Une étude révèle que cet objet de salle de bain abrite plus de microbes qu’une lunette de toilette en 2025

Chaque matin, des millions de personnes se lèvent, se dirigent vers leur salle de bain, attrapent leur brosse à dents et entament leur rituel de soin bucco-dentaire. Un geste anodin, presque sacré dans sa régularité. Pourtant, derrière cette routine bien huilée se cache un danger invisible, insidieux, et largement sous-estimé. L’objet que nous manipulons deux fois par jour, en toute confiance, pourrait bien être le plus contaminé de toute la pièce. Et ce n’est ni la lunette des toilettes, ni la poignée de douche, ni même le tapis de bain. Il s’agit de la brosse à dents elle-même — un véritable bouillon de culture microbien, parfois plus sale que les toilettes qu’on désinfecte chaque semaine.

Qu’est-ce qui rend la brosse à dents aussi contaminée ?

La salle de bain est un écosystème particulier. Chaleur, humidité, absence de ventilation : les conditions idéales pour que les microbes prolifèrent. Mais ce qui rend la brosse à dents particulièrement vulnérable, c’est son exposition permanente à un phénomène méconnu : les aérosols de chasse d’eau. Lorsqu’on tire la chasse, des millions de microgouttelettes, chargées de bactéries fécales, s’envolent dans l’air et se déposent sur tout ce qui se trouve à proximité. Et elles peuvent atteindre jusqu’à deux mètres de distance.

C’est ce que révèle une étude menée par l’université d’Arizona sur 300 foyers aux États-Unis : 60 % des brosses à dents analysées contenaient des traces de bactéries fécales, même sans contact direct avec les toilettes. Parmi elles, des colibacilles, des staphylocoques, et même des streptocoques, capables de provoquer infections buccales, angines ou troubles digestifs. Une autre étude, publiée dans le Journal of Advanced Oral Research, va plus loin : une brosse à dents exposée à cet environnement peut abriter jusqu’à 10 millions de micro-organismes.

Pourquoi ne nettoyons-nous pas notre brosse à dents ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la contamination ne vient pas seulement de l’extérieur. Elle est aussi liée à notre propre microbiote buccal. Chaque fois que nous nous brossons les dents, des cellules mortes, de la salive et des résidus alimentaires restent piégés dans les poils. Sans rinçage approfondi ni séchage, ces débris deviennent un terrain fertile pour les bactéries.

Et pourtant, peu de gens prennent le temps de nettoyer leur brosse. “Je la rince à l’eau claire, c’est déjà ça”, admet Camille, 34 ans, professeure de lettres à Lyon. “Je ne savais pas qu’il fallait faire plus. Je pensais qu’elle était protégée dans son verre.” Or, justement, ce verre, souvent humide, devient un piège. “C’est comme une serre microbienne”, explique le Docteur Élias Rocher, microbiologiste à l’hôpital Saint-Louis. “L’humidité, le manque de lumière, l’absence de circulation d’air : tout est réuni pour transformer un simple support en incubateur.”

Comment les microbes atteignent-ils votre brosse à dents ?

Le principal coupable est l’aérosol de chasse d’eau. Lorsqu’on tire la chasse sans fermer le couvercle, les particules contaminées s’envolent et se déposent sur les surfaces voisines. Une étude de l’université du Colorado a montré que ces gouttelettes peuvent rester en suspension jusqu’à deux heures. En clair, même si vous vous brossez les dents une heure après avoir utilisé les toilettes, vous êtes exposé.

C’est ce que découvre Léa, 28 ans, infirmière à Montpellier, lors d’une conversation avec un collègue microbiologiste. “Il m’a dit que sa femme rangeait leurs brosses à dents dans un placard fermé, pensant les protéger. En réalité, c’était pire : l’humidité s’accumulait, les bactéries proliféraient. Ils ont tous les deux eu des aphtes à répétition. Depuis, ils les laissent à l’air libre, loin des toilettes, et changent de brosse tous les deux mois.”

La contamination croisée : un risque familial

Un autre piège fréquent : le rangement collectif. Beaucoup de familles utilisent un même verre ou un même porte-brosse pour plusieurs utilisateurs. Problème : les brosses se touchent, les germes circulent. “Quand mon fils a eu une angine à streptocoque, on a tous été contaminés, raconte Sophie, mère de trois enfants à Bordeaux. Le médecin nous a dit que les brosses à dents pouvaient être un vecteur. On a tout changé, et on les range désormais séparément, avec des couleurs différentes.”

Les virus comme l’herpès ou les bactéries comme le streptocoque mutans, responsable des caries, peuvent ainsi se transmettre par contact indirect. Et si l’un des membres du foyer est immunodéprimé, les conséquences peuvent être plus graves.

Quels gestes simples peuvent réduire les risques ?

Heureusement, quelques gestes simples, peu coûteux et rapides à intégrer, suffisent à limiter fortement la contamination.

Fermer la chasse d’eau : un réflexe à adopter

Le geste le plus efficace ? Fermer le couvercle des toilettes avant de tirer la chasse. “Cela réduit la dispersion des aérosols de 80 à 90 %”, affirme le Docteur Rocher. Pourtant, cette pratique reste rare. “Beaucoup pensent que c’est inutile, ou que ce n’est pas hygiénique de toucher le couvercle. Mais c’est bien moins risqué que d’inhaler des bactéries fécales chaque matin.”

Éloigner la brosse des toilettes

Un écart d’au moins un mètre entre la brosse à dents et les toilettes est recommandé. Si l’espace est limité, mieux vaut la ranger dans un tiroir sec ou sur une étagère haute, loin des projections. “J’ai installé un petit porte-brosse magnétique sur l’armoire à pharmacie, explique Julien, architecte d’intérieur à Nantes. C’est à plus de 1,50 m des toilettes, et ça fait plus design.”

Favoriser le séchage à l’air libre

La brosse doit sécher tête en haut, sans contact avec d’autres brosses. Évitez les étuis hermétiques ou les boîtes closes, même si elles semblent protéger. “L’humidité reste piégée, les bactéries se multiplient”, insiste le Docteur Rocher. “Un capuchon aéré, avec des perforations, est acceptable pour les voyages, mais pas pour un usage quotidien.”

Nettoyer régulièrement la brosse

Un bain hebdomadaire de quelques minutes dans une solution d’eau chaude et de vinaigre blanc (dilué à 10 %) permet d’éliminer une grande partie des micro-organismes. Alternativement, on peut utiliser un bain de bouche antibactérien. “Je le fais le dimanche soir, comme un petit rituel”, sourit Camille. “C’est rapide, et je me sens moins coupable de ne pas avoir changé ma brosse plus tôt.”

Changer de brosse tous les 3 mois

Les fabricants recommandent de changer de brosse tous les trois mois, ou dès que les poils s’évasent. Mais en cas d’infection (angine, aphte, herpès), il est conseillé de la remplacer immédiatement. “C’est comme jeter une compresse après une plaie”, compare Sophie. “On ne la réutilise pas, alors pourquoi le ferait-on avec une brosse ?”

Et si on repensait l’aménagement de la salle de bain ?

Le problème ne vient pas seulement de l’objet, mais de l’environnement. Une salle de bain sans fenêtre, sans ventilation, est un terrain favorable à l’humidité et donc aux microbes. “Il faut aérer après chaque douche, laisser la porte entrouverte, voire installer une VMC si ce n’est pas déjà fait”, conseille Julien. “C’est une question de confort, mais aussi d’hygiène.”

De plus en plus de designers intègrent ces enjeux dans leurs projets. “On voit des portes-brosses intégrés à des systèmes de ventilation, ou des tiroirs en matériaux antibactériens”, note-t-il. “L’hygiène devient un critère esthétique.”

Les alternatives : brosses électriques et protections innovantes

Les brosses électriques ne sont pas épargnées. Leur tête de brosse est tout aussi exposée, et le socle de chargement peut devenir un nid à moisissures s’il est humide. “Il faut nettoyer le socle régulièrement, et ne pas le laisser dans une zone humide”, prévient le Docteur Rocher. Certaines marques proposent désormais des têtes protégées par des couvercles individuels, ou des systèmes de stérilisation UV. “C’est efficace, mais pas indispensable si on suit les bonnes pratiques”, nuance-t-il.

Quels sont les risques réels pour la santé ?

La plupart des bactéries présentes sur une brosse à dents ne sont pas pathogènes pour une personne en bonne santé. Le système immunitaire les neutralise sans problème. Mais chez les personnes fragilisées — immunodéprimées, âgées, ou souffrant de maladies chroniques — ces germes peuvent provoquer des infections buccales, des gingivites, voire des pneumonies en cas d’aspiration.

“J’ai vu des patients hospitalisés pour des infections récidivantes, dont la source n’était pas évidente”, raconte le Docteur Rocher. “En analysant leurs brosses à dents, on a trouvé des colonies de staphylocoques dorés. Ils les rangeaient dans un verre fermé, à côté des toilettes. Un simple changement d’habitude a suffi à régler le problème.”

Conclusion

La brosse à dents, objet du quotidien par excellence, mérite une attention particulière. Elle n’est pas seulement un outil de soin, mais un vecteur potentiel de contamination. En adoptant quelques gestes simples — fermer la chasse d’eau, éloigner la brosse, la laisser sécher, la nettoyer régulièrement — on peut réduire drastiquement les risques. Ce n’est pas une question de paranoïa, mais de bon sens hygiénique. Après tout, on ne brosse pas ses dents pour y introduire des germes.

A retenir

Quel est l’objet le plus sale de la salle de bain ?

La brosse à dents, bien qu’elle soit utilisée pour l’hygiène, peut contenir jusqu’à 100 fois plus de bactéries que la lunette des toilettes. Elle est régulièrement contaminée par des aérosols de chasse d’eau, l’humidité ambiante et les résidus buccaux.

Pourquoi y a-t-il des bactéries fécales sur ma brosse à dents ?

Lorsqu’on tire la chasse d’eau sans fermer le couvercle, des microgouttelettes chargées de bactéries fécales s’envolent et se déposent sur les objets proches, y compris les brosses à dents. Ce phénomène, appelé aérosolisation, peut contaminer des surfaces à plus d’un mètre de distance.

Comment nettoyer correctement sa brosse à dents ?

Il est recommandé de rincer soigneusement la brosse après chaque utilisation, puis de la laisser sécher tête en haut. Une fois par semaine, un bain de quelques minutes dans de l’eau chaude additionnée de vinaigre blanc ou de bain de bouche antibactérien permet d’éliminer une grande partie des microbes.

Quand faut-il changer de brosse à dents ?

Tous les trois mois, ou dès que les poils s’écartent. En cas d’infection buccale ou de maladie, il est conseillé de la remplacer immédiatement pour éviter une réinfection.

Peut-on ranger plusieurs brosses à dents ensemble ?

Non. Le contact entre brosses favorise la contamination croisée, surtout en cas de maladie. Chaque utilisateur doit avoir son propre support, avec une distance suffisante entre les brosses.