La sieste, souvent perçue comme un simple moment de détente, pourrait en réalité cacher des enjeux de santé majeurs chez les seniors. Une étude récente présentée lors du congrès SLEEP 2025 révèle des associations troublantes entre certaines habitudes de sommeil diurne et un risque accru de mortalité. Si les conclusions restent prudentes, elles ouvrent une réflexion sur nos comportements et leurs implications.
Pourquoi certaines siestes sont-elles liées à un risque accru de mortalité ?
Une vaste étude observationnelle portant sur 86 565 personnes, âgées en moyenne de 63 ans, a analysé leurs habitudes de sieste grâce à un actigraphe – un dispositif semblable à une montre. Les données, recueillies sur une semaine puis suivies pendant onze ans, suggèrent que certaines formes de repos diurne pourraient être des signaux d’alerte. Chenlu Gao, chercheuse en rythmes circadiens à Harvard, précise toutefois : « Ces résultats montrent des corrélations, pas des causalités. » Autrement dit, la sieste n’est peut-être pas directement en cause, mais elle reflète des problèmes sous-jacents.
Les profils à risque identifiés
Trois types de siestes ressortent particulièrement :
- Les siestes longues (plus de 24 minutes par jour),
- Les siestes irrégulières, sans horaire fixe,
- Les siestes en milieu de journée (entre 11 h et 15 h).
Lucas Voisin, un retraité de 68 ans, témoigne : « Je faisais des micro-siestes aléatoirement dans la journée sans m’en inquiéter. Mon médecin a finalement diagnostiqué une apnée du sommeil. »
Quels troubles santé peuvent se cacher derrière une sieste excessive ?
Un sommeil diurne trop fréquent ou désorganisé peut révéler des pathologies comme :
- L’insuffisance cardiaque,
- La BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive),
- L’apnée du sommeil,
- Le syndrome des jambes sans repos.
Sophie Lambert, pneumologue, explique : « Beaucoup de patients sous-estiment leur fatigue chronique. Pourtant, une sieste prolongée l’après-midi est souvent le premier indicateur d’un mauvais sommeil nocturne. »
Le cas emblématique de l’apnée du sommeil
Marceline Ducharme, 71 ans, partage son expérience : « Je m’endormais partout, même en lisant. Mon entourage a insisté pour que je consulte. Résultat : j’avais plus de 30 pauses respiratoires par nuit ! » Un phénomène courant, mais dangereux s’il n’est pas traité.
Comment adapter ses habitudes pour un sommeil plus sain ?
Si l’étude ne prouve pas qu’il faut bannir la sieste, elle invite à la modération et à la régularité. Voici quelques pistes :
- Privilégier des siestes courtes (15-20 min maximum),
- Éviter les endormissements après 15 h,
- Consulter en cas de fatigue persistante.
Théo Garnier, spécialiste du sommeil, souligne : « Une sieste ne doit pas compenser un mauvais repos nocturne. Si vous en dépendez quotidiennement, il faut investiguer. »
A retenir
La sieste est-elle dangereuse ?
Non, mais certaines formes (longues, irrégulières ou tardives) peuvent être le signe de troubles sous-jacents nécessitant une attention médicale.
Quand faut-il s’inquiéter ?
Si vos siestes deviennent systématiques, excessives ou s’accompagnent d’une fatigue permanente, consultez un professionnel.
Comment optimiser son sommeil nocturne ?
Maintenez des horaires réguliers, limitez les écrans avant le coucher et évitez les excitants après 16 h.