Attention au jardin : cette plante d’automne libère une toxine mortelle si vous la tondez en 2025

À l’automne, alors que les feuilles roussissent et que l’air se fait plus frais, une plante discrète mais redoutable s’épanouit dans les jardins, les prairies et les fossés : le colchique d’automne. D’apparence délicate, avec ses fleurs mauves qui émergent directement du sol, elle séduit par sa beauté fugace. Pourtant, derrière cette élégance se cache une menace invisible, potentiellement mortelle. Classée par l’ANSES parmi les plantes à très haut risque, le colchique d’automne contient une toxine redoutable, la colchicine, dont les effets peuvent être dévastateurs, même à faible dose. Chaque année, des dizaines d’intoxications sont recensées en France, touchant parfois des enfants ou des animaux. Ce danger silencieux, souvent méconnu, mérite une attention particulière, surtout lorsqu’on manipule son jardin. Tondre autour de cette plante, par exemple, peut transformer une simple tâche d’entretien en source d’exposition toxique. À travers des témoignages, des conseils d’experts et des cas réels, cet article explore les risques liés au colchique, comment l’identifier, et surtout, comment vivre en sécurité avec lui.

Qu’est-ce que le colchique d’automne et pourquoi est-il si dangereux ?

Le colchique d’automne, ou Colchicum autumnale, est une plante vivace qui fleurit en septembre et octobre, sans que ses feuilles ne soient visibles à cette période. Contrairement à ce que son nom pourrait suggérer, il ne fait pas partie de la famille des crocus, bien qu’il y ressemble fortement. Ce mimétisme est précisément ce qui rend la plante si périlleuse : elle peut être confondue avec une fleur inoffensive par des jardiniers peu attentifs ou des enfants curieux.

Le danger réside dans la colchicine, un alcaloïde puissant présent dans toutes les parties de la plante, mais surtout concentré dans le bulbe. Cette substance interfère avec la division cellulaire, bloquant la mitose. Cela peut entraîner des lésions graves au niveau des muqueuses, des troubles gastro-intestinaux violents, des atteintes rénales et hépatiques, et dans les cas les plus sévères, un choc cardio-respiratoire fatal. Une dose aussi faible que 5 à 10 mg par kilogramme de poids corporel peut être létale, et il n’existe à ce jour aucun antidote spécifique.

Le Dr Élodie Renard, toxicologue au Centre antipoison de Lyon, souligne : “Les symptômes d’intoxication peuvent survenir entre deux et vingt-quatre heures après ingestion. C’est ce délai trompeur qui complique la prise en charge : les personnes ou les animaux semblent aller bien au début, puis déclinent rapidement. Une intervention précoce est cruciale.”

Combien de cas d’intoxication sont recensés chaque année ?

Entre 40 et 80 cas d’intoxication au colchique sont signalés chaque année en France, selon les données de l’Institut national de veille sanitaire. Près de 15 % de ces cas concernent des enfants, souvent attirés par les couleurs vives de la fleur ou par la forme inhabituelle du bulbe, qui peut ressembler à une petite pomme de terre. Les animaux domestiques, en particulier les chiens et les chevaux, sont également vulnérables.

Clémentine Lefort, éleveuse de chevaux dans la région de l’Allier, a vécu un drame en 2022. “Un de mes chevaux a mangé quelques feuilles de colchique dans un pré non tondu. En moins de six heures, il présentait des signes de paralysie respiratoire. Malgré l’intervention rapide du vétérinaire, il n’a pas survécu. Personne ne nous avait prévenus que cette plante pouvait être mortelle. On pensait juste avoir une fleur sauvage un peu exotique.”

Pourquoi ne faut-il surtout pas tondre autour du colchique ?

Tondre un colchique, c’est libérer une toxine dans l’environnement. Lorsque la lame de la tondeuse trancher la plante, elle pulvérise des particules contenant de la colchicine dans l’air, sur les résidus de gazon, et même sur les outils. Ce geste anodin expose plusieurs groupes de personnes et d’animaux à un risque indirect mais réel.

Les enfants jouant sur la pelouse peuvent inhaler ces particules ou les ingérer en portant les mains à la bouche après avoir touché l’herbe. Les chiens, eux, sont particulièrement exposés : en se léchant les pattes après avoir marché sur des débris contaminés, ils absorbent la toxine. Quant aux jardiniers, le contact cutané avec les résidus ou les outils souillés peut provoquer des irritations, voire des intoxications plus graves en cas d’absorption accidentelle.

La note de l’ANSES publiée en septembre 2023 alerte sur la montée des cas de contamination indirecte, notamment dans les zones rurales où les jardins sont vastes et mal entretenus. “On observe de plus en plus de cas où la plante n’a pas été ingérée directement, mais où l’exposition s’est faite via des résidus de tonte ou du compost contaminé”, précise le rapport.

Comment reconnaître le colchique d’automne ?

Identifier correctement le colchique est la première étape pour éviter les accidents. Plusieurs caractéristiques permettent de le distinguer d’autres plantes similaires, comme le crocus.

Quelles sont les particularités visuelles du colchique ?

La fleur possède six pétales, alors que le crocus n’en a que six également, mais souvent plus étroits et avec une tige visible. Le colchique, lui, émerge directement du sol, sans tige apparente. Ses fleurs mauves ou roses apparaissent à l’automne, alors que les feuilles ne sortent qu’au printemps – un détail crucial. En octobre, si vous voyez une fleur violette sans feuilles, méfiez-vous.

Elle pousse souvent dans les sols humides, les fossés, les prairies non entretenues ou les pentes ombragées. Après un été pluvieux, son apparition peut être soudaine et abondante. L’Herbier national du Muséum d’Histoire naturelle recommande de ne jamais couper des plantes non identifiées à l’automne, surtout si elles apparaissent en masse après des pluies importantes.

Que faire si l’on découvre un colchique dans son jardin ?

La première réaction face à un colchique doit être la prudence, pas la précipitation. Arracher ou tondre la plante sans précaution peut aggraver le risque.

Quelles sont les bonnes pratiques en cas de découverte ?

La première étape consiste à isoler la zone. Utilisez une ficelle ou des piquets pour délimiter l’espace autour de la plante, et tenez à distance les enfants et les animaux. Ne tondez pas autour, et évitez de passer la débroussailleuse ou tout autre outil mécanique à proximité.

Si vous décidez de retirer la plante, faites-le avec des gants épais et imperméables. Le bulbe, enfoui sous terre, contient la majorité de la toxine. Il faut donc le déraciner entièrement, sans en laisser de fragments. Les résidus – fleurs, feuilles, racines – doivent être placés dans un sac hermétique et jetés en déchetterie spécialisée. Jamais au compost, car la colchicine peut persister et contaminer d’autres plantes.

Les outils utilisés doivent être lavés immédiatement à l’eau chaude et au savon, et stockés séparément jusqu’à leur prochaine utilisation. En cas de doute sur l’efficacité du nettoyage, il est préférable de les désinfecter avec une solution javellisée.

Que faire en cas d’exposition ou d’ingestion ?

En cas de suspicion d’ingestion – par un enfant, un animal ou soi-même – il est impératif d’agir rapidement. Les symptômes peuvent être tardifs, mais l’évolution de l’intoxication est souvent fulgurante.

Quelle est la conduite à tenir en urgence ?

Appelez immédiatement un centre antipoison. En France, le numéro national est le 0800 59 59 59, accessible 24h/24 et gratuit. Expliquez clairement la situation : quelle plante, quelle quantité estimée, quelles personnes ou animaux exposés, et à quel moment.

Le Dr Renard insiste : “Même en l’absence de symptômes, il faut consulter. Une prise en charge dans les deux premières heures augmente considérablement les chances de survie. On peut administrer des traitements symptomatiques, des lavages gastriques, ou des soins intensifs selon le cas.”

Pour les animaux, contactez sans délai un vétérinaire. Camille Vasseur, vétérinaire à Dijon, raconte : “J’ai eu un chien qui avait mâchouillé des résidus de colchique après une tonte. Le propriétaire ne savait pas ce que c’était. Heureusement, il est arrivé à temps. Nous avons pu le stabiliser, mais il a passé trois jours en soins intensifs.”

Comment prévenir les risques à long terme ?

La prévention passe par la sensibilisation, mais aussi par une gestion intelligente de l’espace vert. Dans les jardins familiaux, il est recommandé d’inspecter régulièrement les zones non tondues, surtout en fin d’été et début d’automne. Prendre des photos des plantes inconnues et les soumettre à des applications d’identification ou à des experts du jardinage peut éviter des erreurs fatales.

Les municipalités ont aussi un rôle à jouer. Dans certaines communes, comme à Saint-Amand-Montrond, des campagnes d’information ont été lancées pour sensibiliser les habitants aux dangers des plantes sauvages toxiques. Des panneaux sont installés dans les parcs et prairies humides, et des fiches sont distribuées lors des événements locaux.

Conclusion : vivre avec le colchique, sans danger

Le colchique d’automne n’est pas une plante qu’il faut systématiquement éradiquer. Elle fait partie de la biodiversité locale et peut même avoir un intérêt esthétique pour les amateurs de botanique. Le danger ne vient pas de sa présence, mais de l’ignorance et de la négligence. En apprenant à l’identifier, en respectant des gestes simples de prévention, et en agissant vite en cas d’exposition, il est tout à fait possible de cohabiter avec cette plante fascinante sans mettre sa famille ou ses animaux en danger.

A retenir

Quelle est la substance toxique contenue dans le colchique ?

Le colchique contient de la colchicine, un alcaloïde qui perturbe la division cellulaire et peut provoquer des troubles digestifs, rénaux et cardio-respiratoires, jusqu’à la mort en cas d’intoxication sévère.

Quels sont les symptômes d’une intoxication au colchique ?

Les symptômes apparaissent entre 2 et 24 heures après exposition et incluent nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée, puis, dans les cas graves, insuffisance rénale, collapsus circulatoire et paralysie respiratoire.

Peut-on composter les résidus de colchique ?

Non. Les résidus de colchique ne doivent jamais être mis au compost. La colchicine peut persister dans le sol et contaminer d’autres plantes. Ils doivent être éliminés en déchetterie spécialisée.

Existe-t-il un antidote à l’intoxication par le colchique ?

Il n’existe pas d’antidote spécifique à ce jour. Le traitement est symptomatique et repose sur une prise en charge rapide en milieu hospitalier ou vétérinaire.

Quel numéro appeler en cas d’intoxication en France ?

Le numéro du centre antipoison en France est le 0800 59 59 59. Il est gratuit, disponible 24h/24, et permet d’obtenir des conseils immédiats en cas d’urgence toxique.