Alors que Paris s’apprête à accueillir les Jeux olympiques, une autre bataille silencieuse se joue dans les coulisses : celle contre la fraude sociale. L’Urssaf Île-de-France vient de publier son rapport 2024, révélant une mobilisation sans précédent dans la traque des abus, notamment dans le secteur du travail dissimulé. Derrière les chiffres impressionnants, des histoires humaines, des stratégies renouvelées et un engagement politique marquent un tournant décisif.
Comment l’Urssaf a-t-elle battu des records dans la récupération des fraudes en 2024 ?
En 2024, l’organisme a récupéré 1,6 milliard d’euros au niveau national, dont 580 millions liés au travail non déclaré. Cette hausse de 34 % par rapport à 2023 s’explique par une intensification des contrôles, notamment dans des secteurs à risque comme le bâtiment ou la sécurité privée. « Nous avons concentré nos efforts sur des actions ciblées, explique Élise Vernier, responsable régionale de l’Urssaf. Par exemple, sur un chantier parisien, nous avons découvert un réseau de sous-traitants qui employaient des ouvriers sans contrat, ni cotisations. »
Pourquoi les Jeux olympiques ont-ils accéléré cette lutte ?
Les préparatifs des JO ont créé un contexte propice aux abus, avec des recrutements temporaires massifs et des sous-traitances complexes. L’Urssaf a déployé 200 inspecteurs supplémentaires pour surveiller les sites olympiques. « Nous ne pouvions pas laisser des pratiques frauduleuses entacher l’image du pays », souligne Thomas Lefèvre, inspecteur sur le terrain. Résultat : 93 verbalisations, notamment pour absence de déclaration d’embauche ou dissimulation d’heures supplémentaires.
Quels secteurs restent sous haute surveillance après les JO ?
Bâtiment, restauration, transport de marchandises et services à la personne figurent en tête des cibles. « Sur un chantier de la Défense, nous avons identifié un système de fausses auto-entreprises pour contourner les règles sociales », raconte Sophie Lemoine, inspectrice. Ces fraudes pénalisent les salariés, privés de retraite ou d’assurance maladie, et faussent la concurrence.
Comment la collecte des cotisations s’adapte-t-elle à cette vigilance accrue ?
L’Île-de-France a collecté 149,2 milliards d’euros en 2024, grâce à 1,81 million d’usagers. L’Urssaf modernise ses outils numériques pour détecter les incohérences en temps réel. « Nous envoyons des alertes automatiques aux entreprises pour corriger les erreurs avant qu’elles ne deviennent des fraudes », précise Lucas Moreau, chargé du numérique à l’organisme. Cette prévention réduit les contentieux et fluidifie les démarches.
Quelle est la place de la volonté politique dans cette dynamique ?
Le gouvernement a fait de la lutte contre la fraude une priorité. En 2025, un plan national vise à doubler les contrôles dans certains secteurs. « Chaque euro fraudé est un euro volé à la solidarité nationale », rappelle la ministre du Travail. Parmi les mesures : une plateforme de signalement accessible à tous et des sanctions renforcées pour les récidivistes. « Ces outils nous permettent de travailler main dans la main avec les autres organismes », ajoute Camille Durand, coordinatrice des contrôles.
Les efforts déployés portent-ils des résultats concrets ?
Oui, selon les témoignages d’entreprises régularisées. « Après une visite de l’Urssaf, nous avons mis nos pratiques en conformité, ce qui nous a même aidés à décrocher des marchés publics », confie Marion Fabre, gérante d’une PME de nettoyage. Par ailleurs, les dénonciations internes ont augmenté, montrant une prise de conscience. « Un salarié a révélé que son employeur ne déclarait pas ses heures. Grâce à lui, nous avons récupéré 200 000 euros de cotisations », explique Thomas Lefèvre.
Quels défis attendent l’Urssaf après les JO ?
La vigilance doit se maintenir, notamment sur les sites événementiels. « Nous prévoyons des contrôles inopinés dans les hôtels et les sociétés de transport pendant les JO », annonce Élise Vernier. En 2025, l’Île-de-France pourrait devenir un modèle national, avec des méthodes transposables dans d’autres régions. « L’objectif est de rétablir l’équité pour tous », conclut Camille Durand.
Les records établis en 2024 montrent que la fraude sociale peut être combattue efficacement grâce à une mobilisation croisée : politique, technologique et humaine. Les JO ont été un catalyseur, mais la bataille continue, avec pour enjeu la préservation des droits sociaux. Comme le résume Sophie Lemoine : « Chaque euro récupéré, c’est une retraite, une allocation chômage, ou une couverture santé qui se construit. »
A retenir
Quel est le montant total récupéré par l’Urssaf en 2024 ?
1,6 milliard d’euros au niveau national, dont 580 millions liés au travail dissimulé.
Comment les JO ont-ils influencé les contrôles ?
Ils ont conduit au déploiement de 200 inspecteurs supplémentaires et à 93 verbalisations sur les sites olympiques pour des fraudes comme le non-déclaration d’embauches.
Quels secteurs sont les plus touchés par la fraude ?
Le bâtiment, la restauration, le transport de marchandises et les services à la personne concentrent la majorité des abus.
Quelles mesures politiques ont été prises pour renforcer cette lutte ?
Un plan national lancé en 2025 vise à doubler les contrôles, avec une plateforme de signalement et des sanctions renforcées pour les récidivistes.
Comment les entreprises réagissent-elles à cette vigilance accrue ?
De plus en plus régularisent leur situation, incitées par la pression des contrôles et la prise de conscience interne, comme le montre le témoignage de Marion Fabre.