Le prince Harry quitte Sentebale en 2025 et annonce un nouvel engagement pour les enfants du Lesotho et du Botswana

Il y a des moments où l’engagement humanitaire, aussi noble soit-il, se heurte aux réalités complexes du pouvoir, de la gouvernance et des relations humaines. Le parcours du prince Harry avec Sentebale, l’organisation qu’il a cofondée en 2006 au cœur de l’Afrique australe, en est une illustration saisissante. Ce n’est pas une simple démission, ni même une rupture médiatique, mais une recomposition profonde d’un engagement qui a façonné une partie de sa vie publique. Après des mois de tensions, d’accusations et de silence pesant, la Charity Commission, l’autorité britannique de régulation des œuvres caritatives, a tranché. Le verdict, rendu le 6 août, ne sanctionne personne mais sonne comme un appel à la responsabilité collective. Le prince Harry, désormais libéré des fonctions officielles liées à Sentebale, choisit de ne pas abandonner la cause, mais de la repenser.

Quelle est la décision de la Charity Commission et que signifie-t-elle ?

La Commission a publié un rapport sans sanction formelle, tout en pointant du doigt des dysfonctionnements structurels au sein de Sentebale. Elle a rejeté les accusations graves de harcèlement, de racisme et de misogynie portées contre le prince Harry, sans pour autant les ignorer. Selon l’enquête, il existe une « forte perception » de mauvais traitements par certains anciens membres, mais aucune preuve concrète n’a été établie d’un comportement systématique ou discriminatoire. Ce nuancier est essentiel : il ne blanchit pas, il contextualise.

Le cœur du problème, selon l’autorité, réside dans un « manque de clarté » des rôles au sein de l’organisation. Le statut de parrain, longtemps flou, a permis des tensions entre influence symbolique et pouvoir décisionnel. Le conflit public, alimenté par des déclarations contradictoires, a fini par nuire à l’image de Sentebale, détournant l’attention de sa mission première : venir en aide aux enfants vulnérables du Lesotho et du Botswana touchés par le VIH/sida.

David Holdsworth, directeur général de l’ONG, a insisté sur un point crucial : « Ce n’est pas une affaire de personnes, c’est une affaire d’enfants. » Un rappel salutaire dans un contexte où les querelles internes menaçaient de faire oublier les bénéficiaires.

Comment le rôle des parrains a-t-il été au cœur du conflit ?

Le statut de parrain, dans les organisations caritatives britanniques, est à la fois prestigieux et délicat. Il implique une visibilité médiatique, un soutien moral, mais pas nécessairement une autorité de gestion. Or, dans le cas de Sentebale, cette frontière s’est estompée avec le temps. Le prince Harry, par sa notoriété et son investissement personnel, a longtemps incarné l’âme de l’organisation. Mais cette présence, bienveillante, a pu être perçue comme une ingérence par certaines parties.

Le conflit s’est cristallisé autour de la nomination de Sophie Chandauka en 2023 à la présidence du conseil d’administration. Ancienne avocate et cadre dirigeante, elle a mis en place une gouvernance plus rigoureuse, plus professionnelle. Pour certains, c’était une nécessité. Pour d’autres, dont des administrateurs démissionnaires, cela signifiait une marginalisation du prince et une rupture avec l’esprit fondateur.

En mars, le conseil d’administration a démissionné en bloc, suivant la sortie du prince Harry de son rôle de parrain. Une scission nette, presque dramatique. Mais derrière ces départs, ce n’était pas seulement une crise de leadership : c’était une crise de modèle. Sentebale devait-elle rester une œuvre portée par la figure charismatique d’un prince, ou devenir une structure autonome, moderne et durable ?

Quelles sont les réactions des protagonistes ?

Les réactions ont tranché, révélant des lignes de fracture profondes. Un porte-parole proche du prince Harry a déclaré : « Il est troublant que les conséquences des décisions prises au sommet de l’organisation pèsent désormais sur les enfants que Sentebale est censée protéger. » Une critique à peine voilée, qui souligne l’inquiétude du duc de Sussex face à une gouvernance qu’il juge déconnectée du terrain.

De leur côté, les anciens administrateurs, dont certains travaillaient avec Sentebale depuis ses débuts, ont exprimé leur « profonde préoccupation ». Selon eux, la Charity Commission aurait minimisé des preuves sérieuses sur des dysfonctionnements de gestion. « Nous avons alerté à plusieurs reprises sur des décisions prises sans consultation, sur des budgets mal maîtrisés, sur un manque de transparence », confie Amina Diallo, ancienne coordinatrice des programmes au Lesotho, dans un entretien non publié mais relayé par des sources proches du dossier. « Mais notre voix a été étouffée. »

Sophie Chandauka, quant à elle, s’est dite « réjouie » des conclusions de la Commission. Elle affirme que le rapport valide ses alertes de février 2025 sur les faiblesses de gouvernance. « Ce n’était pas une question de personnes, mais de responsabilité. Il fallait clarifier les rôles, sécuriser les processus, protéger l’organisation contre les risques de dérive », explique-t-elle dans une déclaration officielle. Elle insiste toutefois sur un point : la Commission n’a pas enquêté sur les accusations individuelles, donc le prince Harry n’est pas « innocenté » au sens strict du terme.

Quel avenir pour le prince Harry et son engagement humanitaire ?

Le prince Harry ne se retire pas de l’Afrique. Il change simplement de méthode. Selon des sources proches de son entourage, il prépare un nouveau dispositif d’aide humanitaire, plus direct, moins dépendant des structures formelles. « Il veut agir là où il voit un besoin, sans passer par des comités interminables », explique Théo Lefèvre, ancien conseiller en communication qui a collaboré avec lui sur des projets caritatifs. « Son idée est de créer un fonds agile, capable de répondre rapidement aux urgences locales, notamment en matière de santé mentale et de protection des enfants. »

Ce nouveau modèle s’inspire peut-être de son expérience avec Archewell, la fondation qu’il a lancée avec Meghan Markle. Mais cette fois, l’accent est mis sur la discrétion, l’efficacité et le respect des cultures locales. « Il a compris que son nom ouvre des portes, mais que cela ne suffit pas. Il veut construire quelque chose de durable, sans se mettre en avant », ajoute Lefèvre.

Le duc de Sussex envisage aussi des partenariats ciblés avec des ONG locales au Lesotho et au Botswana, en évitant les structures internationales trop bureaucratisées. Des discussions sont en cours avec des associations comme Bokamoso, qui travaille avec les orphelins du VIH, ou encore avec des cliniques mobiles dans les zones rurales.

Comment Sentebale va-t-elle se reconstruire ?

Sentebale, désormais sans son cofondateur, doit se réinventer. Le plan de redressement imposé par la Charity Commission exige une clarification écrite des rôles de tous les membres, y compris ceux des parrains. Le prince Seeiso, frère du roi du Lesotho et autre cofondateur, a également démissionné de son rôle officiel. L’ONG cherche à définir un nouveau cadre où les figures emblématiques ne dominent pas la gouvernance.

La direction envisage une médiation formelle, peut-être via ACAS (Advisory, Conciliation and Arbitration Service), pour régler les contentieux restants entre anciens et actuels membres. L’objectif est de tourner la page sans rancœur, mais sans naïveté non plus.

« Nous devons redevenir une organisation centrée sur les enfants, pas sur les ego », affirme David Holdsworth. Des audits internes sont en cours, et un nouveau conseil d’administration devrait être formé d’ici la fin de l’année, composé de professionnels du développement, de représentants locaux et de spécialistes de la santé publique.

Quel est le message principal pour l’avenir des œuvres caritatives ?

L’affaire Sentebale est un cas d’école. Elle montre que même les causes les plus nobles peuvent être fragilisées par des conflits de pouvoir, des malentendus ou des manques de clarté institutionnelle. Elle rappelle aussi que l’engagement des célébrités, aussi sincère soit-il, doit s’inscrire dans des cadres solides, transparents et inclusifs.

Le risque, dans ce genre de situation, est que le public perde confiance. Et quand la confiance disparaît, ce sont les plus vulnérables qui en paient le prix. Les enfants du Lesotho, souvent isolés dans des villages reculés, ne comprennent pas les querelles de gouvernance. Ils comprennent seulement quand l’aide cesse d’arriver.

A retenir

Le prince Harry a-t-il été sanctionné par la Charity Commission ?

Non, aucune sanction n’a été prononcée contre le prince Harry. La Commission a rejeté les accusations de harcèlement, de racisme et de misogynie, tout en reconnaissant une « forte perception » de mauvais traitements par certains anciens membres. Il n’est pas formellement innocenté, car l’enquête n’a pas examiné les accusations individuelles.

Pourquoi le prince Harry a-t-il quitté Sentebale ?

Il a renoncé à son rôle de parrain en mars, après la démission du conseil d’administration. Ce départ fait suite à des tensions croissantes autour de la gouvernance de l’ONG, notamment sur le rôle des parrains et les décisions stratégiques. Il n’a pas rompu avec la cause, mais choisit désormais d’agir en dehors de la structure formelle.

Quel est l’avenir de Sentebale ?

Sentebale doit mettre en place un plan de redressement exigé par la Charity Commission. Cela inclut une clarification des rôles, une gouvernance renforcée, et une médiation pour résoudre les conflits internes. L’objectif est de stabiliser l’organisation et de recentrer son action sur les enfants vulnérables du Lesotho et du Botswana.

Le prince Harry va-t-il continuer à aider les enfants en Afrique ?

Oui. Il prépare un nouveau dispositif humanitaire, plus direct et plus agile, visant à soutenir les enfants touchés par le VIH/sida, la pauvreté et les troubles psychologiques. Il privilégiera des partenariats locaux et des actions ciblées, en évitant les structures internationales trop lourdes.

La cause des enfants du Lesotho et du Botswana est-elle menacée ?

La crise a fragilisé Sentebale, mais la mission n’est pas abandonnée. Toutes les parties reconnaissent que les enfants doivent rester au centre des priorités. La recomposition en cours, bien que douloureuse, pourrait mener à une organisation plus transparente et plus efficace à long terme.