Il fut un temps où entrer dans une salle de bain blanche évoquait l’ordre, la propreté, l’hygiène parfaite. C’était la norme, presque un dogme. Aujourd’hui, ce même blanc, autrefois synonyme de modernité, semble se faner lentement, remplacé par des teintes plus profondes, plus sensibles, plus humaines. En 2026, la salle de bain ne se contente plus d’être fonctionnelle : elle devient un espace d’expression, un refuge intime où la couleur parle au corps et à l’esprit. Terre cuite, vert sauge, bleu profond – ces nouvelles palettes ne sont pas de simples choix esthétiques, mais des réponses à un besoin profond de chaleur, de personnalité et de bien-être. À travers des témoignages, des observations et des conseils concrets, plongeons dans cette révolution douce qui transforme l’une des pièces les plus intimes de nos intérieurs.
Pourquoi le blanc perd-il sa place ?
Blanc : symbole de pureté ou prison de l’uniformité ?
Le blanc a longtemps été rassurant. Il évoquait la propreté, la lumière, la neutralité. Pendant des décennies, les architectes d’intérieur et les fabricants de carrelage ont imposé cette teinte comme une norme incontournable. Mais cette norme, aujourd’hui, s’effrite. Comme le remarque Élise Berthier, architecte d’intérieur à Nantes, le blanc, c’est un peu comme une page vierge qui ne dit rien. Il est pratique, certes, mais il ne raconte pas d’histoire. Et les gens, aujourd’hui, veulent raconter la leur . Cette uniformité, autrefois synonyme de modernité, devient synonyme de froideur, voire d’impersonnalité. Dans les appartements parisiens ou les maisons de province, on entend de plus en plus souvent ce constat : Cette pièce me ressemble-t-elle vraiment ?
Le blanc, en outre, révèle ses limites au quotidien. Traces de calcaire, gouttes d’eau, poussière – tout se voit. J’ai passé des années à nettoyer mes carreaux blancs chaque semaine, raconte Julien Morel, enseignant à Lyon. Un simple savon mal rincé laissait une traînée. J’en avais marre de vivre dans une pièce qui semblait me juger en permanence. Cette exigence de propreté constante, associée à une ambiance parfois clinique, pousse de nombreux foyers à chercher autre chose. Le blanc, jadis symbole d’hygiène, devient progressivement un symbole de contrainte.
Et si la couleur devenait un acte de bien-être ?
La salle de bain n’est plus seulement un lieu de passage. Elle est devenue, surtout depuis les périodes de confinement, un espace de ressourcement, de pause, de soin. Quand je prends mon bain le soir, je ne veux pas me sentir dans un hôpital , confie Camille Levasseur, graphiste à Bordeaux. C’est cette quête d’émotion qui explique l’essor des teintes plus expressives. La couleur, ici, n’est pas un caprice décoratif : c’est une réponse sensorielle. Elle enveloppe, réchauffe, apaise.
Les influences du bien-être, du spa, de la nature, ont profondément marqué les attentes des particuliers. On ne veut plus d’une pièce aseptisée, mais d’un cocon où l’on se sent en sécurité. J’ai repeint ma salle de bain en vert sauge l’année dernière, raconte Thomas Nguyen, restaurateur à Marseille. Depuis, mes matins sont différents. C’est comme si l’ambiance m’aidait à respirer plus lentement. Ce témoignage illustre bien ce changement : la couleur devient un outil de régulation émotionnelle, intégré au rituel du quotidien.
Et si l’inspiration venait d’ailleurs ?
Les voyages, même virtuels, ont joué un rôle clé dans cette mutation. Les riads marocains aux murs colorés, les bains turcs aux carreaux en zellige, les maisons de campagne italiennes aux tomettes chaudes – ces univers sensoriels ont laissé des traces dans l’imaginaire collectif. À Paris, des hôtels boutique comme Le Pavillon ou La Réserve ont fait le choix de salles de bain colorées, devenant des sources d’inspiration pour leurs clients. J’ai passé une nuit à Lyon dans un hôtel dont la salle de bain était entièrement en bleu profond, témoigne Léa Dubreuil, photographe. J’étais émerveillée. On se serait cru sous l’eau. J’ai su que je voulais ça chez moi.
Les enseignes déco ont suivi. IKEA, Maisons du Monde ou Zara Home ont annoncé pour l’automne 2025 des collections centrées sur des palettes chaudes et enveloppantes. Des peintures mates, des carreaux texturés, des accessoires en céramique artisanale – tout converge vers une esthétique plus humaine, plus incarnée. Ce n’est plus une mode éphémère : c’est une tendance durable, ancrée dans un désir de sens et de matérialité.
Quelles sont les nouvelles couleurs phares de 2026 ?
Terre cuite : la chaleur du Sud dans sa salle de bain
La couleur terre cuite s’impose comme l’une des grandes tendances de l’année. Elle évoque le soleil du Midi, les poteries du marché de L’Isle-sur-la-Sorgue, les maisons de vacances où l’on traîne en robe de chambre avec un café fumant. J’ai choisi la terre cuite pour ma niche de douche, explique Manon Lefebvre, décoratrice à Toulouse. C’est une teinte qui respire. Elle ne crie pas, mais elle est présente.
Cette couleur fonctionne particulièrement bien avec les matériaux naturels : bois brut, grès, rotin, laine. Elle crée une ambiance à la fois intemporelle et chaleureuse, idéale pour l’hiver. En total look ou en touche discrète, elle donne à la pièce une personnalité forte sans jamais tomber dans l’exubérance. Les fabricants proposent désormais des carreaux en terre cuite mate, faciles à entretenir et résistants à l’humidité, ce qui facilite l’adoption de cette teinte dans les espaces humides.
Vert sauge : l’apaisement au cœur du quotidien
Le vert sauge, entre vert gris et vert olive, est la couleur idéale pour ceux qui cherchent la douceur. Moins froid que le blanc, moins intense que le vert forêt, il crée une atmosphère sereine, proche de celle des spas scandinaves. J’ai opté pour du vert sauge sur les murs et du bois clair pour le meuble sous vasque, raconte Clémentine Royer, kinésithérapeute à Grenoble. C’est comme avoir un petit coin de forêt chez moi.
Cette teinte s’harmonise parfaitement avec des accessoires dorés, cuivrés ou noirs. Un porte-savon en laiton, une suspension en céramique noire, une serviette en lin gris – chaque détail renforce l’effet cocooning. Le vert sauge est aussi une couleur facile à vivre : elle ne surcharge pas l’espace, même dans les petites salles de bain. Et pour ceux qui hésitent, il suffit d’un pan de mur ou de quelques accessoires pour tester l’effet.
Bleu profond : le cocon sophistiqué
Le bleu profond, entre bleu nuit et bleu paon, est la couleur de ceux qui osent. Il transforme la salle de bain en un espace intime, presque théâtral. J’ai peint mes murs en bleu profond et installé une robinetterie noire mate, témoigne Raphaël Costa, designer à Strasbourg. Le contraste est saisissant. On se sent comme dans une bulle.
Cette teinte fonctionne particulièrement bien avec la lumière. Un miroir lumineux, des spots bien placés, et le bleu prend vie, réfléchissant des reflets subtils. Dans les petites pièces, elle peut même donner une impression d’espace, surtout si elle est associée à des surfaces réfléchissantes. En campagne, elle évoque la nuit étoilée ; en ville, elle rappelle l’océan. Polyvalente, élégante, elle s’adapte à tous les styles.
Comment passer à l’acte sans se tromper ?
Comment associer couleurs et matériaux ?
Le succès d’une salle de bain colorée tient souvent à l’équilibre des matières. Il ne faut pas que la couleur soit seule , prévient Élise Berthier. Le bois, le rotin, le lin, la céramique – ces matériaux apportent de la texture, de la chaleur. Un tapis en laine bouclée sur un sol en carreaux de ciment, une étagère en chêne clair contre un mur en terre cuite, un miroir encadré de rotin devant un fond vert sauge : ces associations simples créent des ambiances riches et harmonieuses.
Les peintures mates sont particulièrement conseillées : elles absorbent la lumière, créent une sensation d’enveloppement, et masquent mieux les petites imperfections. Les carreaux texturés, en zellige ou en ciment, ajoutent du relief sans alourdir l’espace. Et pour les locataires ou les budgets serrés, les fabricants proposent désormais des stickers muraux, des panneaux amovibles ou des peintures lavables, faciles à poser et à retirer.
La couleur en petite surface : astuces et idées
Les petites salles de bain ne sont pas exclues de la tendance. Au contraire, elles en sont parfois les plus belles illustrations. J’ai une salle de bain de 4 m², raconte Julien Morel. J’ai peint le mur du fond en bleu profond et laissé les autres en blanc cassé. Le contraste agrandit l’espace.
Les textiles jouent un rôle clé : un tapis coloré, des serviettes coordonnées, un rideau de douche imprimé – ils apportent de la couleur sans engagement durable. Les miroirs, bien placés, renvoient la lumière et dynamisent les teintes foncées. Et pour un effet immédiat, repeindre simplement le meuble sous vasque en terre cuite ou en vert sauge suffit à transformer l’ambiance.
Et si la couleur changeait notre quotidien ?
Adopter une couleur en salle de bain, c’est plus qu’un changement esthétique : c’est une transformation du geste. Depuis que j’ai repeint ma salle de bain, je prends plus de temps le matin, confie Camille Levasseur. Je m’arrête, je respire, je me regarde dans la glace autrement.
La couleur influence l’humeur, rythme les rituels, invite à la lenteur. Elle peut même inciter à adopter de nouvelles habitudes : un savon parfumé, une huile pour le corps, une bougie artisanale. Ce n’est plus seulement une pièce fonctionnelle : c’est un lieu de soin, de présence à soi.
Conclusion
La salle de bain blanche n’a pas disparu, mais elle n’est plus seule. En 2026, elle cède du terrain à des espaces plus chaleureux, plus personnels, plus vivants. Terre cuite, vert sauge, bleu profond – ces couleurs ne sont pas des modes passagères, mais des réponses à un besoin profond de bien-être, d’authenticité et de sens. Que l’on vive en ville ou à la campagne, que l’on ait une grande salle de bain ou un simple coin douche, il est possible d’oser, d’expérimenter, de se réinventer. Parce que notre intérieur, finalement, devrait ressembler à ce que nous sommes – ou à ce que nous rêvons d’être.
A retenir
Pourquoi les salles de bain deviennent-elles colorées ?
Les gens cherchent davantage de personnalité, de chaleur et de bien-être dans leurs intérieurs. Le blanc, trop froid et impersonnel, ne répond plus à ces attentes. La couleur devient un outil d’émotion et de transformation du quotidien.
Quelles sont les couleurs phares de 2026 ?
La terre cuite, le vert sauge et le bleu profond dominent les nouvelles tendances. Chaque teinte offre une ambiance spécifique : chaleur du Sud, apaisement naturel ou sophistication marine.
Peut-on oser la couleur dans une petite salle de bain ?
Oui, tout à fait. En utilisant des contrastes, des jeux de lumière et des touches de couleur ciblées, il est possible de créer une ambiance chaleureuse sans alourdir l’espace.
Faut-il tout refaire pour adopter la tendance ?
Non. Il suffit parfois d’un mur, d’un meuble repeint, de textiles ou d’accessoires pour transformer l’ambiance. De nombreuses solutions temporaires ou modulaires existent pour les locataires ou les budgets limités.
La couleur influence-t-elle notre bien-être ?
Oui. Les teintes chaudes et enveloppantes favorisent la détente, ralentissent le rythme et transforment les rituels du matin et du soir en moments de soin et de présence à soi.