers, accompagnement psychologique, voire reconversion dans la logistique ou la gestion. Clara Rossi, responsable RH dans une grande entreprise, souligne : « Nous travaillons avec des cabinets spécialisés pour proposer des parcours adaptés. L’idée n’est pas de les écarter, mais de les repositionner. »
À retenir
Qui est concerné par cette nouvelle loi ?
Les conducteurs italiens de plus de 68 ans détenant un permis C ou CE (poids lourds).
Peuvent-ils encore conduire d’autres véhicules ?
Oui, les permis A (motos) et B (voitures) restent accessibles sous condition de tests médicaux réguliers.
Cette mesure va-t-elle s’étendre à toute l’Europe ?
Probablement, mais avec des adaptations locales. La sécurité routière est une priorité commune, mais les réalités économiques varient.
Conclusion
Cette réforme italienne, bien que controversée, illustre un dilemme moderne : concilier sécurité et inclusion. Si elle bouscule les habitudes, elle répond à un enjeu incontournable : adapter la mobilité au vieillissement de la population. Comme le résume Elisa Lombardi, sociologue spécialiste des transports : « Les routes évoluent, et nos lois doivent suivre. Protéger sans exclure, voilà le vrai défi. »