La récente réforme du calcul des droits au RSA pour les personnes reprenant une activité à mi-temps a provoqué une onde de choc parmi les bénéficiaires et les acteurs sociaux. Prévue pour simplifier les démarches, cette mesure semble pourtant plonger certains travailleurs précaires dans une spirale financière inquiétante. Entre ajustements techniques et réalités humaines, décryptage d’un système qui pourrait nécessiter des révisions urgentes.
Comment le nouveau calcul du RSA impacte-t-il les travailleurs à mi-temps ?
Jusqu’à présent, les bénéficiaires du RSA qui reprenaient une activité partielle conservaient une partie de leur allocation. Désormais, la formule de calcul a été durcie, réduisant, voire supprimant, ce complément de revenu pour de nombreuses personnes. L’objectif affiché : inciter à un retour à l’emploi plus stable. Mais sur le terrain, l’effet est tout autre.
Un mécanisme moins avantageux que prévu
Le seuil mensuel déclenchant la diminution du RSA a été abaissé, et la progressivité des aides revue. Résultat : un salarié gagnant 900 euros net pourrait ne plus percevoir aucune allocation, alors que l’équilibre budgétaire n’est pas toujours atteint. « Les simulations montrent une chute brutale des droits dès que les revenus dépassent 700 euros », explique Élodie Vasseur, assistante sociale dans les Yvelines.
Qui sont les premiers affectés par cette réforme ?
Les profils les plus touchés partagent souvent une même réalité : des contrats précaires, des horaires variables et des secteurs peu rémunérateurs. Rencontre avec deux d’entre eux.
Karim, livreur à vélo : « Je paye mon vélo électrique plus cher que mon loyer »
À 28 ans, Karim Belkacem alterne les plateformes de livraison. Son RSA de 180 euros lui permettait de couvrir l’entretien de son vélo électrique indispensable à son travail. Depuis février, il a perdu cette aide. « Sans RSA, je dois faire 15 heures de plus par mois pour compenser, mais mon matériel s’use plus vite. C’est un cercle vicieux », soupire-t-il.
Léa, agent d’entretien : « J’hésite à retourner au chômage »
Léa Morvan, 41 ans, nettoie des bureaux 25 heures par semaine. Avec la suppression de son RSA, son pouvoir d’achat a baissé de 12 %. « Mon assistante sociale m’a suggéré de réduire mes heures pour retrouver mes droits. C’est absurde : on nous pousse à travailler moins ! », s’indigne-t-elle.
Pourquoi cette réforme pourrait-elle aggraver la précarité ?
Un effet désincitatif sur l’emploi
Contrairement aux intentions affichées, plusieurs conseillers en insertion observent une réticence accrue à accepter des petits contrats. « Mes clients craignent de perdre plus en aides qu’ils ne gagneraient en salaire », rapporte Thomas Lenoir, conseiller en mission locale à Strasbourg.
Des conséquences collatérales méconnues
La perte du RSA entraîne souvent celle d’autres droits connexes : tarifs sociaux sur les transports, la cantine scolaire ou les factures d’énergie. Un véritable coup dur pour les budgets serrés.
Existe-t-il des solutions pour adoucir cette transition ?
Les pistes proposées par les experts
Des économistes suggèrent d’instaurer :
- Une zone de cumul plus large avant décroissance totale du RSA
- Un bonus pour les métiers en tension
- Un lissage trimestriel plutôt que mensuel des revenus
L’exemple belge : le « crédit-temps » comme inspiration ?
Notre voisin permet aux travailleurs à temps partiel de compléter leur revenu via un système de crédits d’heures, sans pénalisation systématique. Une approche qui mériterait étude selon Mathilde Aubry, chercheuse en politiques sociales.
A retenir
Qui peut encore bénéficier du RSA avec un mi-temps ?
Toute personne dont les revenus mensuels nets restent inférieurs à 65 % du Smic (environ 850 euros) peut prétendre à une allocation résiduelle. Un simulateur officiel est disponible sur le site caf.fr.
Où trouver de l’aide pour recalculer ses droits ?
Les espaces France Services et les CCAS proposent des rendez-vous dédiés. L’association Droit d’Urgence Sociale (DUS) a également mis en ligne un guide pratique.
Des recours sont-ils possibles ?
Certaines CAF accordent des « RSA différentiels » sur demande motivée. Il faut fournir un justificatif de charges exceptionnelles (médicales, logement…).
Conclusion
Ce nouveau mode de calcul révèle les limites d’une approche purement arithmétique des politiques sociales. Derrière chaque pourcentage se cachent des situations humaines complexes que les algorithmes ne sauraient résumer. Alors que le gouvernement annonce une évaluation dans six mois, les travailleurs concernés, eux, doivent trouver des solutions… dès demain matin.