Lors d’un courriel spontané envoyé le 3 octobre dernier, Clara Arsène, élève en terminale S au lycée Montgolfier de Lyon, écrivait : « Je viens de réciter la séquence complète du cycle de Calvin sans hésitation en quatre minutes. » Le même jour, Esteban Martínez sa passait du neuf sur vingt au bac-blanc de biologie au dix-neuf sur vingt trois semaines plus tard. L’auteur de cette inattendue tornée de résultats ? Le professeur Martin Dubois, enseignant de Sciences de la vie et de la Terre, dont la nouvelle méthode a permis à ses élèves de mémoriser dix fois plus vite. Si elle fonctionne, comment expliquer qu’elle ne soit pas encore dans tous les cahiers de France entière ?
Quelle astuce le professeur Martin Dubois a-t-il trouvée ?
Au lieu des longues heures de surlignage, Martin Dubois a expérimenté, pendant deux ans, une méthode qui mélange trois ingrédients : l’association visuelle, la répétition espacée et la mise en espace. Il commence toujours par dessiner une « carte-puzzle » au tableau. Chaque élément du programme est représenté par une image frappante — le chloroplaste devient un hamburger succulent, l’ATP un billet de 50 euros, les ions potassium des popcorn qui « explosent ». Ensuite, il demande à ses élèves de reproduire ce tableau mentalement en se créant une histoire courte et absurde. Résultat : cerveau et cœur s’implique. « L’absurde s’imprime », dit-il simplement.
Après vingt-quatre heures, les élèves révisent en deux minutes la même scénario. Huit jours plus tard, un quiz express de dix questions resserre la mémoire. Ce rythme épousé est la fameuse répétition espacée, couplée à des quiz triviaux. « La mémoire est comme un biceps, juge Martin Dubois : si tu ne le sollicites pas juste au moment où il frôle l’oubli, son volume ne croît pas. »
Pourquoi les élèves sont-ils bluffés par la rapidité du résultat ?
Clara Arsène avoue : « J’ai passé dix ans à apprendre par cœur sans résultats. Pour comprendre le déroulement de la respiration cellulaire, j’ai utilisé la palette de couleur de Martin. La mitochondrie fut un train de métro, l’ATP des tickets de métros, et je visualisais chaque station comme une réaction chimique. J’ai fait ce voyage trois soirs de suite. Au final, j’ai eu 19/20, alors que je visais à peine 11. »
Esteban Martínez, en section européenne espagnol, reprend : « Juste avant les vacances de la Toussaint, j’étais cramé, le cerveau en bouillie. Martin nous a proposé l’exercice “créer son clip vidéo mental”. Je me suis imaginé une corrida : la génome était le taureau, la cellule l’arène, les enzymas les toreros. Vidéo de trois minutes dans ma tête, répétée chaque soir pendant dix minutes. Mon stress a fondu, ma note est passée de 9 à 18. »
Les chiffres du bureau de vie scolaire confirment. Sur deux cents copies de première, le taux de mentions « très bien » est passé de 8 % à 35 % en un semestre, toutes matières confondues, dans les classes où les collègues ont adapté la méthode.
Comment la méthode s’adapte-t-elle aux autres disciplines ?
Au départ, la technique restait confinée aux salles de biologie. Christine Levasseur, professeure de mathématiques, assiste par curiosité à une demande d’aide lancée par un élève : « Il dessinait un cactus pour x et un bloc de glaçons pour y. J’ai compris que les variables pouvaient devenir des personnages. » Rapidement, des cactus géants forment le graphe sur le tableau de Christine, les élèves inventent des dialogues entre paraboles et tangentes. « Les équations ne sont plus des formules figées, elles jouent la comédie », sourit-elle.
En littérature, Maëlle Hervé transforme les personnages du Malade imaginaire en animaux domestiques : Béline devient un chat hautain, Toinette un chien fidèle. Chaque élève dessine sa ferme théâtrale mentalement. Lors d’un devoir sur la comédie du même jour, 90 % des secondes couvrent l’ensemble des arguments demandés.
Même le professeur d’allemand, Lucas Bellamy, résiste peu. Il adapte la méthode aux genres : des tapis volants transportent les adverbes de temps, les noms féminins portent des robes, les masculins des pantalons. « Ça fait sourire, mais j’ai réduit de moitié le taux d’absents au contrôle surprise », note Lucas.
Couples ressentent-ils des limites ou des contre-indications ?
Numa Dali, Théo Giraud et Nolwenn Riou ont testé la technique pendant deux mois avant son pilote officiel. Ils remontent trois freins : l’effort imaginatif demandé aux élèves créatifs mais peu visuels, la nécessité d’un guide rigoureux au début, et le risque de s’égarer dans des récits trop longs. Martin Dubois prévient : « Si on laisse le film tourner plus de trois minutes, le cerveau balance sur YouTube et l’attention se dissout. » Il impose donc un minuteur de sept minutes grand maximum, y compris pour la mise en récit.
Pour les élèves en neurodivergence, il ajuste. Lola Baëz, autiste TDAH, reçoit des fiches papier format paysage où elle place elle-même ses illustrations — un karting pour l’accélération enzymatique, un élastique tendu pour la liaison ionique. « Elle a décroché 15/20 aux sciences physiques, sa première mention depuis six ans », raconte Stéphanie Roeder, professeure de sciences physiques.
Pourquoi le système éducatif traine-t-il à généraliser l’idée ?
L’inspectrice académique régionale, Clémence Aslan, apporte une explication simple : « Pour être rendue officielle, une méthode doit passer les quatre phases de validation pédagogique, soit trois ans minimum. » D’ici là, les rituels scolaires sont verrouillés. Le programme colle encore aux épreuves nationales, pas à l’imagination. Deux réunions de conseil pédagogique ont été expédiées en quinze minutes : beaucoup d’enseignants crainnent que l’on accuse « caricature » la rigueur de la disciplines.
Cependant, les syndicats étudiants, comme Amicie Jalade au sein du syndicat des Lycéens de France, lancent une pétition en ligne : « On demande des ateliers optionnels d’entraînement à la mémoire visuelle. Pas de changer les programmes, juste libérer l’heure de sortie. » 28 000 signatures en trois jours, portées par des reels TikTok au rythme des tours d’ATP.
Quels horizons restent à explorer pour la méthode ?
Le laboratoire ISC-MEM, santé et cognition de Lyon 1, déclare vouloir prolonger l’approche chez les adultes en formation continue. Mélodie Perraud, doctorante en neuroergonomie, suit une classe d’apprentis de vingt-trois ans pour les aider à certifier leur CAP boulanger. Elle transforme la fermentation en film d’animation Pixar : les levures chantent au karaoké, le CO₂ éclate en ballons. « Si le test sorti en juin est concluant, on proposera un outil numérique plug-and-play aux centre AFPA », annonce-t-elle.
Du côté de l’armée, le capitaine Ghali Belkacem s’essaie à la méthode sur les procédures anti-incendie : un dragon crache des flammes rouges lorsque la température atteint 100 °C, un hélicoptère pompier attire l’attention. Aucun soldat n’a raté le quart d’heure-feu annuel depuis.
Comment chacun peut-il tester cette méthode dès ce soir ?
Trois étapes simples suffisent pour commencer. Première, choisissoit une notion à apprendre — « la guerre de Cent ans » ou « l’inclinaison d’un plan ». Deuxième, écrire au dos d’un ticket de métro sept mots-clés en les reliant par une histoire courte, colorée, absurde. Troisième, rouvrir l’histoire en tête le lendemain à l’heure du déjeuner, puis de nouveau cinq jours plus tard lors d’un trajet RER.
Le 12 novembre, la chaîne Twitch StudyBuddy organise un marathon de douze heures où 4 000 lycéens et 300 profs se lanceront publiquement dans ce protocole, témoins placés sous caméra. Résultats mesurés en direct : temps de révision réduit, taux d’erreur à la baisse, stress respiratoire enregistré via montres connectées.
Conclusion
La méthode de Martin Dubois a surtout démontré que le cerveau apprend mieux quand il fait appel à son plus vieil ami : l’imaginaire. Certes, la roue des programmes officiels tourne lentement, mais l’alliance visuelle et répétition espacée avance silencieusement de classe en classe. Et si, demain, retenir vingt dates historiques, deux théorèmes et cinq conjugaisons en une seule soirée devenait non pas un exploit, mais le quotidien ?
A retenir
Quelle est la règle d’or pour débuter cette technique ?
Limite l’histoire mentale à trois minutes, utilise des images frappantes et reprend l’ensemble à J+1 puis J+5.
Puis-je l’utiliser si je suis nul en dessin ?
Oui, le croquis n’est pas obligatoire. Des sensations ou des mots-colorés suffisent.
La technique fonctionne-t-elle à tout âge ?
Des expériences en cours montrent qu’elle est adaptée dès le collège jusqu’à la formation professionnelle adulte.
Quel est le plus grand danger à éviter ?
Ne pas chronométrer : si la scène dure trop longtemps, la mémoire se dilue ou se confond.
Pourquoi ça ne rentre pas encore dans le manuel scolaire national ?
Les manuels ne sont mis à jour que tous les cinq ans ; des projets pilotes devront d’abord produire des preuves scientifiques sur deux ou trois cycles scolaires.