Une nouvelle taxe frappera retraités et salariés dès 2025 — voici ce qui change pour vos revenus

À partir de septembre, un changement majeur s’imposera aux retraités et aux salariés français : un nouveau prélèvement viendra s’ajouter aux prélèvements sociaux existants. Cette mesure, annoncée par le gouvernement dans un contexte de tensions financières sur le système de retraite, suscite à la fois inquiétude, incompréhension et débats. Concrètement, ce prélèvement vise à compenser les déficits croissants des régimes de retraite, sans remettre en cause l’âge légal ni les conditions d’acquisition des droits. Mais pour les millions de personnes concernées, la question se pose avec acuité : comment absorber encore une charge supplémentaire alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter ?

Qu’est-ce que ce nouveau prélèvement ?

Le gouvernement a officialisé l’introduction d’un prélèvement additionnel sur les pensions de retraite et les salaires des actifs. Ce n’est ni une taxe ni une cotisation classique, mais un mécanisme de solidarité destiné à renflouer les caisses des régimes de retraite, notamment ceux qui connaissent des déséquilibres structurels. Selon un porte-parole du ministère des Affaires sociales, « ce prélèvement est une nécessité pour garantir la pérennité de notre système de retraie. Nous ne pouvons pas laisser se creuser des déficits qui mettraient en péril les pensions futures ». L’idée n’est pas de réduire les pensions versées, mais de prélever une fraction des revenus pour alimenter un fonds de stabilisation, géré de manière transparente et contrôlé par les partenaires sociaux.

Qui est concerné par cette mesure ?

Les salariés du privé et du public

Tous les salariés, qu’ils soient dans le secteur privé ou public, seront concernés. Le prélèvement s’appliquera directement sur la fiche de paie, de manière automatique. Il ne s’agit pas d’un prélèvement à la source au sens fiscal, mais d’un prélèvement social, similaire aux cotisations de sécurité sociale, bien que distinct. Le taux exact n’a pas encore été arrêté, mais il devrait être modulé selon les niveaux de revenus, afin de ne pas pénaliser les bas salaires.

Les retraités

Les pensions de retraite seront également soumises à ce prélèvement. C’est cette partie qui suscite le plus d’inquiétude. Les retraités, souvent sensibles aux variations de leur revenu fixe, craignent que cette nouvelle ponction ne compromette leur pouvoir d’achat. Pour certains, comme Élodie Renard, ancienne professeure de lettres à la retraite depuis 2020, cette annonce a été un choc : « J’ai passé quarante ans à travailler, à cotiser. Je vis modestement, mais décemment. Aujourd’hui, on me dit que je dois payer plus pour un système que je ne bénéficierai plus ? C’est difficile à accepter. »

Les indépendants et les travailleurs non-salariés

Les indépendants, artisans, commerçants, professions libérales et travailleurs de l’économie collaborative seront également touchés. Le prélèvement s’ajoutera aux cotisations sociales déjà versées chaque trimestre. Pour des personnes comme Samir Benhima, gérant d’un atelier de menuiserie à Toulouse, la perspective est inquiétante : « Entre les charges, l’inflation, et maintenant ce nouveau prélèvement, je me demande si je pourrai maintenir mon activité. On ne parle pas d’un bonus, mais d’un revenu juste suffisant. »

Comment sera calculé ce prélèvement ?

Un système progressif en fonction du revenu

Le gouvernement insiste sur le caractère progressif du prélèvement. Les personnes aux revenus les plus modestes seront soit exonérées, soit soumises à un taux symbolique. En revanche, les tranches supérieures, tant pour les actifs que pour les retraités, verront s’appliquer un taux croissant. Par exemple, une retraite de 2 500 € mensuels pourrait être soumise à un prélèvement de 1,2 %, tandis qu’un salaire de 4 000 € brut serait touché à hauteur de 1,8 %. Les détails exacts seront rendus publics courant juillet, après concertation avec les syndicats et les organisations patronales.

Des exemptions prévues pour les plus fragiles

Les personnes bénéficiant de minima sociaux, comme l’ASPA (Allocation de solidarité aux personnes âgées), seront exemptées. De même, les retraités vivant seuls avec une pension inférieure à 1 400 € brut par mois ne devraient pas être impactés. Le ministère précise que « la justice sociale est au cœur de cette réforme : personne ne doit être poussé vers la précarité par cette mesure ».

Quelles sont les réactions des citoyens ?

Des inquiétudes légitimes chez les retraités

Michel Laroche, ancien technicien en maintenance industrielle à Lyon, s’exprime avec une voix tremblante : « Je vis seul, mes dépenses sont stables : loyer, électricité, courses, médicaments. Depuis deux ans, tout augmente. Si on me retire encore 30 ou 40 euros par mois, je devrai choisir entre mes médicaments ou mes repas. C’est pas de la dramatisation, c’est la réalité. » Des associations de retraités, comme France Retraités ou l’UNRPA, ont appelé à des rassemblements pacifiques pour faire entendre la voix des seniors.

Les jeunes actifs, entre résignation et mobilisation

Chez les jeunes actifs, la réaction est plus nuancée. Clara Ménard, 29 ans, chargée de projet dans une entreprise de logistique à Nantes, explique : « Je comprends que le système de retraite doive être financé. Mais j’ai l’impression qu’on nous demande toujours plus sans garantie sur ce qu’on aura plus tard. Est-ce que ce prélèvement va vraiment servir à quelque chose, ou c’est juste un pansement sur une hémorragie ? » Pour elle, la transparence sur l’usage des fonds sera essentielle pour éviter la défiance.

Le monde syndical divisé

Les syndicats ne parlent pas d’une seule voix. La CFDT, par la voix de son secrétaire national aux retraites, Thomas Vasseur, estime que « si ce prélèvement permet d’éviter une hausse de l’âge légal ou une baisse des pensions, il peut être accepté, à condition qu’il soit temporaire et ciblé ». En revanche, la CGT dénonce « une nouvelle ponction sur les classes populaires et moyennes, alors que les grandes entreprises et les plus riches ne sont pas suffisamment sollicités ». FO appelle à une concertation plus large avant toute mise en œuvre.

Quels impacts économiques à prévoir ?

Une pression sur le pouvoir d’achat

Les économistes s’accordent à dire que ce prélèvement aura un impact mesurable sur la consommation des ménages. Selon une étude préliminaire de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), la baisse moyenne du pouvoir d’achat pourrait atteindre 0,8 % pour les ménages touchés. Pour les retraités vivant à l’équilibre budgétaire, cette perte pourrait se traduire par une réduction des dépenses non essentielles : loisirs, culture, voyages, voire certains soins.

Un effet modéré sur la croissance

En revanche, l’impact global sur la croissance devrait rester limité, car le prélèvement ne concerne qu’une fraction du revenu. Certains experts, comme le professeur d’économie à Sciences Po Raphaël Devers, estiment même que « ce type de mesure, bien ciblé, peut renforcer la confiance dans la pérennité du système de retraite, ce qui incite les actifs à mieux épargner pour leur avenir ». Un effet positif à long terme, donc, mais difficile à percevoir immédiatement.

Un signal pour la préparation à la retraite

Le prélèvement pourrait aussi avoir un effet pédagogique : inciter les actifs à mieux anticiper leur retraite. Depuis l’annonce, les demandes de rendez-vous avec les conseillers en gestion patrimoniale ont augmenté de 35 %, selon un cabinet lyonnais. « Les gens veulent comprendre, planifier, se protéger », explique Camille Fournier, conseillère financière. « Ils réalisent que la retraite ne sera plus ce qu’elle était, et qu’il faut agir tôt. »

Quelles alternatives ont été envisagées ?

Le gouvernement affirme avoir étudié plusieurs options avant de se tourner vers ce prélèvement. Une hausse de l’impôt sur le revenu a été écartée, jugée trop impopulaire et peu efficace sur le financement des retraites. Une augmentation des cotisations patronales a été rejetée pour ne pas pénaliser la compétitivité des entreprises. Quant à une augmentation de l’âge légal, elle a été exclue pour des raisons politiques et sociales. Le prélèvement additionnel apparaît donc comme un compromis, imparfait mais réaliste, dans un contexte de contraintes budgétaires.

Comment se préparer à cette réforme ?

Adapter son budget mensuel

La première étape consiste à anticiper la baisse de revenus. Pour les retraités comme Élodie Renard, cela passe par un audit de ses dépenses : « J’ai revu mon abonnement internet, changé de fournisseur d’électricité, et je cuisine plus souvent à la maison. Ce ne sont pas des sacrifices énormes, mais chaque euro compte. »

Explorer les dispositifs d’aide existants

De nombreuses aides restent méconnues : aides au logement, chèques énergie, réductions d’impôts, aides au transport pour les seniors. Les caisses de retraite et les centres communaux d’action sociale (CCAS) peuvent accompagner les personnes dans leurs démarches.

Optimiser l’épargne retraite

Pour les actifs, il est encore temps d’agir. Le Plan d’épargne retraite (PER), les contrats d’assurance-vie ou les SCPI peuvent permettre de compléter sa future pension. « Ce prélèvement est une alerte », estime Camille Fournier. « Il faut en profiter pour repenser sa stratégie financière à long terme. »

A retenir

Quel est l’objectif de ce prélèvement ?

Il vise à stabiliser les finances des régimes de retraite en comblant les déficits structurels, sans recourir à une hausse de l’âge de départ ou à une baisse des pensions. Il s’inscrit dans une logique de solidarité intergénérationnelle.

Quand entrera-t-il en vigueur ?

Le prélèvement sera mis en œuvre à partir de septembre 2024. Les premiers prélèvements apparaîtront sur les fiches de paie des salariés et les bulletins de pension des retraités dès la rentrée.

Est-ce une mesure permanente ?

Le gouvernement la présente comme temporaire, liée à la correction d’un déséquilibre conjoncturel. Un comité de suivi sera mis en place pour évaluer son efficacité et décider de sa prolongation ou de son abandon d’ici cinq ans.

Comment savoir si je serai concerné ?

Les modalités précises seront communiquées par les organismes de retraite et les employeurs courant juillet. Des simulateurs en ligne seront disponibles sur les sites des caisses (Carsat, MSA, etc.) pour estimer le montant du prélèvement.

Existe-t-il des recours ou des dérogations ?

Les personnes en situation de fragilité financière pourront demander une modulation ou une suspension du prélèvement via leur caisse de retraite. Un guichet unique sera ouvert pour instruire ces demandes.